Durban: le réchauffement climatique menace la sécurité alimentaire

La 17ème conférence des parties à la convention sur le changement climatique s’est ouverte le 28 novembre à Durban (Af. du Sud). Parmi ses enjeux, le fonds vert sur le climat, qui aiderait les populations des pays en développement à s’adapter à ce phénomène global. Notamment en changeant de modèle agricole.

En matière de faim dans le monde liée aux phénomènes météorologiques extrêmes, les années 2010 et 2011 ne seraient qu’un «sinistre avant-goût» de ce qui nous attend dans le futur. C’est ce qu’affirme l’ONG Oxfam International. Celle-ci presse les négociateurs intergouvernementaux de l’ONU sur le climat, réunis depuis le 28 novembre à Durban (Afrique du Sud), de prendre des décisions contraignantes pour tous les pays, notamment pour aider les pays du Sud à modifier leurs systèmes alimentaires. L’objectif d’un changement de modèle agricole: s’adapter au changement climatique en cours tout en l’atténuant, en diminuant les gaz à effet de serre (GES) émis par le secteur agricole. Le seul moyen : la transition vers une agriculture à petite échelle, moins dépendante du pétrole – donc moins polluante et moins liée aux variations de son prix. Celle-ci garantirait l’autosuffisance alimentaire des populations. Pour y arriver, les pays en développement s’appuieraient sur le fonds vert d’adaptation au changement climatique, (négocié à Copenhague en 2009), qui devrait en théorie atteindre 100 milliards d’euros par an en 2020. Reste à le mettre en oeuvre concrètement.
 
En 2010 et 2011, sécheresses, canicules, inondations et moussons violentes ont touché la corne de l’Afrique, l’Asie du Sud-Est, la Russie, l’Afghanistan…plongeant «des dizaines de millions de personnes dans la faim et la pauvreté», s’indigne Kelly Dent d’Oxfam. Car baisse de production agricole égale hausse des prix alimentaires. D’après le Programme alimentaire mondial, les prix du sorgho en Somalie ont grimpé de 393% en juillet 2011 (par rapport à la moyenne des cinq dernières années), à cause de la sécheresse. En Russie, quasiment 7 millions d’hectares de cultures furent détruits durant la canicule de l’été 2010. Durant les trois mois suivants, les prix du blé sur le marché international ont bondi de 80%, selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. La flambée s’est rapidement propagée aux prix pour les populations: au Kyrgyzstan, le blé était plus cher de 54% entre juin et décembre 2010, note la Banque mondiale dans son rapport de février 2011. Une telle volatilité n’est pas prête de s’arrêter, si aucune décision n’est prise à Durban. Car les phénomènes météorologiques extrêmes vont s’amplifier. 
 
« Il est très probable que la longueur, la fréquence et ou l’intensité des canicules et des vagues de chaleur augmentera dans la plupart des régions terrestres », lit-on dans le rapport sur les phénomènes extrêmes du groupement international d’experts sur le climat (Giec), publié en ce mois-ci. Parce que leurs populations sont les premières et les plus durement touchées par ces phénomènes, les pays pauvres devront nécessairement être les plus rapides à adopter une agriculture vivrière, intensive et écologique. Aux pays qui en ont les moyens de donner l’exemple. 
   
Voir la campagne Cultivons, d’Oxfam, pour réformer le système alimentaire mondial.

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