La question qui nous a été posée ce mois-ci par une consom’actrice est la suivante : comment peut-on économiser l’eau potable en été ?
D’abord, rappelons le chiffre des 2,2 milliards de personnes sur la planète n’ayant pas accès à l’eau potable à leur domicile. Ce chiffre nous renvoit à notre condition de personne privilégiée, dès lors qu’une eau potable coule librement à notre robinet. La question de l’économie de l’eau est d’actualité en été, mais devrait l’être en réalité toute l’année. A la date où nous écrivons cet article, 51 départements sont en alerte sécheresse à juin 2023, dont 17 départements en crise, 19 en alerte renforcée et 15 en alerte. Les 27 autres départements risquent de subir des restriction pendant l’été 2023*. La température dans l’Atlantique nord bat des record, 22,7 °C enregistrée en juin **, ainsi que la température mondiale en 2023 est d’environ + 15°C en mai dernier *** Le risque d’une tension sur l’eau plus forte encore cette année est donc largement probable.
Ce sujet fait également écho à la question de l’accaparement de l’eau au travers des projets de méga-bassines. Vous pouvez retrouver notre dossier sur ce sujet ici.
Gestes individuels : des conseils et un impact limité
Si la question porte sur ce que nous pouvons, individuellement, faire chacun à notre échelle, voici quelques conseils :
- Installer des toilettes sèches (l’eau de la chasse d’eau est potable).
- Manger moins de viande. En tenant compte de l’eau potable pour les animaux et de l’eau pour le nettoyage des étables, on arrive à un total de 15 500 litres d’eau consommée pour un kilo de viande bovine.
- Éviter de consommer des céréales ou produits agricoles produits en conventionnel et nécessitant un apport massif d’eau..
- Refuser les piscines individuelles.
- N’arroser son jardin qu’aux heures les moins chaudes et en privilégiant une eau de récupération (lavage des aliments) ou la collecte de l’eau de pluie. Pour éviter d’arroser trop souvent, nous vous conseillons de pailler votre jardin (Voir ici nos conseils)
Ces propositions sont les plus impactantes. Vous pouvez aussi adopter le fameux « écogeste résilient et non contraignant» (et non impactant) :
- Fermer le robinet après chaque utilisation ou fermer le robinet pendant que vous vous savonnez ou brossez vos dents
- Installer un « mousseur » pour diminuer le débit du robinet d’environ 50%
- Privilégier l’eau du robinet à l’eau en bouteille
- Préférer les douches aux bains
- Prendre des douches de moins de 5 minutes – (un conseil mettez votre musique préférée sous la douche lorsque celle – ci est finie ; votre douche aussi !)
- Faire fonctionner les appareils électroménagers – machine à lavée ou lave – vaisselle – « à plein » afin d’éviter la répétition de cycles
- Repérer les fuites d’eau en vérifiant vos compteurs d’eau
- (et on ne vous propose pas de faire pipi sous la douche car bien évidemment, vous avez déjà des toilettes sèches !)
Ces gestes sont nécessaires et utiles, mais il faut garder à l’esprit qu’ils ne représentent qu’une très faible part de ce que nous devons faire pour préserver la ressource, même si tout le monde s’y mettait simultanément. Le changement climatique, comme la raréfaction des ressources (eau notamment) ne reposent pas sur la responsabilisation des individus, mais sur notre fonctionnement collectif, économique et politique. En clair, pour sauver la planète, mieux vaut lutter contre le capitalisme que de faire pipi sous la douche (mais on peut faire les deux) ! Pire, la seule culpabilisation permet de reporter la faute à l’échelle individuelle et préserver ainsi le fonctionnement global du système à l’origine du problème.
Première activité consommatrice d’eau : l’agriculture
L’agriculture reste la première activité consommatrice d’eau avec 58% du total, devant l’eau potable (26%), le refroidissement des centrales nucléaires (12%) et les usages industriels (4%). Dans la précédente estimation, l’agriculture était déjà la première consommatrice, mais avec seulement 45% du total, tandis que les centrales comptaient pour 31% et l’eau potable pour 21% (source : L’usage de l’eau en chiffres : qui prélève et qui consomme quoi en France ?, France Bleu, mars 2023)
Le gaspillage, les fuites (et donc l’état du réseau) et l’utilisation excessive par l’agriculture intensive ou l’industrie sont donc les principales causes de la raréfaction (et de l’accaparement !) de la ressource.
Agir collectivement
Des solutions existent mais ne sont pas prises par les pouvoirs publics. Nous aurions tendance a vous dire que la meilleure manière d’agir pour économiser l’eau cet été serait de rejoindre les mouvements et les luttes qui agissent et proposent des actions concrètes pour faire pression sur l’état et les lobbies.
- Quelques idées et quelques liens pour vous orienter :
- Participer au convoi de l’eau contre les méga-bassines, pour le partage de l’eau et des terres du 18 au 27 août
- Suivre les actions, les propositions sur la question de l’eau : https://bassinesnonmerci.fr/
- Interpeller sa commune, son département ou son voisin agriculture sur la gestion de l’eau
- S’organiser à l’échelle locale ou rejoindre un collectif existant sur sa commune ou sur son lieu de vacances
- Participer à des actions contre l’usage abusif de l’eau par l’industrie (par exemple Lafarge).
- Planter des arbres, des haies.
- Défendre les îlots naturels et les zones humides
Sources :
* Restriction pendant l’été 2023
** Température dans l’Atlantique nord
*** Température mondiale en 2023
