L’anti-gaspi à toutes les échelles

L’anti-gaspi à toutes les échelles

Le gaspillage alimentaire est un sujet social et environnemental absolument majeur qui agit comme témoin de politique globale menée, d’engagement, de classe et de comportement.

Entre combat primordial et simple incitation à l’éco-geste, difficile de faire le point… et de le réduire.

Ainsi la France piétine : “En 2023, 9,7 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France, soit 142 kg par personne. […] 5,9 millions de tonnes ne sont pas comestibles (os, épluchures…) et sont assimilés à du gaspillage alimentaire.”[1] Le poids des aliments comestibles gaspillés chaque année en France s’élève à 3,8 millions de tonnes… soit l’équivalent de 376 Tours Eiffel, 760 000 chats ou 31 666 666 carottes. Des chiffres qui demeurent astronomiques malgré les intentions, européennes et nationales, de réduction drastique.

Évidemment, gaspiller coûte à la planète – et coûte cher : il pompe inutilement des ressources naturelles et représente 4,2% des émissions de gaz à effet de serre en France et 16% à l’échelle européenne. Ce n’est pas faute pourtant de faire exister le sujet présent partout : repas en famille, cantines scolaires, dans les rues… On cherche à légiférer sur la question, à contrôler les restaurants, à “adopter les bons réflexes”.

Chez Bio Consom’acteurs, on ne fait pas l’éloge de l’éco-geste, lequel fait souvent office de pansement à la passivité des gouvernements en matière d’écologie, mais nous remarquons tout de même que, par souci de cohérence éthique et politique, nous sommes nombreux et nombreuses à souhaiter faire mieux. A réduire au maximum.

C’est dans ce sens que nous avons pensé cet article, comme une boussole pour outiller les lecteurs et lectrices en astuces anti-gaspi !

La conservation, une des solutions !

    Plusieurs facteurs sont à l’origine du gaspillage alimentaire – parmi elles nous trouvons la mauvaise conservation des aliments. Bien conservés, ces derniers seraient protégés des bactéries et des contaminations croisées entre les divers comestibles du réfrigérateur, et maintenus humides… donc frais de manière prolongée. Couvrir les aliments dans le réfrigérateur est une pratique simple qui peut faire une grande différence en termes de sécurité alimentaire, de préservation de la fraîcheur, et d’efficacité énergétique ! Lorsque l’on souhaite conserver des restes alimentaires, on a tendance à utiliser du film étirable ou de l’aluminium que l’on jette après utilisation. Alors pour protéger ses aliments de manière plus durable, on peut miser sur une protection réutilisable :
    l’emballage en cire d’abeille est tout désigné. La cire d’abeille est antibactérienne et surtout, elle rend le tissu imperméable. Elle garde donc nos aliments bien au frais, tout naturellement. Vous pouvez les acheter en magasin, ou les faire vous-mêmes !

    Un autre conseil : vous n’avez mangé qu’une moitié de pomme de poire ou de pêche ; pas de panique ! Frottez la face de la moitié restante avec du citron, et vous pourrez remettre à plus tard sa dégustation !

    Le saviez-vous ? Un fruit pourri en contamine un autre… Les panières, c’est bien, mais la distance, c’est parfois mieux : lorsqu’une pomme pourrit, elle va rapidement entraîner la péremption des autres fruits et légumes qui l’entourent. Alors, tenez-la éloignée du reste de vos aliments !

    Riz en trop ? Ne le laissez pas sans couvercle, ça entraînerait l’apparition de bactéries : tupperware, couvercle, au frais et finissez-le plus tard !

    L’anticipation, temps des courses et temps des repas

    Préparer en amont une liste de menus permet de limiter les achats compulsifs, de ne pas errer dans des rayons poussent-à-la-conso et de consommer de manière à ne pas se retrouver avec des stocks périmés. Aussi, observer avec attention nos habitudes alimentaires, et celles de l’entourage avec lequel on mange et cuisine, permet d’adapter, aux besoins de chacun.es, les portions préparées et de réduire ainsi le risque de surplus. Acheter des fruits et légumes bio a une influence sur le gaspillage, notamment parce que les légumes, ne contenant pas de pesticides ou autres résidus, ne nécessitent pas un épluchage rigoureux… ce qui limite les kilogrammes de peau de carottes, pomme de terre et courgettes ! Si vous vous retrouvez malgré tout avec des épluchures sur les bras, on vous invite à en faire une préparation de bouillon 100% anti-gaspi ! Autres conseils ? N’allez pas aux courses le ventre vide, sans quoi vous représenterez la cible parfaite (et taillée sur mesure) de l’agro-industrie et de ses distributeurs… Si vous avez faim, vous risquez de craquer pour des promos flash, pour des packs, pour des nouveaux produits “à tester absolument” ! Évitez au maximum les plats tout préparés, qui génèrent tout au long de leur production plus de gaspillage alimentaire que les aliments à cuisiner soi-même. Ne soyez pas dupes des fruits et légumes “moches”, à la couleur fade, à la forme atypique… Leur physique n’influence pas leur goût, et ces aliments-là finissent jetés par les supermarchés… Voire sont jetés avant même d’être proposés en rayon[2]!

    Ne pas s’avouer vaincu.es trop vite !

