La crise sanitaire a révélé au grand jour les failles du système capitaliste néo-libéral. Si le premier confinement nous laissait espérer des lendemains de remise en question, force est de constater que les grands ennemis environnementaux et sociaux sont plus forts que jamais. Mais la riposte s’organise et notamment face à la fermeture des commerces dits non-essentiels et à l’approche des fêtes de Noël : nombreux sont les acteurs de la société civile et les politiques qui mettent en avant les alternatives responsables aux grands géants de la distribution.
La fin d’année est propice aux achats : entre le Black Friday et les fêtes de Noël, il est facile de tomber dans une consommation excessive, mais il est préférable de prendre le temps de nous interroger sur nos pratiques de consommation.Le « vendredi noir » (Black Friday) est décrié par les écologistes depuis des années. En effet, cette opération commerciale a des impacts dévastateurs sur l’environnement et sur la société en général. Le Black Friday promet des produits à prix cassés. Si le nouvel ordinateur à la mode peut s’avérer pratique pour mieux vivre son télétravail, cela ne veut pas dire qu’il est indispensable. Résultat ? On est satisfait sur le court terme, mais ce produit n’est pas forcément essentiel à notre activité quotidienne.
De plus, les invendus sont majoritairement détruits car les frais de stockage coûtent chers. Selon un rapport de l’ONU, seuls 20% des appareils électroniques sont recyclés : leur production est une aberration environnementale (consommation d’eau, d’énergie, mines à ciel ouvert…) mais aussi au niveau social (financement de conflits, exploitation des travailleurs…). Ce phénomène ne se restreint pas à l’électronique, il concerne aussi les vêtements, les jouets… Cette opération promotionnelle venue tout droit des Etats-unis incite et favorise donc la surconsommation et la surproduction.
De plus, les grandes plateformes et les grandes marques sont favorisées, du fait de leur forte visibilité, et de leurs moyens de communication.
Lutter contre la surproduction et la surconsommation est indispensable pour une réelle transition écologique et sociale. Cela est d’autant plus vrai en ce contexte pandémique, car les petits commerces sont particulièrement touchés par la crise économique.
Cette crise sanitaire nous apporte malgré tout des solutions. Elle nous rappelle la fragilité des petits commerces, et l’importance de les soutenir en consommant des produits locaux et responsables socialement. Consommer moins mais mieux, c’est l’une des possibilités qui s’offre à nous aujourd’hui.
Amazon, le grand gagnant
Amazon semble être la cible de toutes les attaques en ce deuxième confinement, et pour cause, la crise sanitaire fait son bonheur. Alors que les commerces dits non essentiels étaient fermés, Amazon a pu continuer à vendre sans s’inquiéter. La fortune du directeur général d’Amazon, Jeff Bezos, a largement augmenté au cours de la crise sanitaire. Sa fortune personnelle a atteint 200 milliars de dollars en 2020 !
Amazon se défend en disant qu’il est un allié pour les petits commerces en cette période difficile, car les entreprises européennes représentent 60% des vendeur.se.s.
Cependant, l’association Les Amis de la Terre explique que les entreprises non-européennes sont incitées à s’immatriculer en Europe pour flouter les données.
La fraude à l’impôt est au cœur de la stratégie d’Amazon. En France, elle est actuellement imposée à 0,46% des 8 milliards d’euros de son chiffre d’affaires. 98% des vendeurs auxquels elle a recours ne paient pas de TVA et disparaissent au bout de quelques semaines sans possibilité de les retrouver.
Retrouvez ici l’analyse qui démêle le vrai du faux dans la communication d’Amazon.
Amazon détruit des emplois. Selon une note d’analyse par l’ex secrétaire d’État au Numérique datant de 2019, pour un emploi créé chez Amazon, ce sont 2,2 emplois de proximité qui sont supprimés. En effet, la « productivité élevée », qui n’est évidemment pas synonyme de bonheur au travail, fait qu’un.e salarié.e Amazon « supporte un chiffre d’affaires d’environ 600 000 euros » alors qu’un.e salarié.e d’un commerce de proximité ne supporte qu’un chiffre de « 270 000 euros »
Ajouté à cela, au niveau environnemental, on ne peut nier qu’Amazon est un mauvais élève. Déjà parce que l’entreprise fonctionne via une surproduction et une surconsommation massives, mais aussi parce que l’impact environnemental d’une telle variété de produits est considérable. Et pour couronner le tout, Amazon s’appuie sur sa propre compagnie de fret aérien « Prime air » qui possède plus de 32 avions : objectif livrer toujours plus vite, peu importe les coûts environnementaux.
Pour lutter contre le pouvoir de plus en plus monopolistique d’Amazon, des initiatives se sont lancées comme la pétition #NoëlsansAmazon, qui a justement été victime de trois attaques informatiques depuis sa mise en ligne. Une tribune, « Stop Amazon avant qu’il ne soit trop tard » a également été lancée, pour demander l’instauration d’une taxe exceptionnelle sur le chiffre d’affaire d’Amazon notamment afin de financer l’ensemble des mesures actuelles qui visent à aider les commerces de proximité, afin de préserver l’emploi.
Mais alors comment consommer en cette période de fin d’année ?
Après tous ces constats, force est de constater que nous avons malgré tout été élevé.e.s dans une société de consommation et que nos habitudes sont difficiles à changer, surtout en periode de fête. Noël reste une fête où l’on consomme, et les cadeaux sont un moyen de (se) faire plaisir. Rien ne sert de se culpabiliser, d’autant plus dans cette période qui est déjà difficile mentalement. Mais il reste possible de repenser notre modèle de consommation.
Nous vous proposons des solutions simples pour un Noël plus responsable :
La première est de fabriquer soi-même ses cadeaux. Cela permet de personnaliser toujours plus les cadeaux, et prendre du temps pour fabriquer quelque chose est aussi une manière forte d’indiquer à quelqu’un.e notre attachement. C’est aussi une manière d’occuper nos soirées et de soigner son porte-monnaie. Retrouvez-nos articles sur ce sujet pour vous inspirer dans la démarche.
Vous pouvez aussi privilégier la qualité à la quantité. L’acte de consommation est politique, et d’autant plus dans le contexte actuel. Favoriser les petits commerces et les artisan.nes est un moyen de revendiquer un autre modèle de consommation, mais aussi de les aider à maintenir leur activité. Les petits commerces n’ont pas les mêmes marges de manœuvre sur les prix, alors évidemment, cela peut nous revenir plus cher, On pourrait en profiter pour acheter moins de cadeaux ?
Le localisme n’étant pas la réponse à tous les problèmes, pour un produit qui vient de loin, regardons que les conditions de production soient respectueuses des travailleur.se.s et de l’environnement. Les échanges avec des producteurs étrangers sont aussi importants, pour garder une ouverture d’esprit.
Pour vous inspirer, retrouvez aussi les alternatives qui existent pour soutenir nos commerçant.e.s sur le site ethikdo ou encore soutien-commercants-artisans. Vous pouvez également vous renseigner sur les initiatives prises pour aider les commerçant.e.s et artisan.ne.s près de chez vous, via les sites de vos collectivités territoriales. Enfin, vous pouvez également aller faire un tour sur le site de Dreamact pour vous inspirer.