La fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) a publié un recueil d’expériences de circuits courts et de proximité, bio et solidaires. Tous sont fortement innovants, notamment en termes de modèle économique, de liens social et avec le territoire. Quelques-unes de ces initiatives sont présentées ici.
Les Patates Douz’(Paris 12) sont une association pour le maintien d’une agriculture paysanne (amap). Son originalité : avoir établi un système de prix du panier solidaire. L’adhérent peut donc payer entre 8 et 19 euros, en fonction du revenu qu’il déclare à chaque début de saison. C’est un système volontaire, auquel participent environ les deux tiers des consommateurs de l’amap. Entièrement bénévole, le travail de calcul du prix doit être renouvelé chaque saison, et peut être lourd. Car il s’agit de garantir un prix du panier constant pour le producteur – 15 euros. Lequel soutient à fond l’initiative. «Beaucoup de maraîchers sont sensibles au fait que les produits qu’ils proposent ne sont pas accessibles à tous les consommateurs», témoigne Rémy Logié, bénévole aux Patates Douz’.
Autre projet de circuit court, de proximité et solidaire : les Biocabas en région Nord-Pas-de-Calais. Lancés par la coopérative de producteurs Norabio, avec le groupement des agriculteurs biologique du Nord-Pas-de-Calais, ces paniers , car ils sont préparés et livrés par des salariés en insertion. Par ailleurs, des Biocabas accessibles ont été mis en place. Distribués dans des centres sociaux et maisons de quartier à des personnes en difficulté (chômeurs, Rmistes, retraités, familles monoparentales), ces derniers coûtent 5 euros au consommateur pour un panier maraîcher subvenant aux besoins de 2 à 3 personnes par semaine. 10 euros sont versés au producteur. Les 5 euros restants sont pris en charge par le Conseil général du Nord.
A Blois (41), on tombe sur les Paniers du Val de Loire, de l’association Val bio Centre. Les maraîchers, ce sont non seulement des fermes familiales, mais aussi des personnes en réinsertion travaillant dans des jardins de Cocagne ou d’autres associations d’insertion, des producteurs en cours d’installation en bio, un lycée horticole… Conditionnement et distribution des paniers sont effectués par des personnes en réinsertion. Le grand nombre de producteurs offre un choix de produits large, ce qui ne serait pas possible avec un seul maraîcher. «Il faut arrêter de demander aux agriculteurs de tout produire sur une exploitation», selon Thierry Hanon, administrateur de Val bio Centre. «Pour un maraîcher, il n’est pas possible de cultiver un trop grand nombre de variétés tout en ayant un certain degré de «vivabilité» ».
Jardin d’insertion du réseau Cocagne, le Terreau a pour but d’aider des personnes en difficulté à retrouver un emploi par le maraîchage de produits locaux et bio. Localisé à Cruas en Ardèche (07), il fait travailler 7 permanents. Dans le cadre de l’opération 30 000 paniers solidaires, lancée par le réseau Cocagne, l’association propose un prix du panier compris entre 1 et 3 euros pour les familles à revenu modeste, au lieu des 8 euros habituels. La différence est prise en charge par le conseil général de l’Ardèche, le conseil régional de Rhône-Alpes et, à l’échelle nationale, par les ministères de l’agriculture et de la cohésion sociale, Gaz réseau distribution France et la fondation Macif.
Dans un quartier populaire de Lyon (69), l’épicerie De l’autre côté de la rue commercialise depuis 2006 des aliments et cosmétiques issus de l’agriculture locale, bio de préférence et commandés directement auprès des producteurs. Ce sont eux qui fixent leur prix de vente. L’épicerie vend ensuite les produits «avec des marges peu élevées et un bon rapport qualité-prix». L’inconvénient: ces faibles marges offrent peu de capacités d’investissement. 4 salariés sont employés à temps plein dans la société coopérative participative (scop). Par ailleurs, «il n’est pas facile de communiquer auprès des personnes qui ne sont pas sensibilisées aux thématiques du commerce alternatif et de l’agriculture durable, notamment els personnes à faibles revenus», reconnaît Alice Dupuis, l’une des 4 salariés. Basées sur la confiance et non sur contrat, les commandes de produits se font auprès de 5 à 6 exploitations agricoles pour chaque catégorie (laitages, viandes, maraîchage, vins, etc.).
Une balade dans le parc de votre quartier pour observer comment poussent vos légumes, ça vous tente ? L’association Planète Lilas a rendu ce rêve possible. Sur d’anciennes carrières de gypse, dans le parc des Lilas, à Vitry-sur-Seine (94), elle cultive 2 hectares en maraîchage bio. Ouvert à tout public, cet espace est cultivé par 3 maraîchers, avec la participation des adhérents (qui en compte 250 dont une cinquantaine actifs dans l’association). Le prix des légumes est déterminé «de façon empirique, les légumes qui demandent la plus grande quantité de travail à la production sont plus chers». Espace public oblige, le vol de légumes sur les parcelles de Planète Lilas s’élève à environ 1 000 euros par an. Des espaces pédagogiques sont réservés à un centre de loisirs, un centre social et une structure médico-légale, partenaires de l’association. Les terres cultivées par Planète Lilas sont mises à disposition par le conseil général du Val-de-Marne, ainsi que des bureaux et un hangar. Le conseil régional et la ville de Vitry financent un emploi-tremplin et des actions ponctuelles, d’éducation par exemple. Philippe Maingault, coordinateur de Planète Lilas, note que «l’association doit renouveler régulièrement ses sefforts pour maintenir la confiance avec le conseil général et reconduire la convention».
Pour lire le recueil des 13 expériences, suivez ce lien.
Voir l’article de Bio Consom’acteurs: La Fnab publie un recueil de 13 innovations dans les circuits courts et de proximité