Le ventre, notre deuxième cerveau

Le documentaire de Cécile Denjean, diffusé sur Arte il y a quelques mois et assorti d’un livre, est une passionnante investigation sur le ventre, cet organe bourré de neurones et de bactéries qui a une influence certaine, mais encore mystérieuse, sur notre cerveau.

Il est bien souvent sous-estimé, rabaissé au rang de vulgaire tube entre l’assiette et les toilettes et responsable de bruits gênants en société. Pourtant, fort de ses 200 millions de neurones, notre ventre fait l’objet d’un intérêt croissant de la part des scientifiques, dont certains en parlent comme d’un deuxième cerveau. En communication permanente avec le système nerveux central, notre tube digestif  contient 100 000 milliards de bactéries : c’est plus que le nombre de cellules humaines que notre corps contient – comme si on était minoritaire dans notre propre corps. Ces bactéries qui, avec les virus, constituent le microbiote,  renferment 3 millions de gènes, à comparer avec nos 20 000 gènes humains. Inutile de préciser que cette foule d’êtres vivants présente dans notre corps a un fort potentiel d’influence.

Non content d’envoyer des signaux à notre « cerveau du haut » sur nos besoins nutritionnels – ce qui va se traduire, en combinaison avec des facteurs psychologiques, avec des envies de manger spécifiques -, notre intestin est un écosystème à part entière où tout reste à découvrir. Des scientifiques font déjà l’hypothèse que des dysfonctionnements du tube digestif pourraient être à l’origine de maladies du cerveau telles que la maladie de Parkinson, l’autisme, la dépression. Ou encore que selon le type de flore intestinale hébergée par notre ventre, on pourrait être prédisposé à certaines maladies comme le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires. Et si l’on sait depuis longtemps que nos émotions influent sur notre ventre, l’inverse serait également vrai. Sans cesse influencé par la chimie interne de notre corps, notre esprit serait beaucoup plus à l’écoute de nos entrailles – et de leur population de bactéries – que ce qu’on pourrait supposer. Le documentaire nous offre aussi un petit aparté d’humilité avec la médecine traditionnelle chinoise, dont la vision holistique de l’être humain et de ses maladies reconnaît – à l’instar d’autres médecines traditionnelles orientales telles que l’ayurvéda– le rôle central des intestins depuis fort longtemps. En donnant envie de prêter davantage attention, notamment par son alimentation, à cette partie du corps souvent négligée,  « Le ventre, notre deuxième cerveau » est un gros plan passionnant sur les dernières découvertes scientifiques majeures qui tournent autour de notre nombril.

« Le ventre, notre deuxième cerveau ». Documentaire de Cécile Denjean, 55 minutes, Arte.
Le livre : « Le ventre, notre deuxième cerveau » de Fabrice Papillon, Héloïse Rambert, éditions Tallandier/Arte, 250 pages, 18,90 euros.

La bande-annonce:

 

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