Cacao bio vs cacao conventionnel

Qui imaginerait une vie sans chocolat ? Ce produit, issu de la culture du cacao, est loin d’être sans impacts, en particulier sur l’environnement et sur les humains qui travaillent en amont de la chaîne. Et si on en mangeait moins, mais qu’on le choisissait en fonction de ses processus de fabrication ?

Partie consommée : les graines, ou fèves, de la cabosse (le fruit du cacaoyer). Le chocolat, ce sont en fait des fèves de cacao écrasées (pâte de cacao + beurre de cacao, la matière grasse contenue dans les fèves), agrémentées de plus ou moins de sucre, de beurre de cacao, d’épices, etc.

Maladies et enquiquineurs habituels: pourritures transmises par des champignons (pourriture brune, pourriture noire, pourriture farineuse, pourridié), oedème des pousses de cacao (virus transmis par un papillon), chenilles, termites, coléoptères (charançons, tragocéphales, scolytes, chrysomèles),  insectes suceurs (punaises, cicadelles, puces, poux) 

Besoins en azote : Dans les cacaoyères, ce sont les autres arbres et les mycorhizes qui fournissent l’azote aux cacaoyers. Pas forcément besoin d’engrais, donc.

Cacao pas bio

  • Gestion des maladies et enquiquineurs

– fongicides : métalaxyl  (très toxique pour les êtres vivants, interdit en Europe), mancozèbe (également très toxique pour les milieux aquatiques)

– insecticides (entre 1 traitement par mois et 4 traitements par an recommandés, d’après le Centre national de recherche agronomique de Côte d’Ivoire) : endosulfan (insecticide organochloré extrêmemement toxique pour mammifères, oiseaux, poissons, abeilles – interdit en UE notamment), diazinon (extrêmement toxique pour poissons, abeilles, oiseaux), imidaclopride (pesticide néonicotinoïde systémique, dont les effets sur les pollinisateurs sont bien connus), chlorpyrifos (extrêmement toxique pour mammifères, poissons, abeilles, oiseaux), acétamipride (modérément toxique), emamectine benzoate, cyhalothrine

– herbicides (pour les jeunes plants) : oxadiazon, nicosulfuron, haloxyfop methyl ester (interdit en France depuis 2008), glyphosate (désherbant non sélectif qu’on trouve dans le Roundup et qui serait encore plus toxique qu’on ne le pense)

[Pour connaître les effets toxiques des pesticides, voir ce site québecois pour la santé et l’environnement bien fourni : SAgE pesticides]

  • Conséquences

Contrairement à des fruits dont nous mangeons la peau comme la pomme ou les fruits rouges, la cabosse est un fruit à coque dure, dont nous mangeons seulement une partie des fèves, elles-mêmes enfouies dans la coque. Toutes proportions gardées, nous ingérons donc moins de résidus de pesticides en mangeant du chocolat qu’en croquant dans une pomme. Cependant, certains pesticides très persistants dans l’environnement se retrouvent dans les fèves. C’est le cas du lindane. Interdit dans de nombreux pays, cet insecticide organochloré de la même famille que le DDT fait encore l’objet d’un usage restreint dans certains pays et peut se trouver à l’état de résidus dans les fèves de cacao.

En revanche, les paysans (et enfants…) qui travaillent les cacaoyères conventionnelles trinquent, eux : dans les pays producteurs de cacao, dits « en développement », la pauvreté, le manque d’information et de matériel font que les travailleurs ne se protègent pas forcément lorsqu’ils pulvérisent des pesticides

Côté environnement, les plantations de cacao en monocultures (souvent le cas en conventionnel) et cultivées de façon industrielle favorisent la déforestation. Elles épuisent leurs sols au bout d’une vingtaine d’années et sont moins productives : les planteurs les abandonnent alors, et vont défricher un autre bout de forêt pour planter une nouvelle cacaoyère. Selon Consoglobe, en Côte d’Ivoire quasiment 13 % de la surface de la forêt d’origine (entre 8 et 10 millons d’hectares) ont été rasés pour planter des cacaoyers destinés à du chocolat. L’enjeu est donc de cultiver des cacaoyers de façon durable, sans déforester.

