Après cinq ans d’absence, il fait son grand retour. La 9e édition des Prix Pinocchio revient et met l’agrobusiness à l’honneur.
La notoriété qu’ont gagnée les Prix Pinocchio année après année fait qu’ils sont aujourd’hui redoutés par les entreprises, qui craignent pour leur réputation. Cela en fait un outil essentiel de pression pour qu’elles changent leurs pratiques et cessent d’agir en toute impunité.
Cette année, les trois entreprises nominées sont : Yara, multinationale spécialisée dans les engrais chimiques ; le groupe Lactalis, spécialiste des produits laitiers ; et Bigard, pour le secteur de la viande industrielle.
Votez avant le 18 février ! Dénoncez le grand fossé entre la vitrine des multinationales et leurs agissements !
Bigard : la face cachée de ton steak
Bigard est l’acteur principal de la concentration de l’activité d’abattage-découpe de la viande.
Propriétaire de la marque Charal, le groupe Bigard excelle dans l’art du verdissement. Cette entreprise française cherche à maximiser sa compétitivité en concentrant l’abattage, en incitant à un élevage industriel intensif pour avoir les prix les plus bas possible, au détriment du bien-être de ses salariés, des éleveurs du secteur, et des animaux. Pourtant, Bigard mise sur la sympathie des consommateurs envers les éleveurs, en montrant des systèmes d’élevage en plein air, contraires à la réalité (greenwashing).
Bigard possède maintenant près de 50 % des parts de marché de la viande bovine française et s’en sert largement pour refuser toute amélioration de la rémunération des éleveurs.
Côté dommages environnementaux et sanitaires, Bigard n’est pas en reste. L’élevage intensif et la concentration d’un nombre important d’animaux sur une surface réduite contribue également à la pollution de l’eau, de l’air et au dérèglement climatique.
Yara, dans la catégorie « Les engrais chimiques, c’est magique ! »
Yara est une multinationale d’origine norvégienne (ex Norsk Hydro).
Derrière un marketing verdissant et le concept d’« agriculture intelligente face au climat », se cache une multinationale qui regroupe de nombreux lobbys prêts à tout pour faire perdurer une agriculture industrielle destructrice des paysans et de l’environnement.
Au niveau mondial, leurs émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 20 % entre 2009 et 2017 ! Pour fabriquer des engrais chimiques, des énergies fossiles sont nécessaires. A ce jour, Yara est ainsi le premier acheteur de gaz fossile en Europe. Ces engrais chimiques à base d’azote sont responsables de l’émission de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre.
Les engrais Yara sont nocifs pour l’environnement, la biodiversité mais aussi notre santé et celles des producteurs. Tout cela au nom d’une firme qui se veut porteuse de solutions pour nourrir la planète!
Lactalis, leader du secteur laitier
Lactalis est un acteur majeur de l’internationalisation du système alimentaire, favorable à la libéralisation des échanges.
Numéro 1 mondial des produits laitiers, n’hésitant pas à mettre en avant les vertes prairies et le travail des éleveurs dans sa communication, Lactalis est en réalité adepte de l’injustice économique, sociale et environnementale. En effet, les éleveurs ne sont pas rémunérés à leur juste valeur et leurs revenus sont toujours plus faibles.
Au niveau environnemental, on ne peut pas dire que Lactalis soit non plus un modèle. Selon une étude de 2018, elle émet 24 millions de tonnes de CO2 équivalent, y compris les activités de production agricole. L’entreprise laitière perpétue aussi l’importation de soja à l’origine de la déforestation massive en Amazonie.
On ne sait que choisir, pas vrai ? Il va être difficile de désigner le grand gagnant parmi ces trois entreprises, tant elles rivalisent en techniques de greenwashing et en abus en tout genre sur les plans sociaux et environnementaux.
Les résultats seront publiés le 19/02. Il vous reste donc quelques jours pour élire, selon vous, la firme qui mérite le plus de remporter le prochain prix Pinocchio sur www.prix-pinocchio.org !