Duplomb m’a tuer
La FNSEA a fait sa loi : c’est ce qu’illustre l’adoption définitive de la loi Duplomb, du nom de son créateur Laurent Duplomb, sénateur membre du parti Les Républicains. Officiellement, elle répond au doux nom de « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », une formulation pour le moins ironique quand on sait qu’elle lève surtout les fragiles barrières qui protégeaient tant bien que mal la santé des sols et celle des corps – en premier lieu ceux des agriculteurices elleux-même.
Son adoption le mardi 8 juillet 2025 provoque un séisme dans la société civile, dans le monde associatif, chez les paysan.nes et dans les collectifs militants, sur lequel nous reviendrons prochainement – et avec colère.
Elle suscitait pourtant de vives critiques : agro-lobbyisme, conflits d’intérêts, loi écocide, dangereux recul réactionnaire, danger sanitaire, menace environnementale, et j’en passe. Elle vise notamment à réintroduire un néonicotinoïde qui avait été interdit en 2018 et qui permet la mise en place d’élevages intensifs à grande échelle ; elle qualifie les mégabassines «d’intérêt général majeur» faisant fi des sonnettes d’alarmes tirées par les scientifiques et par les militant·es ; et supprime l’obligation du Certificat d’économie de pesticides concernant les produits importés.
→ Pour tout savoir de cette loi, nous vous invitons à cliquer ici ou bien ici !
Pourtant, les 29 et 30 juin, de nombreuses organisations (Confédération Paysanne, Soulèvements de la terre IdF, Extinction Rebellion, FNAB, UNAF, Collectif Nourrir, Greenpeace, Terre de liens, Générations Futures, Bio Consom’acteurs…) ainsi que les Verts et la France Insoumise ont appelé à une mobilisation nationale, et des milliers de personnes étaient descendues dans la rue.
Le lundi 30 juin, BCA était aux portes du Luxembourg, non loin du Sénat pour faire pression aux députés et sénateurs réunis ce jour en Commission Mixte Paritaire (CMP) , et vous raconte, déjà avec nostalgie…
La mobilisation était dense, fleurie, et chargée d’émotions contrastées, dans une atmosphère à la fois joyeuse et grave. Joie de se retrouver, de faire front commun, de partager une colère lucide. Gravité face à l’impasse politique et à l’ampleur des reculs que cette loi incarne. Les prises de parole, puissantes, ont marqué nos esprits – notamment celles de Cancer Colère ! et des paysan·nes de la Confédération – rappelant que derrière les amendements technocratiques, ce sont des vies, des terres et des corps qui sont en jeu. Une mobilisation nécessaire, revigorante, mais non sans un goût amer d’inachevé.



Ces journées de mobilisation et le travail conséquent d’information qui a été fourni sont loin d’avoir été inutiles. Grâce à notre engagement, nous avons fait chuter de 12 points les votes en faveur de la Loi, en interpelant des député.es et en leur faisant entendre raison. La désillusion ne saura éteindre le feu qui recommence à brûler, et c’est dans un élan collectif que l’on renversera un gouvernement à la botte de la FNSEA.
Pour aller plus loin, lisez l’article de Reporterre !