Dans un rapport remis le 25 novembre au ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, l’Institut technique d’agriculture biologique montre que l’agriculture biologique est plus bénéfique pour la société que l’agriculture conventionnelle. Certains de ces bénéfices ont été quantifiés et leur valeur chiffrée économiquement. Des arguments de poids pour les négociations de la politique agricole commune post-2020.
Des externalités positives chiffrables
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Eau :
La bio induit des économies de coûts de traitement de l’eau pour les pollutions aux nitrates et pesticides de 20 à 46 euros par hectare par an en zone de non-captage, et de 49 à 309 euros par hectare en zone de captage. Les coûts totaux et pertes dues à ces pollutions sont estimés à entre 940 et 1500 millions d’euros par an (voir article de Bio Consom’acteurs : Les coûts cachés des pesticides et nitrates agricoles). La synthèse de l’ITAB évalue les économies réalisées grâce à l’agriculture biologique à entre 20 et 46 euros/ha/an.
- Biodiversité :
S’il est difficile d’évaluer quantitativement les services rendus par la biodiversité, ainsi que les pertes de biodiversité imputables uniquement à l’agriculture, le rapport donne de nombreux indices quant à l’ampleur de celles-ci. Quelques exemples :
– Les pertes dues à l’impact des pesticides sur les poissons et les oiseaux sont estimées entre 43 et 78 euros par hectare et par an, en extrapolant à la France les résultats d’une étude américaine de 2016 sur les coûts de l’usage des pesticides pour la société.
– L’indice des populations d’oiseaux spécialistes des millieux agricoles est passé de 100 en 1989 à 55 en 2013.
– Les coûts de traitements en insecticides évités en France grâce au service de régulation des ravageurs est estimé à 10 à 21 euros par hectare, contre zéro en agriculture conventionnelle, en extrapolant les résultats d’une étude menée en Nouvelle-Zélande.
– Services de pollinisation : boostés par la bio (qui préserve la faune pollinisatrice, dont les abeilles), ils sont évalués à 3,5 à 48 euros par hectare par an en grandes cultures. Ce chiffre, qui ne concerne que les grandes cultures, dont peu dépendent de la présence de pollinisateurs, est peut-être encore plus élevé dans la réalité.L Les arbres fruitiers, par exemple, pourraient connaître un surcoût de 300 euros par hectare et par an (coût de location de ruches par les arboriculteurs).

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Stockage de carbone organique dans les sols :
En bio, une méta-anlyse concernant 74 études indique un stockage de 37,4 T/ ha en bio contre 26,7 T/ha en conventionnel. Ce qui est évalué à jusqu’à 23 euros/ha/an de bénéfices.
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Santé :
– En bio, les économies faites sur les décès dus uniquement aux cancers liés aux pesticides sont évaluées à 52 à 252 euros/ha/an.
– D’autres effets sur la santé dus à l’utilisation d’engrais chimiques azotés sont difficilement quantifiables. Or, en bio, les teneurs en nitrates sont inférieures de 30% et celles en nitrites de 87 %. Ces nitrites peuvent par exemple causer la maladie du sang bleu chez le nourrisson.
– Par ailleurs, les produits bio ont des teneurs en résidus de pesticides significativement bien plus faibles que les produits conventionnels, ainsi que des teneurs plus faibles en cadmium (25 à 50%) . En revanche ils ont des teneurs plus élevées en antioxydants (de 18 à 69%) (voir l’infographie de Bio Consom’acteurs Mon alimentation c’est moi ».

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Emploi:
L’agriculture biologique emploie 2,4 unités de travail annuel contre 1,5 en conventionnel. Ce surcroît d’emploi permet d’estimner un coût de chômage évité par collectivité entre 19 et 37 euros/ha/an en grandes cultures, si l’on tient compte du coût d’un chômeur pour la collectivité qui est de 11 000 à 21 000 euros/an.