C’est au XVIIIème siècle, à l’époque des Lumières, que l’on fait communément remonter l’origine de l’idée d’une « éducation populaire ». Dans un contexte de lutte contre l’obscurantisme et l’emprise de l’Église catholique en France, se diffuse l’idée de la nécessité d’une éducation de toutes et tous, et, en l’occurrence, du peuple, par le peuple, pour le peuple. Ce sont les prémices de l’idée d’éducation d’action directe.
L’ordonnance du 2 octobre 1943 crée l’agrément « Jeunesse et éducation populaire ». Les associations qui l’obtiennent se placent de fait sous la tutelle de l’État, et peuvent obtenir des subventions. C’est le début d’une institutionnalisation qui sera reconduite après la Libération.
Sous Vichy, des associations d’éducation populaire ont d’ailleurs été fondées dans la clandestinité – les Francas et Peuple et Culture (dont le manifeste se propose de « rendre la culture au peuple et le peuple à la culture »), dès 1943 – et, à la Libération, ces jeunes résistants vont plaider pour le développement d’une éducation politique de masse conçue comme une pédagogie de la démocratie, de manière à prévenir les tentations totalitaires.
Aujourd’hui, l’éducation populaire existe partout où on mène une action en faveur de la conscientisation, de l’émancipation, du développement de la puissance d’agir et de la transformation sociale.
Bio Consom’acteurs a participé dernières rencontres nationales de l’éducation populaire à Poitiers du 17 au 19 mars 2022.
C’étaient les premières rencontres de ce type depuis 1998, et elles étaient organisées par la Mairie de Poitiers et le CNAJEP( comité pour les relations nationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire). Ces rencontres étaient l’occasion de partager un état des lieux national et des perspectives pour le secteur de l’éducation populaire. En s’appuyant sur des intervenants de tous horizons, ces rencontres offraient un cadre d’échange et de formations pour les acteurs, responsables associatifs et politiques du secteur. Elles étaient également porteuses d’un plaidoyer commun pour faire connaître et reconnaître l’éducation populaire, notamment auprès des candidats à la présidentielle. Retrouvez plus d’informations, le programme et les photos de l’évènement ici.
Pourquoi partageons-nous les valeurs de l’éducation populaire ?
Bio consom’acteurs a entamé une démarche de reconnaissance en tant qu’acteur de l’éducation populaire (agrément JEP), persuadée que les valeurs de l’association et les méthodes employées pour intervenir auprès des plus jeunes participent du mouvement.
L’éducation populaire peut se résumer ainsi : « informer pour comprendre et comprendre pour agir » autour de différents axes :
- Finalité de transformation sociale
- Pédagogie active
- Innovation
- Structures à but non lucratif
- Proximité territoriale
- Visée émancipatrice
A ce titre, nous considérons qu’informer, faire comprendre et permettre d’agir sur les questions climatiques et sociales à l’aide de nos outils pédagogiques (Ludobio, Panique à la TransiSchool, séquence pédagogique du « champ à l’assiette », Livret « La bio en questions » …) concourent à une finalité émancipatrice de transformation sociale et ont toute leur place dans ce mouvement.
Appels à projet vs subventions : une clé pour le développement de l’éducation populaire
Comme de nombreuses associations, les acteurs de l’éducation populaire connaissent un désengagement constant de l’Etat depuis des décennies.
Les acteurs présents dénoncent la marchandisation du monde associatif, liée à un souci de rentabilité économique et de performance issu du monde de l’ « appel à projet » au détriment des « subventions ».
L’Europe est dominée par le « New Public management » qui prône l’intégration du management dans le monde associatif. Cette pratique amène les associations à devenir non plus partenaires des collectivités, mais prestataires ou fournisseurs. L’appel à projets, alors que la subvention est légale, amène à une dispersion et à une accumulation d’actions perdant de vue l’objet même des associations, tout en les mettant en concurrence entre elles.
L’éducation populaire est dépouillée de son vocable par l’Etat, qui se désengage en versant moins de subventions pérennes. La subvention de fonctionnement est pourtant légale depuis 2014, mais les collectivités la pratiquent peu ou pas. La visée émancipatrice et de transformation sociale de l’éducation populaire a pourtant besoin de liberté et de soutien à des projets de long terme, qui nécessitent des subventions pluriannuelles dans un partenariat sur la durée avec les collectivités.
Pour aller plus loin :
L’éducation populaire en questions