Le commerce en ligne (ou e-commerce) est devenu pour beaucoup la seule façon de faire des achats.
Le bilan de la vente en ligne 2022 : un boom des services et un recul pour les achats de produits par les consommateurs. Le chiffre d’affaires global du e-commerce (produits et services confondus) atteint 147 milliards d’EUR en 2022, en hausse de 13,8 % sur un an. Cela représente l’équivalent du chiffre d’affaires annuel du secteur automobile ou du BTP. Cela se passe de commentaire.
En 2022, la croissance des sites de vente en ligne en France a continué, avec plus de 10 000 nouveaux sites actifs, soit une hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. On compte ainsi 207 000 sites marchands actifs à la fin de l’année 2022. Cette croissance s’explique en partie par le contexte de la pandémie covid qui a poussé de nombreux commerçants à développer leur présence en ligne pour maintenir leur activité. Elle est également liée à l’évolution des comportements d’achat des consommateurs qui privilégient de plus en plus les achats sur internet.
49 % des transactions sont effectuées via un smartphone.
Le e-commerce est très populaire auprès de la Génération Z, née entre 1997 et 2010, qui réalise plus de la moitié de ses achats habituels en ligne. En général, 90 % de ces jeunes consommateurs achètent en ligne.
L’écoresponsabilité est une tendance qui se détache chez ces consommateurs. 8 cyberacheteurs sur 10 privilégieront la qualité à la quantité en 2023 et éviteront de renvoyer les produits. Pour la Génération Z, un produit ou un service doit être à la fois écologique et économique pour susciter l’achat.
La Génération Z achète fréquemment des produits d’occasion ou reconditionnés sur internet. En 2022, deux jeunes sur trois ont acheté un produit de seconde main.
Derrière cette nouvelle économie du commerce en ligne : une logistique implacable, avec des camions, des cartons, des plateformes logistiques, des conteneurs, une chaîne du froid, des porte-containers, des camions, des data center, des entrepôts, … et encore des camions… Le magazine Socialter n°58 en faisait sa couverture en juin-juillet 2023 : « L’empire logistique : comment le monde se fait rouler dessus ».
Quelques chiffres et extraits tirés de ce numéro de Socialter :
« Plus qu’une simple machinerie permettant d’acheminer personnes, marchandises, énergie ou données, la logistique est devenue le cœur du réacteur du capitalisme contemporain, si ce n’est son essence même… Zéro stock, zéro stop : cette veille permanente a décuplé les échanges et a donné les clefs du pouvoir à de nouvelles multinationales géantes (comme le numéro 1 mondial MSC, CMA CGM, Evergreen…). Elle a aussi multiplié les infrastructures écocidaires1, au prix de la destruction directe des écosystèmes. L’essor de la logistique a de même remodelé en profondeur la structure des classes populaires fragilisées par la désindustrialisation. Ces travailleurs du flux font face à ces nouveaux géants, peu organisés, affaiblis par les contrats d’intérim et les menaces d’une automatisation du travail en entrepôt (…) Les ouvriers de la logistique et du transport cumulés représentent plus d’1.5 million d’emplois, soit plus de 20% du corps des ouvriers français. »
De l’autre côté : la destruction d’emplois. Une étude révélait que le développement du e-commerce a détruit 3 800 emplois supplémentaires dans le commerce en 2019. Au total, entre 2009 et 2019, le développement de la vente en ligne a détruit 85 000 emplois en France (en solde net)2.
Et la vente de produits alimentaires dans tout ça ?
Qui dit achat de produits alimentaires en ligne dit chaîne du froid. « Mais pour faire fonctionner tous ces réfrigérateurs, il faut de l’électricité : la conservation des aliments via la chaîne du froid absorberait 8% de la consommation énergétique mondiale, libérant au passage 5% de fluides frigorigènes dans l’atmosphère. Et bien qu’elle ait pour vocation de préserver les aliments, la rupture de la chaîne du froid est responsable de millions de tonnes d’aliments gaspillés chaque année. »
Les ventes en lignes de produits alimentaires sont en progression. Elles représentent désormais 7,2 % du marché sur le plan mondial, selon l’institut Kantar. Elles ont grimpé de 15,8 % en 2021. Près de 40 % des consommateurs ont utilisé des sites marchands sur le Web pour faire leurs courses du quotidien. Ils étaient 37 % en 2020.
Vous voulez notre avis ? Et si on ressortait faire les courses, au lieu de se faire livrer pour tout et n’importe quoi ?
1 : D’après un rapport des Amis de la Terre de 2020, un entrepôt d’e-commerce artificialiserait en moyenne trois fois plus d’espace qu’une zone commerciale, souvent au détriment des terres agricoles.
2 : https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/e-commerce-la-grande-casse-sociale-du-quinquennat-macron/
Pour aller plus loin :
Quand internet bétonne la France, Zadig le mag
Le pouvoir est logistique, Socialter, 7 juin 2023