La construction de la ferme des mille vaches reprend

La ferme géante prévue pour accueillir 1000 vaches, 750 veaux et un méthaniseur sur deux hectares et demi en Picardie va finalement être bien construite, suite au jugement du tribunal administratif d’Amiens rendu le 12 mars dernier. Mais la bataille juridique (et celle sur le terrain) devrait se poursuivre.

La bataille pour annuler le projet fou d’une ferme-usine de mille vaches à Drucat et Buigny  n’est finalement pas terminée. Le tribunal administratif d’Amiens a refusé le 12 mars 2014 l’arrêt des travaux de construction, qui avait été pourtant décidé par l’Etat et confirmé par le préfet de la Somme et le ministre de l’aménagement du territoire en janvier dernier. La raison : le permis de construire serait légal et « aucun des moyens soulevés par les requérants n’est de nature à susciter un doute sérieux », d’après l’association Novissen (nos villages se soucient de leur environnement), première à s’être mobilisée contre ce projet dès 2011. Cette association, avec la Confédération paysanne, l’association de défense des animaux L214 et une centaine de particuliers, avaient réclamé la suspension en référé du permis de construire. Car les irrégularités étaient nombreuses, selon Reporterre : en particulier l’absence d’étude d’impact spécifique au permis de construire, ainsi que des avantages financiers accordés au méthaniseur prévu avec la ferme, sous couvert d’aide agricole alors que la société Ramery, porteuse du projet, n’est pas pourtant pas une entreprise agricole, mais une industrie de BTP.

Pour rappel, le projet des mille vaches consiste à produire un maximum de lait à un prix de revient le plus bas possible, tout en transformant les déjections des animaux en électricité grâce au méthaniseur. Inconvénient probables: destruction des emplois de petits éleveurs laitiers locaux, pollution des sols et de l’eau avec 40 000 tonnes de digestat de fumier et de lisier à épandre sur des terres agricoles, et condamnation de milliers d’animaux à une vie de misère immobile, avec les risques d’épidémies que la proximité et la concentration entraîne. Ne pas oublier l’usage massif d’antibiotiques, inévitable à une telle échelle. Sans compter l’importation d’aliments pour nourrir toutes ces bêtes, ce qui ne fait pas du bien au bilan carbone du projet, et se trouve à des lustres du principe d’autonomie d’une ferme ; le soja qu’on importe pour alimenter les animaux en protéines provenant surtout du Brésil, étant à 80% génétiquement modifié et contribuant à la déforestation. Un projet de mille vaches, donc, bien loin de l’agroécologie et de l’agriculture familiale, défendues oralement par le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll. Lequel n’a pourtant pas daigné mettre le nez dans cette affaire et dire stop.

Mais d’après Reporterre, il y aurait « de l’espoir du côté de la ministre du logement Cécile Duflot dont les services pourraient peser sur la procédure du permis de construire modificatif ». Et Novissen, la Conf’, L214 n’ont pas dit leur dernier mot sur le plan juridique : deux autres recours seraient devant la justice, « l’un portant sur d’autres aspects du permis de construire, l’autre sur le dossier d’installation classée », toujours d’après Reporterre. La pétition lancée sur Avaaz par Novissen a atteint plus de 50 000 signatures et peut en accueillir d’autres. Les citoyens et écologistes doivent continuer de réinventer leur combat.
 

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