La certification « durable » de l’huile de palme

La naissance du concept

L’huile de palme est l’huile végétale la plus consommée au monde et surtout la plus polluante, la plus dévastatrice sur le plan de l’environnement, de l’écologie locale et de la santé pour le consommateur final. Peu chère car peu taxée, elle est l’huile la plus rentable pour les industriels.

La RSPO (Roundtable on sustainable palm oil / table ronde pour une huile de palme durable) invente en 2004 une huile, qui serait nouvelle puisque dite « durable ». Mais que recouvre l’huile de palme durable ?

La RSPO est un regroupement de producteurs, comme la Malaysian palm oil association, de multinationales, comme Carte d’Or, Timotei ou Cajoline, des banques, comme la banque néerlandaise Rabobank, et surtout, l’ONG internationale WWF. Puisque WWF labellise, pourquoi ne pas y croire ? Et pourtant.

La RSPO délivre des certificats aux producteurs d’huile de palme « durable » selon 39 critères sociaux et environnementaux (par exemple, l’obligation de reboiser les terres utilisées). Pour obtenir la certification CSPO, un industriel doit acheter une tonne d’huile durable. Pour avoir le droit d’estampiller ses produits du logo « GreenPalm Sustainability », il doit acheter 25 tonnes d’huile de palme à ces producteurs durables. En achetant un produit estampillé durable, vous achetez en réalité à un industriel qui a versé un peu d’argent pour soutenir le développement durable de l’huile de palme, et non de l’huile de palme durable. Il est donc impossible de connaître la provenance de l’huile et son mode de production. Une société membre n’a aucune obligation d’utiliser l’huile de palme durable alors même qu’elle porte le sigle CSPO. Par exemple, en 2012/2013, Unilever utilisait 3% d’huile de palme durable, dont une grande partie en certificat GreenPalm.

La RSPO repose sur le concept de la High Conservation Value Areas (ce sont des zones « à haute valeur de conservation ») qui ne protègent qu’une partie des zones forestières. La RSPO n’interdit tout simplement pas la destruction des forêts secondaires qui constituent la majeure partie des forêts subsistant en Indonésie et ailleurs. La RSPO n’est donc pas parvenue à empêcher le défrichage de forêts et le drainage de tourbières riches en carbone.

Par ailleurs, l’organisation ne dispose pas de procédure de réclamation suffisamment efficace, élément clé de tout système de certification sérieux. Pour Greenpeace, la « certification RSPO n’est pas un gage suffisant permettant d’affirmer qu’une entreprise est respectueuse de l’environnement ».

Le rapport de Greenpeace « Certifying Destruction », montre que les déboisements et incendies catastrophiques qui affectent l’Indonésie continuent d’impliquer des plantations « certifiées durables » et des membres de la RSPO. 40% des incendies répertoriés dans la province de Riau concernent des concessions affiliées à des membres de la RSPO.

 

Ninon Guinel

 

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