En conventionnel, elle subit beaucoup de traitements pesticides et demande déjà beaucoup de travail. En bio, aucun pesticide…mais encore plus de temps de travail, notamment pour prévenir les maladies. La culture de la pêche bio est exigeante. D’autant qu’il n’existe aujourd’hui pas beaucoup de variétés spécifiques à la bio, permettant de résister aux parasites, tout en étant suffisamment jolie et goûteuse pour satisfaire nos exigences de consommateur, bien loin des arbres…
La pêche, c’est le fruit de l’été par excellence ! Plus juteuse que l’abricot, plus douce que les fruits rouges, on l’aime aussi bien crue, à la croque ou dans un smoothie épais, que cuite dans une tarte. Mais comme beaucoup de fruits, quelle galère pour la cultiver et la conserver ! En lisant cet article vous comprendrez mieux d’où vient la pêche et les différences entre bio et conventionnel.
Partie consommée : La pêche est un fruit au sens botanique du terme, comme l’abricot, la cerise, la noix, l’avocat, etc.
On plante le pêcher à l’automne, il fleurit au printemps et donne des fruits l’été. Entre-temps, il a besoin d’être accompagné…si on veut manger des pêches durant l’été !
Pêche conventionnelle
25 traitements par an
- D’après les recommandations de la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne, sur une année, entre les premiers bourgeons et la chute de ses feuilles, un pêcher conventionnel devrait subir environ 25 traitements pesticides (potentiellement renouvelables!)…C’est beaucoup.
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Conséquence : la pêche fait partie des fruits et légumes les plus contaminés par les pesticides. D’après un rapport de l’EFSA, 53 % des échantillons de pêche en France seraient contaminés par plusieurs pesticides. Et vu que les méthodes de calcul de l’EFSA sont critiquables (voir cet article de Générations futures) on peut raisonnablement craindre que ce chiffre soit inférieur à la réalité.
Aux Etats-Unis, près de 98 % des échantillons de pêches, nectarines, pommes et fraises contiennent au minimum un résidu de pesticide, d’après l’étude annuelle de l’Environmental Working Group, une ONG américaine.
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Les produits chimiques conseillés pour la culture de pêches sont principalement des fongicides et bactéricides qui appartiennent à de très nombreuses familles chimiques, tous plus ou plus toxiques voire mortels, dont :
– chloronicotiniles (par ex. le Calypso, un thiaclopride classé toxique aigu, qui fait partie des néonicotinoïdes. Vous savez, ces pesticides extrêmement toxiques pour les abeilles)
– pyridabènes (Nexter Pro, classé toxique aigu)
– quinones (Delan Wg, classé toxique aigu)
– pyrétrhinoïdes (lambda cyhalothrine, classée toxique aigu)
– mais aussi les pyridines, dithiocarbamates, carboxamides, ketoénoles, phtalimides, BMC, avermectines, pyridines, organophosphorés, guanidines, imides, etc.
Pêche bio
Peu de variétés + pas de pesticides = beaucoup de travail !
- En bio, on considère le verger comme un agroécosystème complexe, et non comme une simple collection d’arbres. Et comme on n’utilise ni pesticides ni engrais chimiques, ce travail demande du temps, notamment de surveillance et d’intervention manuelle.
- Techniquement, le verger de pêche bio est difficile. Notamment parce qu’il existe peu de variétés spécifiques à la culture bio, c’est-à-dire rustiques et suffisamment insensibles aux maladies au point de se passer de produits chimiques… Ce qui explique la gamme restreinte de variétés de pêches utilisées en bio, qui sont en fait des variétés conventionnelles que les producteurs bio ont le droit d’utiliser. La recherche agronomique en bio a encore du travail !
- Le défi en verger à pêche bio ? Faire en sorte de trouver l’équilibre entre rendement, faible parasitisme et apports de traitements naturels. Cela passe donc surtout par des actions de prévention, qui consistent par exemple à :
– sélectionner des variétés les moins sensibles aux champignons
– surveiller précisément le verger et les bourgeons
– favoriser la circulation de l’air : augmenter les distances de plantation, maintenir un couvert herbacé ras autour de l’arbre, faire attention à l’orientation de la parcelle, à la forme de l’arbre…
– éliminer les fruits et rameaux pourris
– éviter les excès azotés et globalement les amendements juste avant la récolte
– développer la faune auxiliaire (oiseaux insectivores, rapaces, chauves-souris, carabes, etc.)
– arracher immédiatement les arbres touchés par certains virus
– entretenir les haies brise-vent
– lutter biologiquement contre les parasites (confusion sexuelle, la bactérie Bacillus thuringiensis qui excrète des minéraux toxiques pour certains insectes, de la kaolinite calcinée (argile), des huiles minérales, du pyrèthre (un insecticide) naturel.…
– apporter du cuivre en quantités mesurées - En cas de besoin d’un traitement, en bio on peut utiliser le cuivre (auquel les producteurs bio prêtent attention puisqu’il n’est pas biodégradable et donc peut s’accumuler dans le sol, ce qui peut causer un déséquilibre), le soufre, le zinc, le calcium, les algues, la prêle, la silice, le manganèse, le calcium, la chaleur…
La petite vie de la pêche
Climat secs & sols riches
- Le pêcher aime les climats secs de type méditerranéen, chaud l’été (important si l’on veut des pêches bien sucrées), mais froid l’hiver. Il aime aussi le vent, qui l’aide à se nettoyer de ses invasions de champignons. On trouve donc les vergers à pêche principalement dans le Languedoc-Roussillon, en Rhône-Alpes et en Provence, où le mistral joue les balayeurs.
