Des modes de production respectueux de l’environnement et de la biodiversité, un prix rémunérateur, ou encore le lien du groupement d’agriculteurs gouverné démocratiquement : voici quelques-unes des garanties du commerce équitable que viennent chercher des agriculteurs français. Est-ce que cela change leur vie ? Comment ? Pour mieux comprendre, des consom’acteurs de FAIRe un monde équitable et Bioconsom’acteurs sont allés à la rencontre de producteurs engagés dans la coopérative Uni Vert en Camargue, première coopérative certifiée Bio Équitable en France. Amandine Laurent, du label, fut heureuse de nous introduire auprès du groupement d’agriculteurs.
Pour Bertrand Feraut, président de la coopérative, « le commerce équitable c’est une évidence. Le commerce équitable lui permet de valoriser sa production de fruits, légumes et aromates bio à un prix minimum fixé au-dessus de ses coûts de production, quel que soit le cours du marché. « Je vis de mon métier et j’en suis fier » déclare Bertrand. En effet, lorsque le revenu de la majorité des producteurs français en filière conventionnelle dépend fortement des subventions apportées par les pouvoirs publics, ces aides ne représentent que 4% des revenus de Bertrand. Chaque personne compte ici : la sécurité apportée par la filière équitable lui permet d’employer une main d’œuvre permanente, de qualité, pour entretenir les parcelles et cultiver des produits de qualité. Le groupement est aujourd’hui le plus grand employeur de la petite commune de Saint-Gilles dans le Gard.
La force des agriculteurs en filière équitable, c’est également celle du groupe, celle de définir ensemble le choix des cultures ou des investissements. La labélisation équitable permet au groupement de producteurs de jouir d’une prime supplémentaire pour soutenir les projets collectifs. Chez Uni Vert, le groupement a choisi collectivement d’investir dans du matériel agricole visant à limiter la pénibilité du travail au quotidien comme des machines électriques moins bruyantes.
Grâce au groupe, les producteurs bénéficient aussi du suivi de techniciens apportant leur expertise dans la conduite agro-écologique des exploitations, l’implantation d’auxiliaires de cultures et l’expérimentation variétale pour améliorer la vie des sols. Ils avancent ensemble afin de choisir des cultures de saison, complémentaires et diversifiées. Les agriculteurs évoluent ainsi dans un système favorisant à la fois le partage d’expériences, mais aussi l’adaptation aux aléas du marché et aux besoins de la terre face au changement climatique.
Bertrand l’affirme : « La valeur sociale ne doit pas être dissociée de la valeur environnementale. Elles vont de pair ». Ainsi pour ces agriculteurs, l’équitable c’est le choix d’une démarche globale. Ce choix impacte leurs vies sur un plan économique et social mais il touche aussi l’environnement avec lequel ils interagissent tous les jours. C’est une réflexion à tous les niveaux depuis la culture de la terre, jusqu’au choix réfléchi du packaging chez le transformateur, en passant par des actions de compostage, le partage de savoir-faire au-delà de la coopérative et à l’étranger, la valorisation des invendus pour favoriser l’accessibilité et le lien local, et la préparation de l’avenir en apportant une aide à l’installation des jeunes agriculteurs.