Jardins de Gaïa, bientôt 20 ans que thé bio

En 2014, les Jardins de Gaïa fêteront leurs 20 ans. Visite à l’occasion du salon BiObernai 2013 d’une entreprise pionnière du thé bio en France, située en Alsace.

Au milieu de la zone industrielle bétonnée de Wittisheim, dans le Bas-Rhin, s’ouvre un havre de paix et de senteurs. Passé le petit chemin de pierres qui court le long d’un jardin japonais en rocaille, où se dessinent de larges cercles, nous entrons dans une maison basse à toiture végétalisée: le site de production des Jardins de Gaïa. Murs de chaux patinés, odeur discrète d’encens, déco japonaise et mobilier en bambou nous accueillent, tout en sobriété, à l’image d’Arlette Rohmer: celle qui a créé l’entreprise il y a 19 ans et la dirige depuis.

Pionniers, en 1994, de la commercialisation en France de thé bio, les Jardins de Gaïa proposent aujourd’hui plus de 500 types de thés, tisanes, herbes et épices. Tous bio, qu’ils viennent d’Inde, du Sri Lanka, de Chine, d’Amérique du Sud, d’Afrique ou du Japon. Passionnée par les plantes, Arlette Rohmer tenait à ce que tous ses produits soient biologiques dès le départ. “Les grosses monocultures de thé conventionnel utilisent beaucoup de fongicides et d’insecticides, car elles sont sensibles aux champignons, aux chenilles, à de petites araignées…”, justifie-t-elle. En regardant de plus près, on trouvera une exception à la règle: le lapacho, une écorce des forêts brésiliennes qui est issue de la cueillette sauvage et donc non certifiable. Certains produits des Jardins de Gaïa sont par ailleurs cultivés en biodynamie (c’est le cas des épices indiennes et srilankaises), certifiés Demeter.

“Si vous prenez des machines, les gens, vous en faites quoi?”
Le thé bio, bon ou mauvais pour la santé? Telle n’est pas la question pour l’entreprise alsacienne, qui souhaite avant tout “faire découvrir des produits beaux, diversifiés, bons pour le corps et l’esprit”. Stockage, aromatisation, mélange, ensachage, expédition… 56 personnes travaillent en CDI sur le site alsacien des Jardins de Gaïa, dont 3 sous le statut de travailleur handicapé, 2 apprentis et 2 à la retraite, maintenues en poste sur demande. Mis à part les mélanges eux-mêmes (thés aromatisés aux fruits, fleurs ou épices), réalisés dans des mélangeurs automatiques, tout est préparé artisanalement. “Si vous prenez des machines, les gens, vous en faites quoi?”, questionne Arlette Rohmer.

Les plantes de Jardins de Gaïa partent dans toute la France. Une commerciale dédiée aux Jardins et cinq agents commerciaux extérieurs, spécialisés dans la bio, les vendent dans l’Hexagone: réseaux de magasins bio et de commerce équitable, épiceries fines, restaurants… La vente à l’international n’est pas négligée: une commerciale en interne se consacre à l’export dans l’Union européenne, mais aussi vers le Mexique, le Brésil, le Canada, Hong-Kong, le Japon… 200 tonnes de thés sont vendues chaque année. Le chiffre d’affaires? 8 millions d’euros. Pas mal, pour quelqu’un qui a commencé à ensacher ses thés indiens “dans sa cuisine”, et qui s’est fait connaître dans des salons.

Travailler au corps les collectivités
Les Jardins de Gaïa n’ont pas vocation à grossir sans limites. “Mais s’il y a de la demande, s’il y a des petits producteurs qui souhaitent travailler de façon équitable avec nous et en bio, pourquoi pas? Ce sont les rencontres qui font que je m’intéresse aux différents thés”, souligne Arlette Rohmer. La société cherche tout de même à développer des partenariats avec les comités d’entreprise et les collectivités territoriales, “pour qu’elles s’engagent à acheter nos thés et à les diffuser aux élus, dans les écoles, les entreprises”. Autres partenaires, militants, ceux-là: Kokopelli, qui diffuse les semences de variétés anciennes de légumes; la Ligue pour la protection des oiseaux; et les Amanins, centre agro-écologique et pédagogique initié par Pierre Rabhi. Si vous achetez l’une des huit variétés de thés aux noms évocateurs, créés pour l’occasion (“Oiseau de lune”, “Le songe du colibri”, “Le joueur de flûte”, etc.), entre 0,5 et 1 euro sera reversé à l’association idoine.

Les Jardins de Gaïa sont membres de la plate-forme pour le commerce équitable, et 50% du total de ses produits – 70% des thés et des infusions exotiques – sont labellisés Fairtrade Max Havelaar. La société travaille avec une trentaine de coopératives de petits producteurs: leurs membres (des familles) cultivent leurs propres parcelles et mettent leur production en commun. « Au Sri Lanka on ne travaille qu’avec SOFA [NDLR: qui travaille aussi avec la marque AlterEco], une coopérative d’environ 500 petits producteurs, 1500 paysans au total, qui cultivent chacun moins d’un-demi hectare en moyenne”. 32% du total des références des Jardins de Gaïa viennent de petits producteurs. Et qui dit petite culture dit biodiversité. A l’opposé, les plantations de thé (dits “jardins” en Inde)  peuvent faire jusqu’à 1000 hectares et pauvres en biodiversité. Une dizaine d’entre elles travaillent avec les Jardins de Gaïa, “pour des thés très spécifiques comme de grands crus de Chine”. Quant aux plantes à infusion (mélisse, souci, sauge…), elles ne sont pas certifiées Max Havelaar, car d’origine européenne. En tout concernant l’équitable, les Jardins de Gaïa ont travaillé avec 17 000 producteurs -gros et petits – cette année.

Au final, côté portefeuille: si vous aimez le thé vert de Chine, comptez 5,60 euros pour 100 g d’un gunpowder, et 40 euros les 100g d’un Lung Ching “senteur céleste”. Du non local, certes. Mais du bio, aux parfums variés, souvent cultivé par de petits producteurs… et une plante introuvable sous nos latitudes. A déguster avec cérémonie, donc.

 

Voir le site des Jardins de Gaïa
 

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