C’est le fruit le plus consommé et le plus cultivé en France. C’est aussi le fruit qui reçoit le plus grand nombre de traitements pesticides. Découvrez les différences entre une pomme bio et une pomme conventionnelle.
Pomme conventionnelle
La pomme est le fruit qui reçoit le plus de traitements pesticides par an.
- 35,1 traitements par an en moyenne (un nombre qui peut atteindre 43 dans le bassin du Centre-Ouest), dont :
- 22 fongicides (contre la tavelure principalement)
- 9 insecticides
- 2 herbicides
- 2 régulateurs de croissance
Que met-on sur un pommier non bio ?
- Suivant le calendrier, les pomiculteurs non bio appliquent différents pesticides pour lutter contre : araignées rouges, tavelure, pou de San José, anthonomes, tavelure, puceron, tordeuse de la pelure, oïdium, feu bactérien, carpocapses, tordeuses, botrytis de l’oeil, zeuzere, etc.
La liste de pesticides en arboriculture établie par la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne est longue à faire frémir.
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Les pomiculteurs ont le choix parmi plus de 100 formules commerciales de pesticides applicables aux pommes en France, parmi lesquelles :
– 55 insecticides
Exemples de pesticides utilisés en pomiculture
Conséquences
- 55 résidus de pesticides différents ont été détectés parmi 1610 échantillons de pommes commercialisées en Europe, lors d’une étude de surveillance coordonnée par l’UE en 2013.
- La pomme est le fruit qui contient le plus de résidus de pesticides juste après la fraise, selon l’Environmental Working Group, une ONG américaine de sensibilisation à la pollution environnementale.
- Alerte des médecins : les effets des pesticides utilisés en pomiculture inquiètent le corps médical. Dans un rapport de l’INVS, on lit que des médecins de Lubersac, en Corrèze, « ont constaté depuis 10 ans l’émergence d’un certain nombre de pathologies, tout le long de l’année et surtout de mars à septembre, asthme ou équivalent chez jeunes enfants, troubles oculaires a minima, asthmes chez les plus de 45 ans […]. Au moment de la cueillette, manifestations cutanées, rhinites, conjonctivites chez les cueilleurs et personnes du centre de tri ». L’étude fait état de « résultats qui plaident en faveur d’une proportion plus élevée de pathologies de la sphère ORL pendant les périodes d’épandages dans la zone pomicole ».
Parmi les cas d’intoxication rapportés : augmentation sécrétion bronchique, hypersudation, hypersalivation, larmoiements, contractions de la pupille, douleurs abdominales, bradychardie, contractions des mucles de la peau, tachycardie, maux de tête, étourdissements, anxiété, confusion mentale, convulsions, coma et dépressions des centres respiratoires, etc. ainsi que des effets chroniques de type cancérogènes.
Mais comment certains de ces patients, notamment les enfants, peuvent-ils être contaminés s’ils ne travaillent pas dans les vergers ? Le rapport de l’INVS est on ne peut plus clair : » Lors de la pulvérisation, les produits sont emportés par le vent entraînant une exposition par inhalation et par contact cutané avec les fines gouttelettes ; le dépôt des gouttelettes sur les sols entraînant la contamination des aliments cultivés, des aires de jeux des enfants et les poussières qui peuvent pénétrer dans les maisons ».
- Apparition de résistance chez le carpocapse, un parasite, à la plupart des insecticides chimiques employés dans le monde
- Difficultés de gestion du tétranyque rouge : cet acarien originaire d’Amérique du Nord et apparu en France dans les années 1980 résiste non seulement aux pesticides mais en plus a moins de prédateurs naturels, eux-mêmes ayant été détruits par les mêmes pesticides.
Pomme bio
Des produits autorisés…
- Parmi les produits et techniques utilisés en remplacement des pesticides chimiques en pomiculture, on trouve par exemple :
* Cuivre, soufre, chaux soufrée, bicarbonate de potassium en guise de fongicides
* Chlorure de calcium, fumier et composts (engrais naturels)
* Pour gérer les attaques d’insectes :
– argile kaolinite (barrière physique et visuelle contre les attaques de parasites),
– huiles minérales,
– confusion sexuelle,
– larvicides biologiques (virus de la granulose, Bacillus thuringiensis, Spinosad),
– introduction de forficules (perce-oreilles) pour les pucerons,
– pièges englués,
– pyrèthre naturel
Et beaucoup d’huile de coude
- En bio, on gère aussi les indésirables grâce à d’autres outils et techniques :
– machines ou appareils électriques, bandes pièges sur les troncs pour diminuer les populations de parasites, pulvérisation de nématodes tueurs d’insectes pour réduire la population de larves, filets, grillages
– Elimination systématique des fruits et pousses touchés
– Taille longue avec puits de lumière
– Broyage des feuilles, etc.
