No steak est un livre écrit par un végétarien. Mangeurs de viande, n’arrêtez pas pour autant votre lecture ! Loin d’être un plaidoyer moralisateur, ce livre, au même titre que Bidoche de Fabrice Nicolino ou Faut-il manger les animaux ? de Johnatan Safran Foer, fait le point sur un aliment que l’on ne connaît pas tant que ça. A travers les prismes culturel, sociologique, environnemental, historique, scientifique, l’auteur, journaliste, décortique à la manière d’un oignon, la chair animale que nous faisons nôtre – ou pas. Chair dont la présence dans nos assiettes ne coule pas tant de source qu’on veut bien le croire : en Inde, 40% des habitants sont végétariens. Et non seulement les disparités sont grandes entre les pays, mais aussi entre les époques: nous mangions bien moins de viande il y a 100 ans qu’aujourd’hui.
Le message essentiel de l’auteur est simple: un jour, les humains ne mangeront plus de barbaque. D’abord pour des raisons démographiques et environnementales. Ensuite, pour des raisons sanitaires et morales. Cependant, Aymeric Caron reconnaît le mérite des éleveurs traditionnels : ceux qui appellent leurs vaches par leur nom, les emmènent au pré, se préoccupent du fait que la mise à mort soit la moins douloureuse possible. Mais ces éleveurs-là sont rares. Le Français moyen mange de la viande issue de processus industriels : ceux-ci sont le fait de 95% des porcs, 90% des veaux, 80% des poules pondeuses et poulets de chair consommés dans l’Hexagone. Et le prix à payer se trouve bien en-deçà de ceux qu’affichent les grandes surfaces. Gaspillage d’eau (il faudrait une consommation d’eau équivalente à une année de douches pour obtenir 1 kg de bœuf !), gaspillage de terres cultivables, forestières ou prairiales, dépendance alimentaire des pays du Sud, gâchis de calories (pour 1 calorie de viande, il faut 2 calories végétales s’il s’agit de poulet, 9 s’il s’agit de bœuf ou de mouton), etc. Sans parler de la question morale de l’abattage d’un animal. Or, toute cette énergie dans la fabrication de viande ne sert, dans nos pays occidentaux, qu’à une seule chose, rappelle l’auteur : le goût.
No steak d’Aymeric Caron – 360 p – 19 euros
Editions Fayard