Tous les yeux sont aujourd’hui, mercredi 06 novembre, tournés vers les élections américaines. Le résultat, que nous redoutions, accompagnera cette puissance mondiale à poursuivre son règne, celui du climato-scepticisme, d’un patriotisme en roue libre, de la folie des grandeurs, d’absence de culture politique, de régression des droits des femmes et des humain·es, et la liste continue…
Alors nous vous proposons une bouffée d’air frais, restons tourné·es vers les États-Unis, mais (re)parlons de Rachel Carson, la célèbre lanceuse d’alerte.
Au début des années 1960, alors que les mouvements politiques contestataires commencent à bouillonner aux États-Unis, une scientifique, Rachel Carson (1907-1964), alerte le pays sur les dangers d’une industrie chimique toute-puissante. Dans « Printemps silencieux », cette biologiste marine, déjà réputée pour ses ouvrages de vulgarisation sur le monde du silence et la pollution environnementale, décrit les dégâts des pesticides agricoles. Elle parle en premier lieu du redoutable DDT qui est à l’époque en vente libre dans le pays, et de ses effets néfastes sur les populations d’oiseaux, mais aussi, par ricochet, sur l’espèce humaine. « C’est un livre sur la guerre de l’homme contre la nature ; et comme l’homme fait partie de la nature, c’est fatalement aussi un livre sur la guerre de l’homme contre lui-même », écrit-elle, dénonçant l’idée arrogante d’une nature dominée grâce aux progrès techniques.
Jamais l’importance cruciale de la protection de l’environnement pour la survie humaine n’avait été présentée aussi clairement au grand public. Best-seller de l’année 1962, « Printemps silencieux » contribuera à convaincre le président Kennedy d’interdire le DDT, puis inspirera la création de l’Agence américaine de protection de l’environnement, tout en semant dans bien des têtes les graines de l’écologie.
Une lanceuse d’alerte, mère de l’écologie moderne
Volontaire, charismatique et courageuse, Rachel Carson apparaît comme l’une des grandes lanceuses d’alerte de son temps et comme la « mère » de l’écologie moderne. Si elle a su à ce point toucher le public, c’est aussi grâce à l’élégance de son écriture, poétique et généreuse, reflétant sa vision holistique (les humains font partie d’un ensemble) de notre place au sein du monde vivant et son constant émerveillement face à sa beauté. Dans ce documentaire retraçant la genèse d’un ouvrage aujourd’hui encore considéré comme une référence théorique, Tamara Erde fait longuement entendre la voix de cette éveilleuse de consciences. La réalisatrice entremêle des extraits des livres et lettres de Rachel Carson, lus par Sandrine Bonnaire, et des témoignages d’intervenants entrant en résonance avec son travail : Irène Frachon, qui a mis en lumière les dangers du Mediator, l’auteur italien Paolo Cognetti, ou encore Martha Freeman, qui consacra un livre (Always, Rachel) à la correspondance intime qu’entretint la pionnière de l’écologie avec sa grand-mère Dorothy.