- La pomiculture bio exige de tout faire pour créer et maintenir un agroécosystème équilibré, qui soit résilient et préserve les organismes auxiliaires qui aident à la régulation des ravageurs. Cette recherche d’équilibre est d’autant plus indispensable que les possibilités d’intervention sont limitées. Il faut donc trouver le point d’équilibre entre rendement et faible parasitisme
- Points clefs à soigner particulièrement en bio : fertilisation, soin des sols, couverts végétaux et élagage.
Par exemple il faudra en bio :
– prendre en compte des cycles de croissance des parasites et maladies dans les méthodes de culture
– encourager les insectes auxiliaires via la bonne gestion de l’eau des sols, la plantation de haies et la végétation spontanée
– prévenir les stagnations d’eau pour éviter l’apparition de champignons et favoriser les populations de perce-oreilles, prédateurs des pucerons.
– mettre en place de mécanismes de surveillance (température, humidité, prévisions météo ou cycle de vie des parasites)
– utiliser le compagnonnage végétal et de plantes hôtes des prédateurs des parasites. Exemple : légumineuses, qui sont des plantes fixatrices d’azote.
– penser à l’agroforesterie. Dans le Suffolk au Royaume-Uni, le fait d’avoir dispersé les pommiers entre 7 autres espèces d’arbres a eu un impact positif sur les niveaux d’infestation parasitaire et les maladies.
– installer des nichoirs et perchoirs pour les oiseaux prédateurs de parasites, d’abris pour les chauves-souris, tas de pierres pour mustélidés, bandes enherbées fleuries, sites d’hivernation pour coccinelles, chrysopes, etc.
– sélectionner des cultivars résistants, adaptés au climat et au sol
– diversifier les variétés de pommes peut permettre de réduire les pathogènes.
– se tourner vers la sélection assistée par marqueurs (SAM), basée sur la sélection de gènes de résistance
Histoires de nos pommes
La petite vie du pommier
- Le pommier se plante de préférence à l’automne.
- Il a besoin de la compagnie d’autres pommiers pour que des pommes puissent voir le jour, suite à la fécondation.
- Il a besoin de soleil et d’un sol bien drainé pour éviter les champignons.
- Il met 3 à 8 ans avant de donner des fruits.
- Récolte : suivant la variété, la région et l’usage (à croquer, en jus, compote, etc.) les pommes se cueillent dès l’été et jusqu’aux premières gelées de l’automne. Les variétés les plus rustiques pourront être conservées tout l’hiver.
- On trouve des vergers à pommiers dans toutes les régions de France. En 2011 ils représentaient un tiers du verger français en superficie.
- Il existe plusieurs milliers de variétés de pommes. Dans le sud-est, sud-ouest et centre-ouest, les 2 variétés les plus cultivées sont Golden et Gala, très sensibles aux maladies fongiques et consommant plus de pesticides que la moyenne (entre 40 et 50 traitements par an). Dans le nord on cultive surtout des Jonagold et Boskoop (en moyenne 30 traitements par an).
Le coin du savant
- Au sens botanique du terme, la pomme est un faux-fruit. Le vrai fruit botanique, c’est le trognon !
- Le pommier, Malus communis, vient d’Asie Mineure, comme de très nombreux fruits et légumes mangés aujourd’hui.
Les ennemis de la pomme
- Tavelure : champignon causant des lésions noires sur les feuilles, bourgeois, fruits, bois, favorisée par l’humidité. La forte densité d’arbres, qu’on trouve notamment dans les bassins du Centre-Ouest, (2200 arbres par hectare contre 1430 en moyenne) peut faciliter la diffusion des maladies à champignons.
- Oïdium : encore un champignon
- Insectes ravageurs : carpocapse et pucerons en particulier
Bénéfices pour la santé
- La pomme est riche en antioxydants (polyphénols et flavonoïdes) : en consommer peut contribuer à réduire le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers, ainsi qu’à améliorer les fonctions respiratoires.
- Riche en pectine, une fibre soluble qui fixe de grandes quantités d’eau en formant un gel, la pomme est un atout pour diminuer le taux de cholestérol et aider certains problèmes intestinaux.
- La pomme est une source de vitamine C, de potassium, de phosphore, de zinc, de cuivre, de vitamine K et de manganèse.
Manger la pomme différemment
- Mangez sa peau ! Son pouvoir antioxydant est de 2 à 6 fois plus élevés que celui de la chair. La peau contient de 2 à 6 fois plus de composés phénoliques, de 2 à 3 fois plus de flavonoïdes et de 4 à 6 fois de vitamine C que la chair.
- Idées pour ta pomme de bio consom’acteur :
– apéro à base de pommes avec du fromage et des noix
– pommes au four remplies de sucre et de cannelle
– à la poêle avec des oignons ou des champignons
– en salade avec des endives
– les peaux en infusion avec du jus de citron et du miel
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