Vers un affichage environnemental obligatoire sur les produits de consommation?

Le centre d’analyse stratégique, institution dépendante de Matignon, recommande au gouvernement d’annoncer dès aujourd’hui une obligation d’affichage environnemental des produits de consommation, sous forme d’étiquette. Cet affichage devrait selon le CAS être opérationnel d’ici 3 à 5 ans.

Nul doute que les lecteur(rice)s de Bio Consom’acteurs connaissent le label de l’eurofeuille européenne. Ainsi que sa signification : la garantie que le produit labellisé a été fabriqué selon des méthodes et pratiques agricoles qui respectent le cahier des charges européen pour l’agriculture biologique. En revanche, qui se doute des impacts réels sur l’environnement d’un produit, bio ou non ? Pollution de l’eau et de l’air, destruction de la biodiversité, émissions de gaz à effet de serre… Les conséquences sur l’environnement demeurent inquantifiables pour le consommateur lambda qui hésite entre plusieurs produits.  « Si 70% des consommateurs sont en mesure d’identifier facilement les produits de l’agriculture biologique, seul le tiers d’entre eux est à l’aise lorsqu’il s’agit de déterminer si un produit est respectueux de l’environnement », souligne une note du centre d’analyse stratégique (Cas) diffusée le 5 février 2013. Or, la loi Grenelle 1 a prévu de généraliser l’affichage environnemental des produits et services. Le Cas, groupe d’experts dépendant du Premier ministre, a donc élaboré trois recommandations pour rendre efficace cet affichage.

Tout d’abord, le gouvernement devrait «annoncer dès aujourd’hui une obligation d’affichage environnemental sous forme d’étiquette sur les produits de consommation à échéance de trois à cinq ans». Depuis juillet 2011, un peu plus de 150 entreprises expérimentent un affichage environnemental: les Auchan, Casino, Biocoop, Danone, Coca-Cola, Ethiquable, Levi Strauss, Séphora, Weleda… ont tenté d’informer le grand public sur les impacts sur l’environnement de certains produits, via divers supports. Etiquettes en rayon ou sur le produit, page internet dédiée, flashcode…. et selon différents critères : échelles, couleurs, pourcentages ou valeurs absolues pour noter l’eutrophisation des cours d’eau, les émissions de GES, l’épuisement des ressources naturelles, la consommation d’eau, etc. Le bilan de cette expérimentation sera transmis au Parlement courant 2013, selon le Cas. Par ailleurs, France nature environnement (FNE) et 8 autres associations ont remis leur analyse de l’expérimentation au ministère de l’écologie fin 2012. Avec pour objectif de généraliser l’affichage qui convient le mieux, de manière à informer les consommateurs de manière claire. Et crédible.

La crédibilité étant indispensable pour attirer l’attention des consommateurs, le Cas recommande de créer un logo officiel, «contrôlé par les pouvoirs publics, pour éviter la confusion». Celui-ci doit avoir «une forme aisément identifiable et simple à interpréter par le consommateur, tant lors de l’acte d’achat en magasin qu’à domicile pour une information plus détaillée (site web, flashcode)». Aussi, le Cas conseille d’accompagner l’affichage environnemental par des incitations du consommateur. Par exemple, «en mentionnant sur le ticket de caisses de produits achetés leur contenu en CO2 et leur impact sur la biodiversité».

Certains produits disposent déjà d’un affichage de ce type : l’électroménager profite depuis 2008 d’une étiquette notant la performance énergétique du produit. Une information efficace en termes de comportement du consommateur, puisqu’ «en 2009, 90% des machines à laver vendues appartenaient à la classe 1, tandis que la totalité des ventes concernaient des appareils classés de B à G en 1996», d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Aujourd’hui, l’abondance de labels sur les produits de consommation courante embrouille le consommateur, plus qu’il ne l’éclaire dans ses choix. Si 77% des Français se disent disposés à acheter des produits bons pour l’environnement, 19% seulement agissent en conséquence, selon une étude Eurobaromètre/TNS citée dans la note du Cas. NF environnement, AB, FSC, MSC, GOTS, Naturtextile, Agriculture raisonnée… Comment s’y retrouver ? Surtout, comment différencier les vrais labels des allégations environnementales autoproclamées par certaines entreprises ? «Une certaine méfiance s’est installée vis-à-vis des messages publicitaires : 35% des Français affirment ne plus supporter les messages des marques en faveur de l’environnement», selon l’étude Ethicity de 2012. Pour autant, «64% des Français souhaitent une information sur l’impact environnemental des produits, avant tout dans les rayons alimentaires, d’entretien, d’hygiène et de cosmétique», selon une étude du cabinet de conseil Ethicity en 2012 citée dans la note du Cas.

Le Parlement devrait prendre une décision sur la généralisation de cet affichage durant l’année 2013.

 

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