L’affichage environnemental vise à fournir aux consommateurs une information sur les impacts environnementaux des produits de consommation et services, sur l’ensemble de leur cycle de vie.
Ce dispositif d’affichage environnemental a été engagé depuis 2009 dans le cadre du Grenelle de l’environnement, afin de « sensibiliser les consommateurs aux impacts environnementaux des produits et services ». Depuis, il y a eu de nombreux rebondissements, et on attend toujours…
En 2015, la loi de transition énergétique pour une croissance verte oblige les fabricants et distributeurs à tenir à disposition des consommateurs les données techniques utilisées pour communiquer sur la performance environnementale de leurs produits.
On connaissait déjà l’étiquette-énergie, qui résume les caractéristiques d’un produit, en particulier ses performances énergétiques, afin de faciliter le choix entre différents modèles. Introduit en 1992 pour la plupart des appareils électroménagers, le principe a été étendu à d’autres domaines comme l’automobile et l’immobilier.
Depuis 2014, c’est le nutri-score qui a commencé à arriver sur les rayons. Le nutri-score est un système d’étiquetage nutritionnel à cinq niveaux, allant de A à E et du vert au rouge, établi en fonction de la valeur nutritionnelle d’un produit alimentaire. Il a pour but de favoriser le choix de produits plus sains d’un point de vue nutritionnel par les consommateurs et ainsi de participer à la lutte contre les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète.
Quant à elle, la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit une harmonisation de l’information des consommateurs sur les caractéristiques environnementales des produits proposés à la vente à partir de 2022. Un dispositif d’affichage environnemental ou social volontaire est alors étudié sous forme d’expérimentation pour définir une méthodologie obligatoire.
La future loi climat prévoit un affichage environnemental qui devra informer les consommateurs sur l’empreinte écologique des produits alimentaires.
Début 2021, une étiquette environnementale pour les produits alimentaires, l’Eco-Score, est utilisée par une dizaine d’applications ou de sites ((Yuka, Marmiton, Open Food Facts, La Fourche, FoodChéri et Seazon, Eco2 Initiative et Etiquettable, ScanUp, Frigo Magic), pour mieux informer les consommateurs, et orienter l’évolution des pratiques des industriels.
Or, pour le moment, la méthode envisagée1 pour servir de base à cet Eco-score ne prend pas correctement en compte les atteintes à la biodiversité et l’impact des pesticides, par exemple. En effet, les impacts environnementaux sont calculés à partir de la base de données agricoles Agribalyse, via des analyses ducycle de vie (ACV). Les manques actuels des ACV et de l’Agribalyse favorisent de manière aberrante l’agriculture intensive.
Conscients de cette incohérence, les auteurs de l’Eco-Score ont tenté d’y remédier en le corrigeant par un système de bonus-malus, en fonction de critères non ou mal pris en compte par l’Agribalyse. Par exemple, les produits bio bénéficient d’un bonus de 15 points, et même de 20 points s’ils sont certifiés Nature et Progrès, Bio Cohérence ou Demeter.
Mais on trouve également des produits classés A dont on peut difficilement dire qu’ils ont un impact très faible sur l’environnement, ce qui correspond à la catégorie A. Par exemple : la compote de pommes venant de vergers conventionnels, ayant pu être traités plus de 30 fois avec des pesticides chimiques, est classée A. De même pour des yaourts faits avec du lait provenant d’élevages de type industriel.
1 En application de la loi économie circulaire de février 2020, une expérimentation a été lancée pour préfigurer l’Ecoscore. Pilotée par l’ADEME et l’INRAE, elle doit notamment permettre de définir les indicateurs à retenir et les formats d’étiquetage.
En avril 2021, fédérées par l’ITAB et le Synabio, plusieurs organisations ont alors dénoncé dans un communiqué de presse commun les limites de l’actuel Eco-Score.
Les résultats des différents projets devaient être remis fin juin 2021, ce qui a laissé très peu de temps. D’autant que la base de données Agribalyse a été rendue publique très tardivement (30 septembre 2020) et a subi des modifications importantes jusqu’à début janvier 2021.
En pratique, il n’y aura eu que 9 mois, et non 18 mois comme prévu dans la loi, entre le lancement de l’appel à projets et la fin de l’expérimentation. « Nous demandons que l’intégralité des 18 mois prévus pour contribuer soit maintenue, comme l’ont souhaité plusieurs organisations participant à cette expérimentation, ainsi que 18 députés de la majorité présidentielle dans une récente tribune. Les politiques publiques qui seront basées sur ces travaux méritent en effet mieux que cette précipitation », conclut donc le communiqué.
Dans le cadre de l’appel à projets lancé par le Ministère de l’Ecologie et l’Agence de la Transition Ecologique (Ademe) pour développer cet affichage, le collectif regroupant associations de consommateurs (dont Bio Consom’acteurs), de protection de l’environnement, organisations de défense du bien-être animal et acteurs de la bio propose l’alternative du Planet Score. Ce score, fruit d’un travail basé sur l’indépendance et la transparence propose une évolution de l’Eco-Score afin de prendre en compte l’impact environnemental réel des produits, en détaillant 3 sous-indicateurs : les pesticides, la biodiversité et le climat, ainsi qu’un indicateur « bien-être animal ».
Le Planet Score se distingue par cinq atouts majeurs :
- Il repose sur une expertise scientifique approfondie et pluridisciplinaire
- Il permet de corriger certains indicateurs de l’ACV pour mieux évaluer l’impact de la toxicité des pesticides sur la santé humaine et l’environnement
- Il mesure les impacts négatifs et positifs de l’agriculture sur la biodiversité, en fonction des modes de production (bio, extensif, intensif), corrigeant ainsi une dimension actuellement très mal couverte par l’ACV
- Il fournit une information à jour sur les impacts climatiques des aliments
- Il apporte une information complémentaire sur le bien-être animal, qui fait partie des défis d’une agriculture soutenable et ne peut être déconnecté des enjeux écologiques en matière d’alimentation.
Paru le 5 juillet 2021 et soutenu par 15 ONG, le collectif publie un nouveau communiqué de presse afin de soutenir le Planet Score.
Reposant sur des enquêtes consommateurs auprès d’un large panel, le Planet Score est à la fois issu de concertations scientifiques et de la consultation de panel consommateurs.
Nous, Bio Consom’acteurs sommes invités à participer avant le 31 juillet 2021 à une enquête consommateurs spécifique via ce lien.
Cette enquête permettra de mieux connaître les habitudes et les attentes sur le sujet de l’alimentation et la perception de l’impact potentiel du Planet score. Votre participation à cette enquête est primordiale, si vous souhaitez mettre en avant vos attentes sur le bien-être animal, les modes d’élevage ou la protection de la biodiversité, et une forte mobilisation citoyenne donnera plus de poids au projet d’affichage du Planet score.
Les prochaines échéances sont très proches et nous avons besoin de votre participation : répondez à cette enquête et partagez-là autour de vous !
Les arbitrages se feront en septembre 2021 pour une présentation au Parlement européen en octobre et une application début 2022. La mobilisation de toutes et tous est donc primordiale pour peser dans les décisions à venir et nous doter d’un affichage environnemental juste et cohérent permettant une évolution de notre alimentation et de notre production.
Nous vous tiendrons informés de la suite donnée au Planet Score.