Pénuries ou pas, il est possible d’acheter autrement pour Noël

C’est la période des fêtes. L’occasion de se rappeler d’où viennent la majorité des jouets, quels sont leurs coûts environnementaux, mais aussi de découvrir des pistes pour consommer autrement, tout en faisant plaisir et sans se ruiner. Au passage, ne croyez-vous pas que le meilleur des cadeaux reste le moment passé avec ses proches, et non l’accumulation matérielle ? Par exemple, est-ce que vous vous souvenez plus du moment que vous avez passé entre amis ou en famille, ou des cadeaux que vous avez reçu pour Noël 2020 ?

Cette année plus que d’autres, c’est l’occasion de se poser la question, alors que les prix augmentent et que les risques de pénuries sur certains produits se confirment.

Des prix en hausse et des risques de pénuries

Une grande majorité des jouets vendus dans le monde sont fabriqués en Chine. Or, la pression sanitaire est forte et perturbe l’activité du pays. La fabrication des jouets y est très ralentie. La Chine peine à approvisionner l’ensemble de la planète, notamment à cause des coupures d’électricité dues à des problèmes d’approvisionnement en charbon¹.

Les jouets qui arriveront jusqu’en France coûteront sans doute plus cher. La Chine manque de matières premières, comme le bois, le plastique ou le carton, ce qui augmente le prix de la fabrication des jouets. 

Certains produits, comme les jeux électroniques ou les figurines, ne peuvent même plus être fabriqués pour le moment. De plus, amener des marchandises par bateau depuis l’Asie est devenu très compliqué, à cause des conteneurs servant au transport. Un grand nombre ne sont pas encore revenus des pays qui étaient confinés et ne peuvent donc pas servir pour de nouvelles marchandises. Les rares conteneurs qui circulent coûtent plus cher à utiliser. Il va donc falloir attendre avant que le commerce des jouets revienne à la « normale ».

L’environnement et les droits humains sont les premières victimes de ce commerce globalisé

Même sans pénurie et sans problème de conteneurs, le coût énergétique, social et environnemental de la production de jouets est énorme. Un faible pourcentage est issu du recyclage² et les conditions de travail, au moins en Asie, sont le plus souvent désastreuses pour les salarié.e.s.

De nombreuses enseignes connues font appel au travail des enfants³ en particulier en cette période de fin d’année où les « fêtes » ne seront visiblement pas partagées partout dans le monde.

Pour confectionner les derniers jouets « tendance » connectés ou même simplement électroniques, c’est encore pire : il faut puiser dans les terres rares avec des conditions de travail extrêmes et un bilan carbone hors norme, dans un contexte de pénuries croissantes.

Si la santé de la planète et de ses habitants compte pour vos achats de noël, que faire ?

Acheter local ?

La solution fonctionne si nos choix de consommation évoluent. Préférer d’autres matériaux plus locaux avec pas ou peu d’électronique, avec du plastique recyclé

Le prix, bien que faisant l’économie du transport sera nettement plus élevé. Tout ne sera pas disponible : Une figurine neuve ou une console se trouvera difficilement en local.

Le coût social sera sans comparaison mais le coût environnemental pourra rester élevé en fonction de vos choix et en particulier si vous achetez neuf.

 

Acheter écologique et équitable ?

Cette solution va fonctionner à condition de revoir votre liste au père noël. Il faudra acheter de meilleure qualité et moins pour garder un budget égal et surtout faire preuve de pédagogie : un jeu de bonne qualité ne vaut-il pas largement 10 jouets en plastiques jetés avant la fin de l’année ?

Mais acheter neuf, même un produit plus écologique et plus équitable reste étonnant lorsqu’on sait que des milliards de jouets (utilisables !) s’entassent partout dans le monde.

Acheter neuf peut prendre un vrai sens lorsque le jeu de société ou le jouet est de bonne qualité, avec des matériaux locaux, une fabrication respectant l’environnement et les droits sociaux, mais peut-être aussi et surtout lorsqu’on sait à qui va l’argent que nous avons investi. Ce type de cadeau nécessite que les receveurs aient un minimum de conscience et sachent accueillir le bien pour ce qu’il vaut. Acheter un jeu à une association ou à une entreprise porteuse de valeurs prend ainsi tout son sens. Qu’il s’agisse d’un outil, d’un vase ou d’un jeu, on s’assure non seulement de la qualité du produit mais de la finalité de notre porte-monnaie. A l’heure où la COP26 aboutit sur un échec₄ notamment à cause de puissants lobbyings économiques et industriels, il n’est pas insensé de ne pas choisir les actionnaires de ces grandes entreprises

 

Préférer le seconde main, le reconditionnement et le recyclage

A budget égal, voir à bien moindre coût que votre budget de base, vous pourrez trouver presque toute la gamme de jouets et de jeux, à condition de ne pas chercher la dernière nouveauté d’une grande marque qui fait de la publicité à la télé.

Les recycleries, ressourceries, Emmaüs, maisons de la seconde vie, Rejoué (à Paris) etc.. Ces lieux permettent partout sur le territoire d’acheter (et souvent de donner aussi) des jouets de bonne qualité encore en état de faire plaisir à un autre enfant.

Le coût environnemental est nettement plus faible. Socialement, cela permet de faire vivre des réseaux d’entraide et de contribuer à l’accessibilité des produits pour tous, en donnant vos jouets non utilisés souvent en bon état.

De cette façon, on ne participe pas au cycle infini de l’exploitation des ressources d’un monde à bout de souffle, et on s’épargne la tentation du marketing des catalogues de Noël.

Et le e-commerce dans tout ça ?

Aujourd’hui, le bilan du e-commerce sur l’environnement ne doit pas être sous-estimé. En effet, même si la vente en ligne limite les déplacements des consommateurs jusqu’à leurs lieux d’achats, ceux-ci sont malgré tout remplacés par le trafic des camionnettes de livreurs, et nécessitent des entrepôts géants. Le réflexe de se faire livrer s’est beaucoup amplifié pendant les périodes de confinement, mais il n’est pas trop tard pour revenir en arrière et ressortir faire le tour des commerçants du quartier.

Au total, il est estimé que plus de 22 millions de Français se rendraient sur Internet chaque année pour effectuer leurs achats en ligne et les ventes en ligne représenteraient environ 20 milliards d’euros de dépenses. Ce qui expliquerait qu’en France, un site marchand soit créé toutes les heures. Or, on sait aussi que le trafic du e-commerce engendre l’une des sources de pollution les plus importantes pour la planète. Cela, bien que des estimations précises dans ce domaine restent encore rares. Ce qui est sûr, c’est que les 48.000 sites français qui font du commerce en ligne ont généré l’année dernière près de 200 millions de transactions. Soit l’équivalent d’un peu plus de 1.300 tours du monde en voiture. Cela s’explique notamment par la consultation moyenne d’une quinzaine de pages web faite avant chaque achat. En un an, ces transactions en France pèsent environ 9.900 tonnes de gaz à effet de serre.

En résumé, rien de mieux que la seconde main pour votre budget et pour la planète. Rien de mieux non plus de penser son achat en donnant à une structure qui fait sens et portera vos valeurs sans passer par les plateformes connues de commerce en ligne.

 

Quelques idées concrètes ?

Rejoué 

Réseau des Emmaüs de France 

Kurioz 

Artisans du monde 

Dream Act 

Réseau des Recyclerie et ressourcerie

et notre jeu Ludobio ? 

 

₁ Exploitation du charbon en chine  

Plastiques et recyclage 

Travail des enfants dans le monde 

COP 26 

 

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