 

Cacao bio

 
Qui dit cacaoyer bio dit cacaoyer cultivé en agroforesterie, c’est à dire sous couvert forestier. L’agroforesterie permet d’optimiser les interactions écologiques entre les membres d’un écosystème et d’éviter l’ajout d’intrants.  Certains arbres apportent de l’azote, d’autres abritent le prédateur d’un insecte agresseur de la culture, certains apportent de l’ombre, les rongeurs et singes sont attirés par les cabosses, les perforent et offrent ainsi des sites de reproduction pour pollinisateurs, etc. 
 
 
  • Prévention des maladies et enquiquineurs

– Plantes amies : toujours nombreuses pour les cacaoyères cultivées en agroforesterie. Elles se structurent sous forme de strates, par ex. :
→ une strate supérieure haute (bois de Rhodes, acajou amer, ficus) pour l’ombre et la production de bois d’oeuvre
→ une strate supérieure basse (caïmitier, avocatier, bigaradier, cocotier), pour l’ombre et la production de fruits 
→ une strate intermédiaire (bananier) 
→ une strate inférieure haute (cacaoyer) 
→ une strate inférieure basse (plantes médicinales et ornementales)
 
– Détection des maladies le plus en amont possible, enlèvement et destruction des cabosses malades
 
– variétés plus résistantes
 
– élagage pour améliorer la circulation de l’air (et éviter les maladies à champignons liées à l’humidité)
 
– paillis (pour éviter les herbes indésirables au début de la plantation)
 
– huiles essentielles de plantes aromatiques locales, huile de graine de neem (effet insecticide)
 
 
  • Chocolat bio 

En bio, il n’y a pas d’additif chimique. Sur le bio et la santé, voir l’infographie Mon alimentation c’est moi!

 

Histoires de cacao

Humain
Les exploitants locaux de cacao ne reçoivent généralement qu’une partie infime du prix final d’une tablette : environ 6% , selon l’organisation Fairtrade. D’après le même document, les plantations de cacao d’Afrique de l’Ouest emploieraient de force des enfants pour travailler. D’où l’intérêt, au minimum, de choisir du chocolat certifié équitable (et bio, les deux vont souvent de pair).
 
Origines
Le cacaoyer vient d’Amérique centrale et a été introduit en Afrique et en Asie. Le plus gros producteur de cacao dans le monde est la Côte d’Ivoire. 
 
Le cacao bio, lui,  est produit essentiellement en Amérique Latine (République Dominicaine, Equateur, Bolivie).  Il est surtout utilisé pour fabriquer du chocolat de qualité supérieure.
 
Chocolat

Une chocolaterie nettoie les fèves et les torréfie par chauffage à 140°C, ce qui développe l’arôme du chocolat mais détruit en même temps une partie des flavonoïdes (des molécules aux propriétés antioxydantes, c’est à dire anti-vieillissement des cellules) contenus dans les fèves. Les fèves sont ensuite broyées pour fabriquer la pâte de cacao, qui sert de base à la fabrication du chocolat. De cette pâte de cacao, on extrait la partie grasse : le beurre de cacao. Pour faire du chocolat noir, on mélange de la pâte de cacao, du beurre de cacao et du sucre. Pour le chocolat au lait, on y rajoute de la poudre de lait. Pour le chocolat blanc, on mélange du beurre de cacao, du sucre, de la poudre de lait et souvent de la vanille.
 
Le chocolat cru (raw en anglais), lui, est fabriqué sans le processus de torréfaction. Les fèves sont chauffées aux alentours de 40 °C seulement, ce qui préserve davantage d’antioxydants flavonoïdes. 
 
 
 

 

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