Quelles sont les conditions d’élevage en bio ?

 

Dans un contexte de prise de conscience globale des consommateurs et des consommatrices, le bien-être animal est devenu une préoccupation croissante. Depuis 2015, le code civil attribue d’ailleurs aux animaux la qualité d’être sensible, et un statut juridique plus protecteur. La loi sur l’agriculture et l’alimentation (dite « loi EGalim »), promulguée le 30 octobre 2018, instaure plusieurs mesures pour lutter contre la maltraitance animale, dont la mise en place de la vidéosurveillance dans les abattoirs, mais « à titre expérimental et sur la base du volontariat ». De plus, la notion de bien-être animal est plus précise encore depuis la définition de l’ANSES en 2018 qui prend en compte les notions de besoins et d’attentes, qui constituent des variables importantes pour le bien-être des animaux. « Le bien-être d’un animal est l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ».

La prise en compte du bien-être animal conduit de nombreux consommateurs à modifier leurs comportements alimentaires. Beaucoup manifestent un attrait croissant pour les filières plein air ou la filière agriculture biologique. Certains décident aussi de réduire volontairement leur consommation de viande ou de protéines animales. Les végétariens et les végétaliens ne consomment aucune chair animale. Parmi les végétaliens, les Vegans s’engagent expressément dans la défense de la cause animale et refusent tout produit d’origine d’animale comme le miel ou le cuir.

Parmi les raisons qui incitent à consommer des produits biologiques, c’est la question du bien-être animal pour améliorer les conditions d’élevage et d’abattage, qui monte, et notamment chez les plus jeunes.

L’agriculture biologique est un mode de production qui recourt à des pratiques culturales respectueuses des équilibres naturels. Le « respect des conditions de vie des animaux » est une composante essentielle du label bio.

Pourtant, l’actualité récente a montré que la pratique de l’élevage de plein air est menacée (voir nos articles sur ce sujet, notamment « STOP À LA CLAUSTRATION DES VOLAILLES SAUVONS LE PLEIN AIR ! »).

Les principes du bien-être animal

5 « libertés » sont reconnues internationalement pour définir le bien-être animal et ont été définies par le Farm Animal Welfare Council en 1992 :

  • Ne pas souffrir de la faim ou de la soif
  • Ne pas souffrir d’inconfort
  • Ne pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies
  • Pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espace
  • Ne pas éprouver de peur ou détresse

 

Le cahier des charges en agriculture biologique

L’élevage en bio présente des normes plus élevées de bien-être animal que l’élevage standard. La réglementation européenne en agriculture biologique, précise que « toute souffrance y compris la mutilation, est réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal y compris lors de l’abattage ».

Pour Bio Consom’acteurs cependant, ces mesures ne suffisent pas et laissent planer des incohérences, d’autant qu’il existe parfois des dérogations pour pratiquer par exemple l’attache ou des mutilations systématiques.

 

Ainsi, même si la durée du transport des animaux d’élevage doit être réduite au maximum en bio, les limitations ne sont pas systématiques. De plus, les conditions d’abattage sont pour l’instant identiques au conventionnel. Si le broyage des poussins mâles est interdit en France depuis le 1er janvier 2023, en bio comme en conventionnel, il est toujours autorisé d’éliminer les poussins mâles mal ovosexés (technique d’ovosexage permettant de détecter le sexe des embryons dans l’œuf), les poussins non viables et les poussins mâles issus des poules blanches (environ 15% de la production nationale) par gazage au CO2. Cette méthode d’élimination n’est pas préférable au broyage étant donné que les poussins souffrent pendant de longues secondes avant de mourir.

 

Il est à noter qu’une décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne interdit désormais l’abattage sans étourdissement en bio. Pour l’ensemble de ces exemples, nous demandons une meilleure prise en charge des conditions d’élevage et de vie des animaux.

Voici quelques exemples de ce qu’implique la certification bio pour les conditions d’élevage et l’alimentation animale.

  • L’attache est interdite, sauf en montagne et dans des situations précises.
  • Chaque animal dispose d’un espace bien aéré, de lumière naturelle et d’une surface minimum supérieure à l’élevage conventionnel, paillée à l’intérieur des bâtiments, lui permettant de se mouvoir librement.
  • Le nombre d’animaux par bâtiment et la taille des bâtiments sont limités.
  • Le gavage est interdit en agriculture biologique.
  • Les jeunes mammifères sont nourris avec des laits naturels, et de préférence au lait maternel.
  • En cas de problème sanitaire, homéopathie et phytothérapie sont utilisées en priorité, et les médicaments vétérinaires à titre curatif sont utilisables dans un cadre très précis.
  • La coupe des queues et la taille de dents sont interdites. La castration à vif des porcelets est interdite.

 

 

Complémentaires du label bio, des labels ou des marques vont plus loin sur le bien-être animal 

 

Demeter et Nature et progrès

  • Nourriture des animaux : 80 % de la ferme
  • Très peu de traitements vétérinaires allopathiques sont pratiqués
  • La taille du cheptel maximale est deux fois plus petite qu’avec le label bio européen.
  • Ecornage interdit sauf rares dérogations.
  • Temps de transport des animaux limité à 6 heures.
  • Huile de palme et farines animales interdites

 

Bio cohérence

  • Nourriture des animaux : 80 % de la ferme
  • Très peu de traitements vétérinaires allopathiques sont pratiqués
  • Précautions supplémentaires au label européen pour éviter la contamination OGM.
  • Compostage obligatoire et ensilage limité à 70 % de la ration journalière des animaux
  • Caillebotis interdits pour les volailles.
  • Temps de transport limité à 8 heures.

 

L’ébourgeonnage des cornes est cependant autorisé, ainsi que l’attache si les animaux ont accès au moins 2 fois par semaine au plein air

A l’inverse, de nombreux labels, mentions valorisantes et marques n’apportent pas, ou peu, de garanties sur le bien-être animal.

Le label rouge

Les cahiers des charges varient de manière importante selon les types de produits et incluent souvent des pratiques d’élevage plus respectueuses à l’image des « poulets label rouge de plein air ». Attention pour le porc, le label rouge seul ne suffit pas, il faut au minimum la mention « fermier en liberté » ou « fermier en plein air » pour avoir des garanties. Cependant, le label rouge trouve rapidement des limites dans ses pratiques et dans l’alimentation donnée aux animaux :

  • Pesticides, engrais chimiques de synthèse et antibiotiques autorisés.
  • Ensilage, attache, écornage et farines animales autorisés.  
  • Pas de limite pour la surface des bâtiments de poules ou la taille des cheptels.

Les appellations d’origine contrôlée (AOC), « l’agriculture raisonnée », « Bienvenue à la ferme » et d’autres mentions valorisantes et marques (voir le guide « La boussole des labels« )

  • Pas d’interdiction formelle de l’élevage hors sol ou du transport des animaux vivants.
  • Pas d’interdiction formelle des OGM, des pesticides, des engrais chimiques de synthèse et des antibiotiques
  • L’ensilage est autorisé
  • Pas de limite pour la surface des bâtiments de poules ou la taille des cheptels.
  • Attache, écornage, épointage et broyage autorisés de manière générale

Pour aller plus loin :

Le guide du consommateur du CIWF

La boussole des labels

Le cahier des charges en agriculture biologique

 

Cette question est tiré du livret « La Bio en questions » à retrouver gratuitement ici.

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