Le WWOOFING

Le WWOOFing a la cote, mais de quoi s’agit-il précisément ?

« Le WWOOFing est un mouvement mondial qui vise à reconnecter les hommes et les femmes à la terre en participant bénévolement à des pratiques agricoles biologiques.

Les bénévoles (les WWOOFeurs) sont reçus dans de petites exploitations à échelle humaine où vivent et travaillent des familles ou des collectifs (les hôtes). Les WWOOfeurs aident au travail agricole et partagent la vie quotidienne des hôtes qui leur offrent le gîte et le couvert.

Devenir membre de l’association WWOOF France, c’est adhérer sincèrement aux valeurs de la Charte du WWOOFing, et pouvoir entrer en contact avec les 1 800 hôtes français du réseau afin d’organiser votre séjour ensemble et en direct”

Pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions à David Marie, président de l’association et co-fondateur du mouvement en France :

On entend de plus en plus parler du wwoofing… d’où cela vient-il ? Combien de personnes cela représente aujourd’hui ?

« Sais-tu déjà ce que WWOOF veut dire ? C’est un acronyme qui veut dire « World Wide Opportunities on Organic Farms », donc des opportunités dans des fermes biologiques à travers le monde.

Ce concept est apparu en Angleterre au début des années 70 : madame Sue Coppard, voulait alors s’échapper de la banlieue londonienne les week-ends et revenir aux joies de la campagne, mettre les mains dans la terre et pouvoir aider les paysans. Le mouvement est parti de là.

Les buts du WWOOFing sont multiples, dans la pratique, c’est de permettre à tout un chacun de vivre un moment sur une ferme biologique, ou chez un particulier averti, dans un domaine agricole en partageant des moments de vie autour de l’activité de l’hôte, de la vie familiale et amicale.

La singularité du WWOOFing réside en des moments de vie qui ne sont absolument pas basés sur un modèle « pécunier ». Seule l’envie d’apprendre, de partager et de participer est le moteur de ces séjours entre les membres de l’association. »

De plus en plus de start-ups comme WorkAway apparaissent, quelle est la différence avec WWOOF France et que penses-tu de ces plates-formes ?

« En 2021 le Wwoofing fête ses 50 ans d’existence dans le monde, c’est quand même une sacrée expérience ! La communauté des adhérents WWOOF : les volontaires, appelés WWOOFeurs et les hôtes qui les accueillent n’a cessé de grandir. Les valeurs de découverte et d’entraide se retrouvent au sein d’un réseau mondial de plus en plus étoffé. La plupart des groupes WWOOF sont implantés localement dans chaque pays et sont des associations à but non lucratif. Nous ne cherchons pas le profit, mais une évolution des mentalités, un cheminement de pensée pour que l’agriculture biologique et à taille humaine soit vue comme la seule solution pour nourrir la planète. Seul le réseau WWOOF permet de découvrir toutes ces méthodes de production en relation avec le vivant, grâce à nos hôtes qui sont les meilleurs ambassadeurs pour faire réfléchir sur ces questions cruciales pour notre alimentation future.

Il est tout à fait normal de voir apparaître d’autres plateformes qui offrent des services similaires, cependant elles restent généralement des plateformes centralisées, commerciales et ayant peu d’interactions locales avec les adhérents. Les groupes WWOOF sont présents localement, ce qui nous permet d’être proches de nos adhérents, de comprendre leurs attentes, de parler le même langage, etc. »

Quelles sont les valeurs portées par WWOOF France ? Auprès de quelles actions et de quelles associations est-elle engagée ?

« Les valeurs portées par l’association sont multiples, la principale est de permettre à tout intéressé de s’initier et d’apprendre les techniques de l’agriculture biologique et ses pendants (biodynamie, écoconstruction, consommation, nutrition) grâce à des échanges et des partages de savoir-faire entre nos membres. Une autre valeur est de promouvoir d’autres façons de vivre, dans le respect de la nature et de son environnement, d’informer et comprendre le mouvement écologique, de soutenir des projets socialement, écologiquement et économiquement pérennes, encourager des dynamiques collectives et solidaires en milieu rural, etc.