    Parfois, on croit que c’est trop tard que la salade, flapie, ne s’en sortira pas. Cessons de baisser les bras ! Plusieurs aliments tirent la gueule mais ne sont pas irrécupérables. Ainsi, mettez du sucre dans un saladier rempli d’eau, plongez-y votre salade fatiguée et attendez 45 minutes… Ce n’était peut-être qu’un coup de mou !

    La même règle s’applique à vos légumes, qui commencent à se recroqueviller sur eux-même, juste là dans la panière… pas de galère : une nuit au frigo dans de l’eau les reboostera !

    Enfin, de manière générale, les fruits et légumes ramollis ou ramollos peuvent être transformés en compote, en soupes ou en gratin.

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    Focus : les dates de péremption, bidon ou pas bidon ?

    (source : Fondation Good Planet)

    On distingue sur nos emballages deux indications de péremption… Il est important de les distinguer !

    La DLC (Date Limite de Consommation “A consommer jusqu’au J/M/A) indique une limite temporelle au-delà de laquelle le produit n’est plus consommable.

    La DDM ( date Durabilité Minimale, « A consommer de préférence avant le j/M/A ») indique la date au-delà de laquelle le produit aura moins de goût, ou moins de qualités nutritionnelles… il demeure néanmoins consommable s’il a été bien conservé !

    Et il y a les impérissables, ces produits tout simplement in-cre-va-bles ! On vous les cite ?

    • Les yaourts (se dégustent jusqu’à trois mois après la date de qui est indiquée… Chargés en conservateurs, vous ne risquez rien. Et si le yaourt est périmé, faites confiance à votre goût et à votre odorat… on ne s’y trompe pas !)
    • Les épices et le miel (se conservent à vie)

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    Dépasser l’échelle individuelle

    C’est tout à fait essentiel. Déjà, parce qu’à la maison la perte est évaluée à 34g/repas/convive… contre 138g/repas/convive en restauration collective[3] ! Et cette dernière est omniprésente : restauration scolaire, des crèches au CROUS, cantines d’entreprises, de ministères, d’EHPAD… Elle représente1 milliard de repas servis par jour… et donc 1 milliard de possibilités de mieux faire ! Après analyse de cette donnée, il semble autant pertinent de pratiquer les “eco-gestes” à la maison que de soutenir des associations de transformation de la restauration collective. Et pour ça, Bio Consom’acteurs a un plan… “Plus de bio sur mon plateau”, développé avec la SCIC Nourrir l’Avenir, est un projet de transformation majeure de la restauration collective, “restoco” de son petit nom, qui s’étend de la sensibilisation des convives à celle des collectivités en passant par la formation des agents de cuisine collective ! Penser “système”, voilà le mot d’ordre que l’on s’applique à suivre, et le système repose aussi sur l’éducation, l’accompagnement des prises de conscience, remettre l’ensemble des citoyen.nes au cœur de leur environnement et les en rendre acteurs et actrices.

    Force est de constater que beaucoup de conseils dispensés sont pensés par et pour des foyers aisés ou pour des groupes déjà convaincus. Tout le monde n’a pas le temps de faire ses courses une à deux fois par semaines, tout le monde ne peut pas faire le choix de la qualité contre celui de l’économie, “Apprenez à cuisiner” n’est pas un conseil accessible donnée par l’ADEME : c’est un luxe qui demande du temps (celui de l’apprentissage) et de l’argent (pour acheter le matériel de cuisine). Alors, même si le gaspillage concerne tout le monde et que l’on n’identifie pas une classe sociale plus qu’une autre, nous ne devons pas moins nous retourner vers et contre les plus gros gaspilleurs : restauration privée et collective, chaînes de distribution (Carrefour, Intermarchés, Auchan…), industries de transformation, collectivités conservatrices… Ce sont à eux de rendre des comptes.

    Nous, consommateur.ices, pouvons seulement tempérer… Si les gestes du quotidien sont faciles à adopter, ils ne font pas le poid face aux actions publiques… et ça, SISTERS EU project le sait !

    Le SISTERS EU project : l’Union Européenne en mouvement

    Ce projet, mené par l’Union Européenne, réagit de manière globale aux enjeux soulevés par le gaspillage alimentaire. Surtout, c’est un projet qui s’attaque aux causes, aux facteurs, du champ à l’assiette. Il vise à permettre la réduction des déchets alimentaires, en intervenant tout au long de la chaîne. Nouveaux outils pour les producteurs et productrices, campagnes d’information et de plaidoyer, innovations technologiques et de marketing…  Ce projet s’impose comme une véritable boîte à outil et… réchauffe les cœurs : la mesure de l’urgence est prise dans sa dimension politique et européenne, et signe l’entrée dans des solutions à grande échelle !

    → Pour en savoir plus, je clique ici !


    [1]https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/gaspillage-alimentaire

    [2]Par exemple pour les fruits et légumes, les normes esthétiques imposées poussent les producteurs à jeter des aliments qui ne correspondent pas aux critères de taille, de forme ou de couleur. Ils sont tout à fait comestibles, contribuant ainsi au gaspillage dès la source.”https://www.pimpup-antigaspi.fr/le-blog-anti-gaspi/qui-est-responsable-du-gaspillage-alimentaire

    [3]https://www.artisans-gourmands.fr/project/du-gaspillage-alimentaire-a-tous-les-etages/

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