Claude Aubert: L’agriculture biologique : une agriculture essentielle pour protéger la santé et l’environnement

Claude Aubert est ingénieur agronome et auteur de plusieurs ouvrages de référence sur l’agriculture, le jardinage biologiques et l’alimentation saine et l’un des principaux acteurs du développement et de la reconnaissance de l’agriculture biologique en France dès le milieu des années 60.
Il a participé à la rédaction du premier cahier des charges bio français, celui de Nature et Progrès, qui a largement inspiré la réglementation française. Il a contribué à la création de la Fédération Internationale d’Agriculture Biologique (IFOAM) et a été l’un des rédacteurs du cahier des charges de cette organisation. Cofondateur, puis directeur de Terre Vivante jusqu’en 2005, il se consacre ensuite à l’écriture et à l’édition, et est devenu un spécialiste reconnu des relations entre agriculture, alimentation, santé et environnement. Membre de la commission qualité de l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique), il travaille aujourd’hui,comme consultant, auteur et conférencier.
Dans « Expression d’intérêt collectif – réussir la transition », Claude Aubert s’exprime sur l’importance de la bio sur la santé.

 

Plus personne –  sauf quelques irréductibles –  ne conteste que l’agriculture biologique non seulement protège l’environnement mais qu’est la seule à le faire efficacement, qu’il s’agisse de la biodiversité, de la non utilisation de pesticides ou  de l’interdiction des engrais azotés de synthèse.

Par contre, l’impact positif sur la santé est encore parfois contesté. Il a deux volets : la valeur nutritive des aliments et l’absence de composés toxiques. En matière nutritionnelle, la supériorité des produits bio est importante et incontestable pour au moins deux familles de constituants : les antioxydants, et en particulier les polyphénols, dans les fruits et les légumes, et les acides gras oméga 3 dans les produits laitiers.

En matière de composés toxiques, le problème central est évidemment celui des pesticides. On en trouve entre 20 et 50 fois plus dans les produits conventionnels que dans les bio. L’impact sur la santé reste largement débattu. L’impact négatif sur la santé des agriculteurs est enfin reconnu par les plus hautes autorités scientifiques : une expertise collective de l’INSERM publiée en 2013 vient de le reconnaître. De nombreuses publications scientifiques concluent également à l’augmentation du risque de nombreuses pathologies (cancers, malformations à la naissance, problèmes de reproduction) chez les enfants et dans l’entourage des agriculteurs utilisant des pesticides.

Le risque pour le consommateur continue à être nié par les instances officielles, et en particulier par l’EFSA, l’autorité européenne en la matière qui, dans son dernier rapport sur les résidus de pesticides contenus dans les aliments en Europe, conclut que ces derniers, pourtant présents dans près d’un fruit sur deux, ne posent pas de problème de santé publique, ignorant délibérément les publications scientifiques qui concluent le contraire. Ignorant aussi deux données pourtant incontestables : l’effet des pesticides perturbateurs endocriniens, qui perturbent l’équilibre hormonal du fœtus à des doses 100 à 1000 fois inférieures à celles non toxiques chez l’adulte, et l’effet cocktail, c’est-à-dire l’effet cumulé des dizaines de pesticides et autres produits chimiques que nous ingérons chaque jour.

Et puis, quel que soit l’impact des pesticides sur la santé des consommateurs, est-il raisonnable de consommer des aliments – ceux de l’agriculture conventionnelle – dont nous savons que leur production menace la santé de ceux qui les produisent, de leur famille et de leurs voisins ?

Pourquoi je soutiens Bio Consom’acteurs:
Le développement de l’agriculture biologique, essentiel pour la protection de notre santé et de l’environnement et pour lequel je milite depuis 45 ans, passe évidemment par celui de la consommation de produits bio. Une consommation qui ne peut augmenter qu’en multipliant les actions de communication auprès de ceux, encore beaucoup trop nombreux, qui ne sont pas convaincus que manger bio est une priorité. L’association Bio Consom’acteurs est un outil précieux pour contribuer à cette prise de conscience et je suis heureux de soutenir son action.
 

Claude Aubert
 

Extrait de « Expressions d’intérêt collectif – Réussir la transition », édité par Bio Consom’acteurs en décembre 2013.

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