Le Parlement européen est sur le point de prendre une décision quant au nouveau réglement sur la commercialisation des semences, adopté par la Commission européenne en mai 2013. Or, selon l’association Kokopelli, ce réglement rend difficile, voire impossible, la mise sur la marché des semences de variété anciennes ou nouvelles, obtenues par pollinisation ouverte (c’est-à-dire issues de la fécondation d’une fleur par un pollen provenant d’autres plantes) et appartenant au domaine public (non protégées par des droits de propriété intellectuelle). La pollinisation ouverte est justement une des clefs de la biodiversité des semences. Kokopelli vous invite donc à envoyer un texte aux députés européens membres de la commission agriculture, afin que le futur réglement exclue de son champ d’application les variétés à pollinisation ouverte du domaine public.
-> Les adresses mail des députés européens membres de la commission agriculture sont ici
-> La proposition de lettre à leur envoyer:
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Objet : URGENT – Réforme de la législation sur le commerce des semences
Madame, Monsieur le député,
La proposition nouvelle de Règlement européen sur le commerce des semences est actuellement en discussion à la Commission Agriculture du Parlement Européen, dont vous êtes l’un des membres.
Cette réforme se présente sous un jour très défavorable pour la biodiversité agricole et en particulier pour la mise sur le marché, dans des conditions trop restrictives voire impossibles à remplir, des semences de variétés anciennes ou nouvelles, obtenues par pollinisation ouverte et appartenant au domaine public (non protégées par des droits de propriété intellectuelle – DPI).
En définitive, la législation européenne sur le commerce des semences, en faisant correspondre exactement les critères d’octroi des DPI sur les variétés végétales avec les critères d’autorisation des semences sur le marché, a fait du Catalogue Officiel le pré carré exclusif des variétés appropriées, qui occupent aujourd’hui une place largement dominante sur le marché des semences. Aucune règle spécifique n’a jamais été prévue pour les variétés appartenant au domaine public, notre patrimoine commun, lequel ne correspond pas aux critères de l’autorisation de mise sur le marché/DPI. Cela a conduit à rendre nos variétés anciennes du domaine public illégales et à appauvrir considérablement notre biodiversité cultivée, ainsi que l’a relevé la FAO à d’innombrables reprises (80% de la biodiversité agricole a disparu depuis 1950).
Cela est inacceptable : nous refusons que nos biens communs soient rendus illégaux. Aucune justification de type sanitaire ou environnemental n’a jamais été donnée pour cela. Cette situation découle uniquement d’une politique autoritaire et excessivement interventionniste, qui visait dans les années 60 à industrialiser notre agriculture pour la rendre plus productive. Cet objectif doit être adapté aux impératifs actuels : durabilité des pratiques agricoles et préservation de la biodiversité.
La législation actuelle sur le commerce des semences, de même que la proposition nouvelle de la Commission Européenne (DG SANCO), qui concernent les variétés appropriées à l’usage de l’agriculture industrielle, sont totalement inadaptées à ces objectifs nouveaux. La proposition nouvelle de Règlement, en particulier, si elle feint de les considérer, réduit en réalité leur portée à néant.
C’est pourquoi nous vous demandons, en tant que membre de la Commission Agriculture, de plaider pour que toutes les variétés à pollinisation ouverte du domaine public soient exclues du champ d’application de cette législation. Il s’agit de la solution juridique la plus simple, car d’innombrables amendements seraient nécessaires pour rendre la proposition de Règlement compatible avec les objectifs susvisés.
Pour la régulation de certains paramètres essentiels sur les semences, tels que le taux de germination ou la qualité sanitaire (qui sont des critères absolument marginaux dans la législation actuelle), les garanties applicables aux « semences standard » (telles que définies dans la législation actuelle) sont tout à fait suffisantes. Elles pourraient être reprises dans un autre acte réglementaire simple, que le Parlement pourrait inviter la Commission à rédiger prochainement.
Confiant dans votre volonté de faire primer l’intérêt commun sur les intérêts commerciaux de quelques entreprises multinationales et d’exercer votre mandat de manière intègre et responsable,
Je vous remercie, par avance, pour votre engagement dans ce débat très important, et vous prie de croire, Madame, Monsieur le député, à l’expression de mes sentiments respectueux.
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