Rdv au ministère : notre appel reste sans réponse concrète

Rdv au ministère : notre appel reste sans réponse concrète

Hier, le 5 mai 2025, une audience au Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire nous avait été accordée. Avec plusieurs structures nationales, nous sommes allé.es défendre les propositions communes de l’Appel de Lorient, aujourd’hui signées pas plus de 2700 personnes, 235 structures dont 81 structures nationales et 44 élu.es. Nous n’étions pas reçu.es par la ministre Annie Genevard, sûrement trop occupée pour daigner s’intéresser à l’agriculture biologique, mais par Clémence Bourély, sa conseillère alimentation.

S’en est suivi un tête-à-tête déséquilibré, au cours duquel nous apportions des solutions concrètes aux crises sociales, écologiques et agricoles, sans soutien de la part de la conseillère. Nos nombreuses questions, sur la loi Duplomb, sur la place accordée au commerce équitable, sur le soutien (ou son absence) aux filières bio, concernant les pesticides ou encore sur l’éducation à l’alimentation demeurent sans réponse, et nos propositions sans réaction. Clémence Bourély a en revanche fait preuve d’une parfaite maîtrise du jargon politique, ce qui renforce nos inquiétudes communes. Un pur exercice de langue de bois missionné par le ministère. L’Appel de Lorient, quant à lui, répond concrètement à ces inquiétudes.

Une déconcertante concertation

Nous avions pourtant tout prévu pour faire de ce temps, gracieusement accordé, un moment d’échange, et peut-être, pourquoi pas, un moment de stimulation politique et intellectuel. Nous suivions un script, restions dans un cadre préalablement établi entre nous, et avions mis en place une répartition de la parole. Nous avons partagé nos inquiétudes quant aux orientations politiques prises, ainsi qu’exposé différents points fondateurs de l’appel de Lorient, tout en rappelant les conséquences issues des choix gouvernementaux et ministériels. Ces dernières, d’ordres économique, environnemental, social et éducatif, se révèlent au mieux ineptes et au pire désastreuses. Nous voulions en profiter pour souligner l’hérésie et la dangerosité de la loi Duplomb, dont l’ombre menaçante plane au-dessus de nos têtes, et que nous suivons de près (pas encore à l’agenda de l’assemblée). Cette dernière va à contre-sens des propositions concrètes soutenues par des centaines d’associations, d’entreprises, d’élue.es et de citoyen.es… Mais c’est ainsi que nous a répondu Clémence Bourély, dans la « grande salle » dominée par un luxueux lustre doré : « Je ne suis personne pour vous répondre ».

Nous devions passer par cette tentative de concertation, c’est le début des chemins politiques empruntés par Bio Consom’acteurs, et nous pouvons assurer, aujourd’hui et de nouveau, que la seule manière d’inverser un rapport de force tant ancré c’est une large mobilisation de la société civile.

Mépris et langue de bois

Pendant une heure et 23 minutes, nous avons partagé notre parole associative pour rentrer dans le détail des points soulevés. Nous avons eu en retour une écoute active, certes, suivie de mots bien tournés, mais trahissant la traditionnelle langue de bois politique. Et surtout aucune réponse, aucun chiffre, aucune perspective ni feuille de route. Et alors que Marine Jobert alerte sur les cantines scolaires ou que Julien Kien, président de Bio Consom’acteurs, entreprend de rectifier les tirs malhonnêtes de la conseillère («On est au ras des pâquerettes pour parler d’éducation saine et durable dans l’éducation nationale. Les programmes ont été modifié à la marge et il ne faut pas confondre des ressources en ligne sur le goût et sur l’équilibre alimentaire avec une sensibilisation réelle aux enjeux alimentaires et agricoles et une formation des enseignant.es »), Clémence Bourély rétorque: «[qu’]on mange bio au ministère », qu’Annie Genevard « défend à fond l’agriculture durable » et que ne pas remarquer que la ministre défend l’agriculture « durable » serait un manque d’attention de notre part car, c’est bien connu, nous ne « regardons que les parties coupées ».

Mais enfin, si le Ministère mange Bio c’est tout de même l’essentiel, et continuons de décharger la responsabilité sur le « libre arbitre » (grandement supposé) des collectivités : « On ne peut pas forcer les collectivités » nous dit Clémence Bourély – et c’est dommage car c’est pourtant le propre des lois que de… légiférer.

Et maintenant, on fait quoi ?

On continue. A l’approche de la Loi Duplomb, dans la continuité de l’Appel de Lorient, et de ceux de La Rochelle et de Poitiers qui lui ont précédé, en vue des municipales à venir, et des présidentielles qui suivront, forts et fortes des dynamiques collectives et d’un commun porteur, on continue.

Compte tenu de l’absence pour le moins totale de réponses, de gages, de réactions honnêtes, et étant donné que seule peut nous répondre Annie Genevard, nous demandons une réponse écrite de sa part. Nous l’invitons à prendre connaissance de l’appel de Lorient. Nous restons ouvert.es à la discussion, mais nous nous fermons au monologue tel que nous l’avons mené hier.

Enfin, et surtout, nous appelons à une large mobilisation (sociale et juridique) contre les reculs actuels et à venir du gouvernement. Nous estimons que la loi Duplomb dans sa version non amendée constitue une menace supplémentaire pour la population et nous lançons à ces sujets une énième alerte.

Retrouvons-nous dès le 17 mai pour la journée contre l’Agrochimie, et ne laissons pas les ingérences d’un état élitiste nous rendre trop impuissant.es. Nous avons des cartes à jouer, elles sont nombreuses, et nous sommes encore davantage.

Alors, on se mobilise ensemble ?

Partager

À votre tour, contribuez à écrire notre histoire collective !

Envoyez-nous vos textes, vos articles, partagez vos points de vue sur les sujets qui vous animent !

Articles liés