Nous sommes de plus en plus présents sur le front pour faire avancer l’agriculture biologique et paysanne sur le territoire français. Pour cela, l’association fait des dons à des fermes du réseau pour que leurs projets puissent se réaliser. Nous aidons aussi les projets collectifs et indépendants qui touchent à l’écologie. Nous avons de plus en plus de partenaires avec qui nous travaillons, comme la « Plateforme pour une Autre PAC », « Bio Nouvelle Aquitaine », « Bio Consom’acteurs », « JRS France » (Jesuit Refugee Service) pour notre programme WWOOFing Solidaire, qui permet à des migrants d’être accueillis pour faire des séjours de WWOOFing ».

Combien de paysan.ne.s bio reçoivent des Wwoofeurs en France ?  Le Wwoofing, ça n’est ni des « vacances pas chères » ni du travail dissimulé, alors comment l’association encadre les séjours ?

« A peu près 2000 hôtes sont adhérents de l’association WWOOF France. Beaucoup nous remercient car ils peuvent rencontrer de nouvelles personnes avec qui échanger, partager des moments de vie. Ces séjours leur apportent autant qu’aux WWOOFeurs car ils peuvent découvrir des personnes de tout horizon, aussi bien des citadins que des ruraux, des personnes de tout milieu social, de tout âge. Souvent, il en naît une amitié. L’association porte une attention particulière lors de l’inscription de nos hôtes pour être certain qu’ils comprennent bien les valeurs qu’ils doivent représenter s’ils reçoivent des WWOOFeurs à la maison. Mais même avec la meilleure volonté, on ne peut pas garantir que tout se passera bien lors de son séjour, car les relations humaines sont un des piliers. Alors si des soucis surviennent, on appelle les deux adhérents, on discute, on essaie de comprendre et de faire en sorte que chacun y trouve son compte. Et certaines fois, ce n’est pas possible, alors on trouve une solution tierce pour que le WWOOFeur puisse continuer à faire du WWOOFing, mais sur un autre lieu. Il faut bien comprendre que le WWOOFing propose un « contrat moral » entre l’accueillant et l’accueilli, ensuite il faut que ces personnes s’entendent, qu’elle se comprennent, et ça l’association n’y peut pas grand-chose. »

Comment vois-tu l’évolution de WWOOF France ? Quelles sont les prochaines étapes et les grands rendez-vous ?

« WWOOF France évolue avec les attentes de ses adhérents principalement. Les WWOOFeurs d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes attentes que ceux d’il y a 10 ans, tout comme les questions sociétales et écologiques sont différentes. Et dans le WWOOFing, il y a beaucoup de jeunes qui souhaitent découvrir et discuter de ces questions avec nos hôtes. Depuis à peu près 5 ans, nous avons aussi vu que beaucoup de personnes font du WWOOFing pour compléter une formation agricole : elles partent dans plusieurs fermes et se testent avec les techniques proposées sur chaque lieu. Le WWOOFing permet aussi à pas mal de monde de voir si une reconversion vers le monde agricole leur conviendrait. Qui sait si demain, le WWOOFing ne sera pas proposé comme une étape d’un cursus de formations ou bien en service civique ? Nous travaillons dans ce sens, pour que ces échanges soient valorisés à leur juste valeur. Demandez aux nouveaux paysans bio s’ils ont fait du WWOOFing avant de se lancer, vous seriez surpris du nombre de nouveaux paysans qui sont passés par là. »

Selon toi, le WWOOFing est-il un moyen d’accélérer la transition écologique et sociale ?

« Quoi de mieux qu’un mouvement d’éducation populaire pour faire vivre cette transition ? Nous savons tous que cela ne viendra pas des hautes sphères, le système leur convient et rien ne les pousse à faire l’effort. Quand on voit que seuls 10% des mesures de la convention citoyenne sur le climat ont été retenues, on sait qu’on ne doit compter que sur nous pour y arriver. Un grand nombre de WWOOFeurs reviennent d’un séjour de WWOOFing avec une meilleure compréhension des enjeux écologiques, de notre mode de consommation et leurs habitudes s’en trouvent changées. Alors oui, le WWOOFing est un moyen concret pour avancer sur ces sujets.

Nous vivons tous sur la même planète et nous consommons tous ses ressources. Ce que nous mangeons, ce que nous consommons est uniquement dépendant de nos choix personnels. Partir faire du WWOOFing donne la chance de mieux comprendre comment la production de notre alimentation est primordiale. »

 

>> Retrouvez toutes les informations sur le site de l’association en cliquant ici

Partager

À votre tour, contribuez à écrire notre histoire collective !

Envoyez-nous vos textes, vos articles, partagez vos points de vue sur les sujets qui vous animent !

Articles liés