La filière bio, source d’emplois dans les territoires

Le club parlementaire Objectif bio a tenu un colloque le 12 novembre au Sénat. Des agriculteurs, des élus, un représentant de Sodexo et un spécialiste de la nutrition ont croisé leurs regards sur la bio et l’emploi.

1) L’avis de Didier Guillaume, président du club Objectif bio, vice-président du Sénat et sénateur de la Drôme : « Il faut assumer le fait que l’agriculture bio et l’agriculture conventionnelle ne sont ni opposées, ni incompatibles, et encore moins adversaires. Pour preuve, le salon Tech & bio, qui présente tous les deux ans, dans la Drôme, des techniques et savoir-faire en bio, attire une très large majorité d’agriculteurs conventionnels. Dans ce département, un tiers des exploitations sont en bio, soit plus de mille exploitations sur 14% de la surface agricole utile, employant 7000 personnes à temps plein, sachant qu’un emploi agricole génère 5 emplois indirects ».

2) L’expérience d’ Agrilocal.fr: cette plateforme numérique de restauration collective a été présentée officiellement au ministère de l’agriculture le 13 novembre. Son site internet met en relation directe les acheteurs publics de la restauration collective avec les producteurs locaux. Initiée il y a deux ans par le département de la Drôme et la chambre d’agriculture, pour alimenter les collèges drômois en produits locaux et bio, Agrilocal.fr projette de faire des petits. Déjà « 36 autres départements adhèrent au concept », annonce Didier Guillaume, dont le Puy-de-Dôme qui a lancé l’an dernier une plateforme web similaire. « S’il est étendu dans toute la France, ce système pourra révolutionner la restauration collective », affirme le sénateur.

3) La solution de Catherine Quéré, présidente de la commission agriculture pour la région Poitou-Charentes : « On ne peut pas se passer des collectivités ni de l’Etat pour développer des filières. A St Jean d’Angely on monte un projet de 1ère et 2ème transformation de céréales et de fabrication de biscuits. Les marges seront les mêmes pour tout le monde ! J’ai confiance dans la loi d’avenir agricole mais on travaillera encore sur des amendements concernant l’emploi », a-t-elle répondu à Catherine Lécuyer, de Coop de France, qui faisait remarquer que « la Pac 2014-2020 ne tenait pas compte de l’emploi salarié ».

4) L’expérience de Biovallée: « L’agriculture n’est qu’un des leviers du développement d’un territoire. Elle ne doit pas être un objectif isolé. Il faut aussi penser énergies renouvelables, autonomie énergétique, éco-habitat, recyclage, transports, compostage, etc. », souligne Jean Serret, conseiller général de la Drôme et président de la Biovallée. Initiée il y a une dizaine d’années, la Biovallée est une marque déposée nommant un territoire qui court entre Loriol-sur-Drôme et Die. Long de 100 km, d’une superficie de 2000 km carrés, « la tête dans les Alpes et les pieds dans le couloir rhodanien », cet espace compte 102 communes pour environ 50 000 habitants. Aujourd’hui, 15% des terres sont cultivées en bio dans la Biovallée, dont les caractéristiques géographiques attirent par ailleurs moult entreprises innovantes dans le développement durable. « La Biovallée accueille 80 entités et 25 autres vont nous rejoindre » annonce Jean Serret. Et de citer Sanoflore, L’Oréal, Yves Rocher, Charles et Alice, Val Soleil comme entreprises venues nicher dans cet écrin. La Biovallée est soutenue par la région Rhône-Alpes, le département de la Drôme et l’Etat. L’objectif des élus: que la Biovallée soit un territoire exemplaire du développement durable, une sorte de pépinière à l’image de l’éco-quartier de Fribourg, en Allemagne.

5) La remarque d’Eric Magnet, élu et producteur de fromages de chèvres bio dans la Drôme. « Pour développer un territoire via la bio, il faut des éléments structurant les filières. Il est par exemple nécessaire d’avoir un abattoir et un atelier de découpe pas trop loin d’un élevage. Et plus on aura de surfaces bio, plus les entreprises seront intéressées pour venir s’installer chez nous. C’est l’effet boule de neige ».

6) L’analyse de Louis Dubreil, vice-président du conseil général de l’Ille-et-Vilaine en charge de l’agriculture. « Chez nous en Bretagne, le foncier est tendu. Alors pour accompagner les agriculteurs qui souhaitent s’installer hors cadre familial, ayant des projets d’agriculture durable (petites exploitations de moins de 10 ha, agriculture bio, ou paysanne, vente directe ou en circuits courts, etc.), nous avons mis en place un partenariat avec la Safer [NDLR: société d’aménagement foncier et d’établissement rural]. Il s’agit d’un dispositif de stockage des terres. La Safer acquiert  les terres et les stocke, en attendant que le porteur de projet puisse les acheter. Le conseil général prend en charge les frais liés à l’achat et à la mise en réserve des terres par la Safer. Mais nous pensons que la banque publique d’investissement France devrait pouvoir prendre le relais des collectivités ».

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Voir aussi l’article de Bio-marché : Un club de parlementaires pour promouvoir la bio et l’article de France agricole: Un club de parlementaires pour promouvoir la bio

 

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