- Le verger à pêche réclame une forte irrigation, notamment entre juin et fin août, ainsi que des sols très fertiles, profonds, drainants, caillouteux, sur des terrains pentus mais pas trop. Sensible aux maladies cryptogamiques (dues à des champignons), il demande beaucoup d’attention.
Des champignons et de la main d’oeuvre
- Les enquiquineurs : les principaux sont des champignons (Monilia et cloque), qui causent sa pourriture avant et après la cueillette. Il y aussi des virus (dont le sharka, transmis par les pucerons), la mouche méditerranéenne, les tordeuses, qui sont des papillons…
- Comme toute culture fruitière, le verger à pêche demande de la main d’oeuvre: tailles, désherbages, enherbement, éclaircissage, récoltes, fertilisations, etc.
- La reconnaissance viendra au bout de 7 ans, quant le pêcher commencera à donner des fruits. Il continuera son oeuvre jusqu’à l’âge de 20 ans.
Cueillette, conservation et santé
En tant que consommateurs ayant, pour la majorité d’entre nous, des attentes quant à l’aspect des fruits que nous achetons, nous devons savoir que le moment précis de la cueillette est délicat pour l’arboriculteur :
- S’il la cueille trop tard, il prend le risque que la pêche soit trop mûre, avec des parties déprimées à certains endroits et que peu de monde ne choisira dans l’étal. Trop tôt, et le consommateur se retrouve avec des balles de golf dures, probablement mangées avant maturité.
- La difficulté du moment de la cueillette est d’autant plus réelle que la pêche ne peut pas être stockée avant d’être vendue, contrairement aux pommes par exemple. Sitôt cueillie, la pêche doit être vite mangée !
Garder la pêche
- Evitez de la mettre dans un panier à fruits, vous ouvririez grand la porte aux champignons, qui voyagent facilement d’un fruit à l’autre. Direction le frigidaire !
- Pour ne pas avoir à croquer dans des pêches glacées, prévoyez de les sortir la veille au soir, afin qu’elles soient à température ambiante et prêtes à être dégustées le lendemain !
- C’est crue qu’elle vous apportera un maximum de nutriments (et de fraîcheur). Cuite, elle est tout aussi bonne, mais aura perdu une bonne partie de ses vitamines…
Avoir la peau de la pêche
- La pêche contient beaucoup d’eau (87%), mais aussi des fibres (jusqu’à 9 % des apports journaliers recommandés). Elle est riche en vitamines A, C, E, qui sont des antioxydants – ces substances qui contribuent à la lutte contre le vieillissement cellulaire – mais aussi en cuivre, en fer, en potassium, en phosphore…
- Mangez sa peau ! C’est là que les antioxydants se cachent en plus grand nombre. Pour exemple, on trouve plus de 2 fois plus de polyphénols (une sorte d’antioxydants) dans la peau de la pêche que dans sa pulpe. Il serait dommage de s’en priver…
-> Pour comprendre en une minute l’intérêt de l’alimentation biologique pour notre santé, consultez notre infographie Mon alimentation c’est moi!
Et pour la petite histoire…
- Encore un fruit aux origines lointaines ! Le pêcher sauvage, Prunus persica, est un arbre de la famille des Rosacées, qui compte parmi ses membres le cerisier, l’abricotier, le prunier et l’amandier. Il a été domestiqué en Chine il y a plus de 7000 ans et est cultivé depuis l’Antiquité dans le bassin méditerranéen, en étant passé par la Perse. Au fur et à mesure des sélections par les humains, le pêcher s’est modifié de façon à donner des fruits gros, charnus, sucrés et juteux. Il avait déjà quasiment acquis sa forme actuelle il y a environ 2000 ans.
- La pêche, c’est la vie ! D’après la mythologie taoiste, la pêche est un symbole d »immortalité.
- Des milliers de variétés : Il existe plusieurs milliers de variétés de pêche dans le monde et environ 300 cultivées en France. Mais la majorité sont inconnues du grand public, car elles défilent au fur et à mesure de la saison estivale.
- Saviez-vous que les brugnons et les nectarines étaient de simples variétés de pêche, et non le résultat de croisements entre pêcher et prunier? Ils se distinguent par leur peau lisse. Le noyau du brugnon adhère à la pulpe, contrairement à celui de la nectarine qui s’en détache facilement.
Sources : Agreste ; Chambre d’agriculture du 82 ; chambre d’agriculture de la Drôme ; EFSA.
A lire : Travail en bio et travail en conventionnel, les différences
Loi biodiversité : l’enjeu pesticides
Des arbres pour sauver les abeilles
Mon alimentation, c’est moi !
Livre : Les insectes, fées de la nature