En mettant à disposant matériel et statut juridique aux aspirants paysans, les espaces-tests agricoles permettent de se faire la main au métier d’agriculteur. Avant de se lancer dans son projet.
Pas facile de s’installer comme paysan lorsque l’on n’a pas grandi dans une famille d’agriculteurs et que l’on part sans rien. Terres chères et soumises à la spéculation, manque d’expérience et de connaissances des acteurs locaux, pression d’un emprunt à rembourser…Les obstacles sont nombreux et la possibilité de se planter, non négligeable. Avant de se lancer, l’idéal serait de tester son projet en grandeur nature, sans risque économique. Mieux, en étant accompagné. Ca tombe bien, cela existe ! Ce sont les espaces-tests agricoles, pour lesquels il existe un réseau national: l’association Reneta, créée il y a un an.
Couveuses agricoles, coopératives, collectivités territoriales, associations d’éducation populaire, lycées agricoles, etc. Le réseau Renata rassemble des acteurs liés par des valeurs d’économie sociale et solidaire et d’éducation populaire. L’idée est que ces membres accompagnent les gens à mettre en œuvre leur projet d’agriculture. Aujourd’hui, onze espaces de ce genre sont en activité un peu partout en France, surtout en maraîchage mais aussi en élevage. Pas tous en bio…mais ils « doivent adhérer à la charte qui promeut une agriculture de proximité respectueuse de l’homme et de l’environnement », selon Jean-Baptiste Cavalier, animateur du réseau, rapporte le site Biofil.
7 600 emplois de plus dans l’agriculture bio en 2020
Pratique et développement de ses compétences en agriculture, échanges avec des agriculteurs expérimentés, étude de la faisabilité technique et économique de son projet, vérification que ce projet correspond bien à ses motivations, capacités personnelles et au territoire d’installation ; recherche foncière et montage technico-économique et financier avec la Safer, les chambres d’agriculture, les banques, les collectivités territoriales, etc…Le porteur de projet fait tout comme dans la vie réelle ! Sauf qu’il est serein : avec l’espace-test, il dispose d’un numéro de Siret, d’un statut de contrat d’appui au projet d’entreprise, d’une couverture sociale et de moyens de production (foncier, matériel agricole). Bien sûr, l’expérimentation a lieu « durant un temps défini et sur un lieu précis», précise le guide du Comité d’étude et de liaison des associations à vocation agricole et rurale (Celavar). Car l’accompagnement change en fonction du contexte local. Terre de liens Rhône a d’ailleurs participé au lancement d’un guide spécifique aux Alpes pour accompagner les porteurs de projet agricole. Y sont répertoriés tous les acteurs locaux ainsi que leurs compétences. Une bonne manière de savoir qui fait quoi et en quoi celui-ci peut m’aider à m’installer dans une ferme.
Si nous, mangeurs, voulons consommer bio et local, nous avons besoin de davantage d’agriculteurs (voir l’article de Bio Consom’acteurs sur le convertisseur alimentaire de Terre de liens ici). Aujourd’hui, la bio ne concerne que 3.8 % de la surface agricole utile française et un peu plus de 24 400 fermes avec 60 000 emplois – contre plus de 500 000 fermes et 850 000 emplois en conventionnel, selon l’agence bio. 7 600 emplois pourraient être créés en agriculture bio et approvisionnement direct de proximité (amaps, ventes à ferme, etc.) d’ici 2020, selon le ministère de l’agriculture dans son rapport de 2009. Ce serait déjà ça, même si le mieux serait que l’agriculture conventionnelle se transforme progressivement en agriculture bio. Espérons que les espaces-tests et leur réseau Reneta trouvent plein de projets à couver.