Épinard bio VS épinard conventionnel

Quelles sont les différences entre épinard bio et conventionnel ? L’épinard est-il riche en fer ? Pousse-t-il en France depuis toujours ?  Et pourquoi s’appelle-t-il « épinard », d’abord ? En mars, épatez vos amis avec ce légume aux jolies feuilles vertes et boursouflées, qui exige beaucoup d’eau et d’engrais azoté de synthèse en conventionnel. Vous pouvez aussi télécharger notre fiche pense-bête sur l’épinard ici.

 

Partie consommée: feuille 
Maladies et autres enquiquineurs: champignons (mildiou, cladosporiose), pucerons, noctuelles (un papillon de nuit dont la chenille mange les feuilles), limaces
Besoins de la culture en azote : 250 kg /hectare

Les engrais azotés (qu’ils soient organiques tels que le lisier et le fumier, ou minéraux) sont responsables de l’émission de protoxyde d’azote (N2O), un gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant 300 fois supérieur au CO2. Le N2O représente plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dues à l’agriculture en France. Le reste est constitué par le méthane (CH4, lié à l’élevage) et enfin le CO2 (utilisation d’énergies fossiles). L’épandage d’engrais azotés est aussi responsable de pollutions des cours d’eau, ce qui peut rendre l’eau de boisson toxique. Que ce soit en bio ou en conventionnel, moins on utilise d’engrais, mieux c’est !

Épinards pas bio

  • Engrais

Les épinards sont particulièrement poussés aux engrais à base d’azote minéral de synthèse tels que le nitrate de sodium, ou salpêtre du Chili. Un engrais « coup de fouet » qui booste certes la plante pour qu’elle grandisse, mais aussi nos petites cellules pour qu’elles fassent des cancers: le nitrate de sodium, qui est aussi un additif alimentaire, est cancérigène.

  • Maladies, limaces et autres enquiquineurs

Si l’on suit les conseils de Syngenta sur son site web  (multinationale semencière, fabricante d’OGM et première productrice de pesticides au monde), il faut faire 6 traitements sur l’épinard au cours de sa croissance, grâce aux produits suivants:

– pour le mildiou et la cladosporiose: fongicides métalaxyl M et acibenzolar -S- méthyl
– pour les pucerons, escargots, limaces : insecticide cyhalothrine, pirimicarbe
– pour les noctuelles : insecticide  chlorpyrifos (très toxique pour les abeilles)
 
  • Conséquence de ces traitements?

Les épinards font partie des légumes qui contiennent la plus forte concentration de produits chimiques. Ils font partie des « Dirty Dozen 2015 », les 12 fruits et légumes contenant les plus grosses quantités de résidus de pesticides (aux côtés des pommes, pêches, fraises et raisins notamment), liste établie par l’association américaine Environmental Working Group.  Ils accumulent tellement bien les produits chimiques qu’au début des années 2000, aux Etats-Unis, des experts ont trouvé des résidus de métabolites du DDT dans 39 % des échantillons d’épinards, alors que ce pesticide est interdit depuis… 1972.

 

 

 

 

 

Bref, les épinards, on les préfère bio.

 

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Épinards bio

  • Engrais

Contrairement au conventionnel, les engrais azotés minéraux sont interdits en bio. Les éléments fertilisants des cultures (azote, phosphore, potassium) sont apportés par le fumier, le compost, les plumes, le guano, la poudre d’os, les scories, etc. mais aussi par les engrais verts, le paillis, les légumineuses, etc.

L‘épinard est une espèce accumulant les nitrates, notamment en climat tempéré et peu ensoleillé (comme en France). En bio, on évite de dépasser les engrais « coups de fouet » comme le guano, afin de ne pas enfreindre la réglementation européenne sur les quantités de nitrates pouvant être contenus dans l’aliment.

En revanche, l’épinard peut lui-même servir d’engrais vert : lorsqu’on l’enfouit dans le sol, il enrichit celui-ci en matière organique.

 
  • Plantes amies

L’épinard aime la compagnie des pois, fèves, haricots, mais aussi  du chou, de la laitue, de la chicorée, du céleri, du fraisier. Pratiquer l’agriculture biologique signifie rechercher les meilleures interactions possibles entre les plantes qui composent ses cultures, que ce soit en termes de fertilisation, de compétition pour les nutriments, de lutte biologique, etc.

  • Maladies, limaces et autres enquiquineurs

En bio on favorise la biodiversité sauvage, foisonnant d’auxiliaires de culture:

-> escargots et limaces : on crée un environnement favorable à leurs prédateurs: lierre, ronces, buissons (pour les grives et les merles), tas de bois et murets (pour les hérissons et orvets), mares (pour les crapauds), bois mort (pour les mille-pattes), etc. Si le biocontrôle ne fonctionne pas, un molluscicide peut être utilisé en bio : l’orthophosphate de fer.

-> pucerons : on lâche des coccinnelles d’élevage, capables chacune d’ingérer 100 pucerons par jour. Dans les cas graves, on peut utiliser un insecticide autorisé en bio : la bactérie Bacillus thuringiensis qui produit naturellement un insecticide. 

-> noctuelles (chenilles défoliatrices d’un papillon de nuit) : on favorise les prédateurs des chenilles tels que les oiseaux (merles, corneilles…), taupes, chrysopes, chauve-souris, carabes, etc. On applique des décoctions de plantes répulsives comme l’absinthe ou la tanaisie. Au pire, on peut toujours utiliser l’insecticide Bacillus thuringiensis, autorisé en bio.

-> mildiou : on coupe les parties touchées de la plante. Ou l’on prévient la maladie en appliquant du purin de prêle, d’ortie, ou du sulfate de cuivre, qui est (autorisé en bio bien que toxique pour la faune, notamment les vers de terre).

De manière générale, en bio, on est plus attentif aux réactions de ses plantes. Concernant l’épinard, on doit faire attention à ne pas trop le stresser, et notamment aux sécheresses, qui font monter la plante en graine facilement et peuvent provoquer le milidiou.

 

Histoires d’épinards

Le tendre épinard n’a de piquant que le nom : Spinacia oleracea, qui signifie légume à épines, dû au fait que les graines de la plante primitive étaient hérissées de piquants. Il se déguste à partir de février – mars.

-> L’épinard a grandi en Asie centrale, dans l’actuel Iran et le Caucase. Il a suivi dans leurs caravanes les Arabes, qui l’ont emmené en Espagne, au Moyen-Âge.

-> Au cours du 16ème siècle, Catherine de Médicis, qui les adorait, les ramène d’Italie. Elle contribuera à l’expansion des épinards dans les assiettes hexagonales et dans les petits poings mécontents des bambins.  

-> S’ensuivent des épinards de partout et rapidement. Ils se mangent cuits ou crus et peuvent même être utilisés sous forme de cataplasme. A la crème, en lasagnes, en salade, en gratin, en croquettes… l’épinard peut s’accomoder de mille façons. On l’aime même sucré, dans des smoothies par exemple, mélangé à des kiwis ou d’autres fruits. On se met même à apprécier on cousin sauvage, le chénopode.

-> L’épinard est riche en vitamines A, C et B et en carotènes (mais pas plus que ça en fer, contrairement à ce que disait Popeye).

 
 
Par ici pour les épinards sautés au gingembre de Valérie Cupillard (que nous remercions pour le partage) et le smoothie vert épinard-orange-banane!

 

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