OGM : le roi est nu

Le roi est nu. C’est le titre du contre-rapport sur les OGM (organismes génétiquement modifiés) mené par un collectif d’associations, dont Navdanya, présidée par Vandana Shiva. Chacun des mensonges sur lesquels s’appuient les pro-OGM est dénoncé, chiffres et études à l’appui. En voici quelques exemples.

 
Le roi est tout nu. C’est le titre du contre-rapport sur les OGM (organismes génétiquement modifiés) mené par un collectif d’associations, dont l’Indienne Navdanya, présidée par Vandana Shiva (voir pièce jointe).
 
Premier mythe démantelé par le rapport : les OGM ne permettent pas d’augmenter les rendements. «Le coton Bt donne 1 000 kg  par hectare en Inde»,  expliquait Vandana Shiva lors d’une conférence de presse le 19 octobre à Paris. «C’est trois fois moins que ce que promettait Monsanto au début de sa commercialisation», en 1997.
 
Bio et OGM : une coexistence impossible
Deuxième vérité: cultiver des OGM ne veut pas dire diminuer l’utilisation des pesticides. «En Argentine, en 2001, les cultivateurs de soja OGM utilisaient 2 fois plus d’herbicides que les conventionnels», selon la présidente de Navdanya. Qui s’élève contre le fait qu’en Inde, les paysans ont dû répandre «13 fois plus de pesticides sur le coton Bt que sur le coton normal». Au Brésil, la surface cultivée en soja aurait augmenté de 71% et l’utilisation de pesticides, de 95%. Bizarre, me direz-vous, les OGM sont censés fabriquer eux-mêmes des pesticides, afin qu’il n’y ait plus besoin d’en balancer sur le champ, non ? Oui, mais c’est sans compter sur les merveilleuses capacités d’adaptation et d’évolution des êtres vivants.
 
Insectes et plantes, ciblés ou non, deviennent super-résistants aux pesticides produits par l’OGM. Donc super-indésirables: les agriculteurs pulvérisent de plus en plus de pesticides différents et plus toxiques. Ce qui n’empêche pas les indésirables de pulluler. «En Chine, les populations de punaises ravageuses des cultures sont 12 fois plus importantes aujourd’hui qu’en 1997», précise le rapport. Aux Etats-Unis, selon Vandana Shiva, «10 millions d’hectares de cultures OGM seraient envahies par des plantes super-résistantes». 
 
Inefficaces, ces OGM coûtent, en plus, très cher aux paysans. Non seulement en pesticides qu’il faut toujours acheter. Mais aussi et d’abord, en graines. «En Inde, le prix des semences de coton Bt est de 8 000% plus élevé que celui des semences autochtones», s’insurge Vandana Shiva. Des semences qui doivent être achetées chaque année, brevet oblige. Résultat : les paysans contractent des dettes énormes. Durant les quinze dernières années, «250 000 paysans indiens ont été poussés au suicide et la plupart se trouvent dans la ceinture du coton, où Monsanto a établi son monopole semencier». Au lieu de nourrir le monde, les OGM le font mourir.
 
Autre mensonge clairement mis à jour : la coexistence OGM – bio.  La contamination du premier vers le second est en réalité inévitable. Et ce sont les contaminés qui paient. En Espagne, des cultivateurs de maïs bio auraient ainsi perdu leur certification, leur crédibilité et leurs marchés, après avoir été contaminés. 
 
Le principe même d’équivalence en substance, qui fait croire qu’une patate OGM sera aussi bonne pour la santé qu’une non-OGM dès lors qu’elles ont les mêmes teneurs en nutriments, vitamines, etc. est une supercherie. «L’équivalence en substance a été inventée par le gouvernement de Bush père, mais n’a jamais été scientifiquement prouvée», pointe Vandana Shiva. C’est pourtant en se basant sur ce principe qu’aujourd’hui, 100% du soja argentin, 75% du soja, du maïs et du coton aux USA, et 95% du coton en Inde soient génétiquement modifiés. 
 
Un seul OGM cultivé en UE
En Europe, ce sont les animaux qui mangent « OGM. » «Entre 25 à 30 millions d’hectares de soja sont importés en Europe chaque année pour nourrir le bétail», rappelle José Bosé, eurodéputé pour Europe Ecologie. Soja qui vient principalement d’Amérique du Sud, où l’OGM est roi. Ces importations pourraient diminuer. A condition que l’Europe daigne encourager la rotation des cultures et favoriser la production de légumineuses, riches en protéines végétales : lupin, luzerne, féverole, trèfle, etc. Sur ce point, les objectifs de la nouvelle politique agricole commune (Pac) restent encore à améliorer. 
 
«Les OGM ne sont pas une fatalité», tempère Vandana Shiva. Et de rappeler qu’en Inde, aucun autre OGM que le coton Bt n’a pu se faire une place, grâce aux associations et communautés locales. Que les OGM sont cultivés dans « seulement » une vingtaine de pays (90% le sont aux Etats-Unis, au Brésil, en Argentine, au Canada, en Inde, en Chine, au Paraguay, au Pakistan et en Uruguay). Ce qui représente environ 150 millions d’hectares, soit près de 8% des terres arables de la planète, d’après une étude de l’ISAAA (Service international pour l’acquisition d’applications biotechnologiques) de 2008. En Europe, seuls 2 OGM ont le droit d’être cultivés : le maïs MON 810 et la pomme de terre Amflora. Mais «seul le maïs MON 810 est réellement cultivé – en Espagne-, et la Commission européenne ne semble pas pressée de renouveler son autorisation». remarque José Bové. Le roi est nu. Le monde doit le savoir. Et tout faire pour qu’il se rhabille.
 
Pour télécharger le contre-rapport « A global citizen report on the state of GMO: the emperor has no clothes », voir le lien : http://navdanyainternational.it/

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