Si les produits bios sont à la mode, le pratiques de l’agriculture biologique demeurent, elles, encore bien obscures aux yeux de la majorité du grand public. La bio est-elle l’agriculture traditionnelle de nos arrière-grands-parents ? Est-elle rentable, bonne pour la santé ? Choisir entre la bio et le conventionnel, est-ce choisir entre la chimie et le chaos ? L’agronome Jacques Caplat répond à ces questions dans un livre argumenté et facile à parcourir.
Cet ouvrage parle des pratiques de l’agriculture biologique, telle qu’elle a été inventée dans les années 30. C’est-à-dire bien avant que ce terme ne soit réduit à des normes administratives venant du haut (telles que le cahier des charges européen par exemple, élaboré par les Etats-membres et non des citoyens). On comprend dans ce livre que dès son origine, la bio était un projet agricole et citoyen à part entière, et non, comme on le pense souvent, une simple contradiction du système agricole industriel. Dans «L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité», Jacques Caplat explique avec pédagogie comment et pourquoi des paysans ont mis au point des pratiques agricoles innovantes et en perpétuelle évolution. Et en quoi celles-ci permettent une production alimentaire à la fois intensive et respectueuse des cycles naturels.
Que vous soyez agriculteur(rice), consommateur(rice) ou citoyen(ne) engagé(e), attendez-vous à voir balayés de nombreux a priori. Non, la bio ne consiste pas seulement à la suppression des produits chimiques de synthèse. Non, la bio n’est pas une démarche autarcique destinée à nourrir seulement le paysan. En revanche oui, la bio peut être intensive ! Au fil des 450 pages, on apprend que si le rendement de l’agriculture biologique en pays tempéré est certes inférieur de 15 à 20% à celui de l’agriculture conventionnelle, ce même rendement est tout de même «supérieur de 400% à ceux de l’agriculture qui prévalait en Europe au début du 20ème siècle» .
Historique et différentes pratiques de la bio, effets sur l’environnement et sur la santé, différences entre semences fermières, paysannes, variétés améliorées ou encore hybrides, lien au territoire, mycotoxines…Aucun point touchant à l’agriculture biologique n’est oublié, appuyé par de nombreux exemples cueillis sur le terrain.
Agronome et géographe, Jacques Caplat a été notamment technicien agricole dans un groupement d’agriculture biologique, formateur d’agriculteurs et d’ingénieurs. Il a participé à la création du Réseau semences paysannes. Il a également écrit des rapports nationaux sur les impacts environnementaux de la bio et sur les politiques de développement de l’agriculture biologique, ainsi que d’un guide pratique «Cultivons les alternatives aux pesticides» (Ed. Le passager clandestin, Cédis, 2011).
L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité, Ed. Actes Sud, coll. Domaine du possible
496 pages
24 euros