En 2019, le Sénat a décidé de reculer d’1 an (de 2020 à 2021) l’interdiction de certains objets en plastique à usage unique, dont les pailles (mais aussi les couverts et les bâtonnets mélangeurs).
Repousser la menace
L’interdiction des plastiques est une bonne chose, mais il faut le faire progressivement. C’est ce que déclarait la sénatrice LR, Elisabeth Lamure, pour justifier cet amendement. Ce report est justifié par la « non prise en compte de l’impact pour un certain nombre d’entreprises et d’emplois en France » dans la plasturgie ni « l’articulation avec les texte européens » pour 2021. Si certains objets en plastique sont désormais interdits depuis le 1er janvier 2020 (gobelets, verres et assiettes jetables en plastique, sauf certains ustensiles compostables et composés de matières biosourcées), d’autres sont désormais autorisés pour une durée supplémentaire d’un an : les pailles, les couverts, les bâtonnets mélangeurs (ou « touillettes » à café), les emballages et bouteilles en polystyrène expansé ainsi que les tiges de ballons.
Cet amendement est passé, malgré une lettre ouverte de 6 ONG (Zero Waste France, Surfrider Foundation Europe, Cantine sans Plastique France, Bas les pailles, No Plastic in my sea et la FCPE) dénonçant une proposition « incompréhensible face à l’urgence de la crise de la pollution plastique ».
Depuis le début du siècle, la consommation mondiale de plastique a doublé et pourrait quadrupler d’ici 2050. Chaque année, 8 millions de tonnes de plastique finissent dans nos océans (WWF France). Les images de pailles qui empêchent les tortues de respirer ou qui envahissent l’organisme de nombreux animaux nous sont devenues familières. Le plastique se retrouve aussi sous la forme de micro-plastiques qui contaminent l’eau, l’air et reviennent dans la chaine alimentaire. Une étude de l’Université de Newcastle a démontré que l’homme ingère environ 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit.
En plein dérèglement climatique, crise de recyclage et de gestion des déchets, ce report de l’interdiction est incompréhensible, d’autant plus qu’elle va à l’encontre de la promesse du « zéro plastique rejeté en mer en 2025 » qui était prévue dans le Plan biodiversité en juillet 2018.
Des alternatives possibles
Chaque année, 1 milliard de pailles sont utilisées dans le monde, dont 8,8 millions en France. Elles contiennent des substances toxiques pour l’humain et la nature, mettent entre 100 et 1000 à disparaître et figurent parmi les déchets les plus récoltés sur les plages en dehors des 500 millions dans les océans. Leur recyclage est compliqué et la production augmente de 8% par an malgré les conséquences dévastatrices de leur usage. Des cafetiers et restaurateurs ont déjà anticipé la loi en arrêtant de proposer systématiquement une paille dans nos boissons, et le changement est donc possible sans attendre une loi !
Comment garder le plaisir d’utiliser une paille tout en préservant la planète ? Tout simplement grâce aux nombreuses alternatives aux pailles jetables (les pailles.com, courte vidéo par le Huffpost) :
– la paille en inox (aspect métallisé)
– la paille en bambou (aspect artisanal et bois très résistant pour les boissons chaudes et froides)
– la paille en verre (aspect transparent qui permet de la customiser, à choisir de préférence en verre borosilicate, aussi appelé verre pyrex, pour sa solidité)
– la paille en silicone (dérivé du plastique mais plus écolo et également pliable)
– la paille biodégradable : en pâte (elle se ramollie après 15-20 minutes) ou paille (à base de blé naturel)
– la paille comestible : à base de canne à sucre (fibres de canne à sucre et polymère naturelle comme la betterave et amidon de maïs), sucre ou pomme (sans sucre ajouté et se conserve jusqu’à 2 ans)
En 2020, soyez vigilant ! Et lorsque vous passez commande, précisez « sans paille », les restaurateurs sont prêts pour ce changement, montrons que nous aussi !