« Richesse et démesure – Le grand business des plantes » de Florence Thinard
éd. Plume de carotte
Dans le grand jeu de l’agriculture financiarisée, les petits paysans sont souvent les perdants. Un livre qui nous ouvre les yeux sur l’impact de la mondialisation des plantes et sur l’intérêt du commerce équitable et de l’agriculture biologique
Céréales, légumes, fruits, épices, thés, cafés, alcools, jus, nourriture des animaux d’élevage…Les plantes constituent 80 % de notre nourriture. Elles nous habillent aussi, isolent nos maisons, constituent nos meubles et nos charpentes, nous soignent et nous parfument, s’immiscent dans les pneus et les carburants de nos voitures, dans nos préservatifs et nos bijoux.
Toutes ces richesses ont un prix, qui a explosé avec la mondialisation. Celle-là même qui nous a habitués, au cours du XXème siècle, à consommer tout et n’importe quoi, en faisant bien souvent fi des saisons ou de la provenance. C’est ce prix, à la fois environnemental, humain et social, que l’auteure nous décrypte dans ce livre, structuré par produit (banane, orange, blé, fleurs, coton, plantes à drogues, etc.) et richement illustré, donc facile à lire.
Outre le prix environnemental (extraction et dégradation de ressources naturelles), il y a le prix de la sueur. Celle versée par les paysans qui travaillent la terre tant bien que mal pour, d’un côté, une agriculture de subsistance qui peine à les nourrir ; de l’autre, une agriculture industrielle qui réponde à notre faim croissante de cacao, café, thé, bananes, oranges, sucre, hévéa, etc. Des paysans qui sont aussi en contact avec des pesticides, engrais, agents chimiques et autres poussières, pouvant être à l’origine de maladies.
On écarquille les yeux en lisant qu’une paire de jeans, c’est, selon des données de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) reprises dans ce livre, « 1 kg de coton, 2 kg d’engrais chimiques, 2 kg équivalent-CO2 de gaz à effet de serre, des agents d’encollage et d’humidification, des teintures et des agents d’imperméabilisation, de la soude, de l’amidon, du chlore et des résines synthétiques, du formaldhéyde, du peroxyde d’hydrogène ou permanganate de potassium et, pour finir, un ponçage « qui provoque silicose et cancer du poumon chez les ouvriers par inhalation de particules ».
Un livre documentaire sur la mondialisation vue à travers le prisme des plantes, qui fait prendre conscience de l’intérêt d’un commerce équitable et d’un modèle agricole à la fois valorisant pour le producteur et respectueux du vivant.
« Richesse et démesure – Le grand business des plantes » de Florence Thinard – éd. Plume de carotte – 29 €