Nutri-score: un nouvel outil d’information qui peine à souligner tous les enjeux de santé

Les consommateurs sont très peu habitués à lire les étiquettes des aliments qu’ils consomment. Par manque de temps, ou par habitude, nous négligeons ces étiquettes qui comportent des noms complexes qui ne nous évoquent rien, des lettres et des chiffres qui ne se réfèrent à rien de tangible, écrits en tout petit caractère… la liste proposée reste incompréhensible, pour les personnes qui font l’effort de retourner l’emballage pour consulter la liste des ingrédients qui composent un produit avant de l’acheter.

Le Nutri-Score* s’inscrit dans ce contexte : un problème de lisibilité des étiquettes et une demande croissante de transparence. Aujourd’hui, l’information relative à la composition des produits alimentaires est accessible, mais elle n’en reste pas moins très opaque.

Une longue phase de négociation

En mars 2015, représentants d’industriels, de distributeurs, de consommateurs, d’autorités sanitaires et de scientifiques se sont réunis pour définir les modalités d’un étiquetage, à l’origine appelé « étiquetage environnemental ».

L’industrie agro-alimentaire a tout d’abord tenté de retarder la décision, craignant un effet à la baisse sur les ventes. Retarder la décision publique est une tactique habituelle des lobbys, mais début 2017, le Ministère de la santé adopte finalement le projet d’étiquette Nutri-Score. Il ne s’agit pas d’un étiquetage “imposé” dans la mesure où ce Nutri-Score n’est pas inscrit dans le règlement européen.  En février 2018, trente-trois entreprises de la grande distribution annoncent qu’elles s’engagent à utiliser et intégrer le Nutri-Score sur les étiquettes de leurs produits.

Comment fonctionne le Nutri-Score ?

Conçu dans le cadre du Programme National Nutrition Santé, le NutriScore va faire progressivement son apparition dans les rayons. Il s’agit d’un étiquetage nutritionnel avant toute chose.

Le logo Nutri-Score reprend les principes d’un logo coloriel classant les produits en 5 catégories (de A ‘bon’ à E ‘A limiter’), à partir d’une adaptation du score FSA (Food Standard Agency). 

La visée du Nutri-Score était de sensibiliser les consommateurs et de les pousser à s’alimenter de manière plus saine. Le but du logo est de classifier les aliments dans une même catégorie de produits. Il s’agit d’ordonner ces différentes catégories d’aliments selon les bénéfices nutritionnels. Ainsi, un article du HuffingtonPost propose l’exemple des chips : « au rayon chips, la version classique va être en orange, celle au fromage en rouge, mais les tortillas au maïs pourra être en vert ».

 

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Apprendre à lire le Nutri-Score   

Le système Nutri-Score prévoit une notation des produits alimentaires allant de A (vert) à E (rouge)A  étant le meilleur score.

Pour chaque lettre correspond une fourchette de notes, qui est calculée sur la base d’un algorithme développé par une équipe de recherche d’Oxford et validé par la Food Standards Agency. Cet algorithme décerne à chaque produit alimentaire un score unique (les notes allants de – 15  pour les meilleurs élèves à 40 pour les moins bons) selon leur composition nutritionnelle.

Plus la note finale du produit est importante, plus le produit est jugé mauvais selon les critères choisis, les apports suivants :

  • énergie

  • sucres simples

  • acides gras saturés

  • sodium

  • protéines

  • fibres

  • pourcentage de fruits et légumes.

Le Nutri-Score participe à lutter contre l’augmentation des maladies cardiovasculaires, de l’obésité et du diabète, il favorise donc les produits qui sont faibles en graisses saturés et hydrogrénées et en sucres raffinés.

Les limites du Nutri-Score

Le premier écueil réside dans le fait que ce nouvel étiquetage ne prend en compte que l’aspect nutritionnel au sens strict du terme, et oublie de mentionner les risques sur la santé liés à la transformation alimentaire, ou encore, l’impact des additifs et des conservateurs.

L’article du HuffingtonPost souligne le paradoxe :  

« Le Nutri-Score analyse principalement trois familles d’aliments : les fromages, les boissons sucrées et les matières grasses ajoutées (huile, beurre…).Alors qu’ils devraient tous être en rouge, les fromages les moins gras, les sodas les moins sucrés, seront en orange pour encourager leur consommation. Et parce que l’huile d’olive expose moins aux maladies cardiovasculaires que le beurre, elle sera aussi en orange ».

La deuxième limite du Nutri-Score provient du fait que cet étiquetage sera facultatif. Fortement influencée par les lobbys industriels et de la grande distribution, la réglementation européenne n’en fait pas une règle obligatoire. Tous deux, remettent en question la légitimité du Nutri-Score, qui pourrait porter préjudice à leurs marques et avoir un impact sur leurs ventes.

Le troisième problème, sur lequel l’article de Blog nutrition santé insiste particulièrement, provient du fait que « Grâce aux barèmes publics sur l’attribution des points en fonction des teneurs en sel, gras, sucre, etc., les industriels auront les cartes en main pour modifier leur recette et passer à la catégorie supérieure. Du rouge à l’orange foncé, à l’orange clair, et ainsi de suite ». D’outil d’information, il passerait à son tour, du côté des outils de manipulation des consommateurs ?

 

La vraie question, est encore et toujours la place du consommateur dans cet enchevêtrement d’intérêts. Et cette place, encore une fois, semble être reléguée derrière les intérêts commerciaux qui régissent l’industrie agro-alimentaire.

 

Un peu de bon sens…

 

« Alors écoutons notre intuition, et évitons tant que possible les produits bourrés d’additifs et d’ingrédients transformés pour les besoins de la technologie. Et ne soyons pas dupes face aux articles qui suggèrent que les industriels sont réticents à la mise en place du Nutri-Score, alors qu’il a été inventé par leur propre soin ». (Blog nutrition santé)

A quand un Nutri-Score qui prenne en compte autant les apports nutritionnels, que les risques sanitaires dus aux additifs et à la nocivité des aliments transformés.

* Sources :

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