Retours sur la soirée-débat à l’Académie du climat

Le 9 novembre 2021 à l’Académie du Climat (Paris), l’Association Bio Consom’acteurs organisait la conférence « Le modèle agro-industriel est-il compatible avec une bio locale et équitable dans un contexte de crise climatique ?», dans le cadre du festival Alimenterre.

Le débat est maintenant disponible en vidéo et accessible en cliquant ici 

Près de 100 personnes étaient au rendez-vous, et vous étiez nombreux et nombreuses à n’avoir pas pu assister à l’événement.

La projection du film UAR –The resilient a été très appréciée, et a permis de poser les éléments de contexte, avant le débat. Après une introduction d’Anne-Françoise Taisne, déléguée générale du CFSI, un débat riche s’est déroulé entre les 6 intervenants et le public animé par Marie Helene Evert de l’association WWOOF France.

S’il existe bien des solutions techniques en agriculture pour faire face à la crise climatique, c’est la notion de résilience qui était au cœur du débat : la résilience des revenus des agriculteurs et la résilience des modes de production.

Tous les intervenants se sont accordés à dire que les revenus des agriculteurs sont insuffisants. Ils ont pointé la responsabilité des politiques agricoles, notamment celle de la PAC, et des politiques commerciales internationales qui font des denrées alimentaires « une simple monnaie d’échange ». L’attribution des aides, basée sur la taille de la structure agricole, favorise la concentration des exploitations.

« 80% de l’enveloppe de la PAC va à 20% des agriculteurs les plus pollueurs. », a dénoncé Benoît Biteau.

Le commerce international a été largement questionné puisqu’il met injustement en concurrence les paysans du « Nord » et ceux du « Sud » alors que pour un même produit agricole, le travail fourni par les uns et les autres, ainsi que l’impact de l’agriculture conventionnelle du « Nord » et celui de l’agriculture familiale et paysanne du « Sud » sur l’environnement ne sont pas les mêmes. Aussi, les différences de productivité impliquent des écarts de rémunération colossaux.

« Les logiques d’économie de marché ne servent ni les agriculteurs ni les consommateurs. », selon Benoît Biteau.

Le commerce équitable est apparu comme une des solutions à ces problèmes de revenus dans la mesure où il garantit un prix plancher.

Tous les intervenants s’accordaient sur la nécessité d’une transition des modes de production vers une agriculture plus familiale et diversifiée, qui crée plus de valeur ajoutée et de meilleurs revenus.

Pour la majorité des intervenants, le bio et des modes de production industriels ne sont pas compatibles dans un contexte de dérèglement climatique. Pour garantir la préservation du vivant, le bio doit reposer sur des exploitations agroécologiques et paysannes alors que, selon Carole Piette, « l’agriculture industrielle vise la concentration, la spécialisation, la globalisation et l’intensification ». Le bio-industriel n’est pas durable.

« Il n’y pas d’avenir pour une agriculture bio qui se voudrait industrielle » selon Marc Dufumier

Il y a également entente sur l’inadéquation entre la Politique agricole commune (PAC) et l’urgence à changer nos systèmes de productions et d’alimentation. Même si la part des fermes en agroécologie augmente et représente une solution face à l’urgence climatique et face à l’effondrement de la biodiversité, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur, ni en terme de moyen, ni en terme d’incitation et de calendrier.

« Je suis découragée quand j’entends parler de la PAC et quand je la subis en tant qu’agricultrice «  Confie Sabine Bonnot

Côté alimentation, le bilan n’est pas plus brillant. Alors que plusieurs organisations dont Bio Consom’acteurs se sont fédérées autour de l’ITAB pour proposer un affichage environnemental qui inclut le bien-être animal, l’utilisation des pesticides et l’impact sur le climat (le « Planet score »), les orientations vont dans le sens inverse :

« On a des politiques incohérentes où on nous parle beaucoup de climat, on nous fait des comptabilités qui sont, l’institut l’a montré, partiellement fausses basées sur des données du GIEC complètement obsolètes […] On va vous montrer une note qui sera fonction du rendement. Plus le rendement sera fort, plus la note sera bonne » précise Sabine Bonnot de l’ITAB.

L’agriculture peut avoir des bienfaits sur l’environnement, ou en tous cas atténuer le dérèglement climatique, en particulier grâce l’agroécologie, par exemple en séquestrant le carbone et en émettant moins de GES. L’agroécologie a un rôle capital pour la préservation et la restauration de la biodiversité. Elle devrait donc être rémunérée pour les services écosystémiques rendus.

Témoignage de Maryline Couturon :

Qu’est-ce que la projection vous a apporté ?

La projection confirme ce que l’on ne sait que trop, à savoir que le changement climatique est bel et bien en route.

Il m’a fait prendre conscience que certains pays du Sud, en raison de leur climat aride, avec l’aide d’association leur enseignant la permaculture, ont trouvé un moyen de cultiver à nouveau.

Les pays du Nord trouveront peut-être une solution grâce aux pays du Sud éprouvés depuis longtemps par la sécheresse.

Qu’est-ce que la conférence vous a apporté ?

La conférence m’a fait découvrir l’Académie du climat. Elle m’a éclairé sur le PAC, ce qu’il faudrait changer afin d’apporter une aide mieux répartie et surtout plus significative pour les agriculteurs en bio ou en transition.

Le changement est l’affaire de tous, producteurs, industriels consommateurs, sans oublier bien évidemment les politiques.

Qu’est-ce que vous avez aimé ?
Ce que j’ai bien aimé, le choix du film, les invités plus particulièrement, Marc Dufumier que je trouve admirable. Enfin le débat été enrichissant.

Un mot pour le buffet tout de même, très bien, de plus il a permis de prolonger les échanges pour ceux qui le souhaitaient.

Connaissiez-vous l’association et ses problématiques avant/qu’est-ce qui vous a fait la connaître ?

Je ne connaissais pas l’association, j’ai rencontré Julie au salon Marjolaine quelques jours avant et elle m’avait vivement encouragée à venir.

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