Portraits de Bruno Grelier et D’Emmanuel Marchand, paysans bio en Charente maritime

Dans le cadre la journée du patrimoine agricole bio et équitable, dimanche 14 mai, nous avons pu interroger Bruno Grelier et Emmanuel Marchand sur ferme du Mont d’Or.

Emmanuel Marchand, Ferme du Mont d’Or

Emmanuel Marchand est paysan bio depuis 2010 sur la Ferme du Mont d’Or, ferme organisatrice de la journée du patrimoine agricole bio et équitable en Charente Maritime. Tournée vers une « alimentation humaine à 100% », la ferme produit des céréales, de la bière, de la farine et des légumineuses. La commercialisation passe en grande partie par la CORAB (coopérative de producteurs bio) pensée comme le « prolongement direct de la ferme ». Dimanche 14 mai, près de 300 personnes font le déplacement. Au menu :

  • Des ateliers (découverte des abeilles, découverte des oiseaux, atelier cuisine, atelier terre-paille, semis pour les petits, animations sur les stands, notamment avec Bio Consom’acteurs)
  • Des visites : visite des jardins d’Arozoaar
  • Des découvertes : « Histoires et utopie » de la ferme du Mont d’Or
  • Une quinzaine de stands d’associations et de producteurs-trices
  • Parcours, expositions, films, crêpes, galettes, buvette…

  • Pourquoi avez-vous choisi de cultiver en bio ET équitable ?

L’engagement « en bio » n’était pas négociable. Sur l’équitable, il y a une cohérence avec la mise en œuvre des engagements portés par la bio. Le commerce équitable nord-nord est une traduction du sens premier de l’éthique et des valeurs portées par la bio à ses origines.

  • Avez-vous été impacté par une baisse des ventes à votre échelle ?

Après une forte augmentation des ventes lors du COVID, ça a baissé très vite ensuite. Résultat : chute drastique des ventes

  • Connaissez-vous les causes de cette baisse ?

Mon ressenti : la baisse du pouvoir d’achat amène les consommateurs à se recentrer sur les bases. Il y a également la question des achats en drive. Après avoir fonctionné lors du COVID, ce fonctionnement d’achat a perduré, alors que les fermes sont peu connectées.

  • Vous sentez-vous soutenu par les consommateurs-rices ?

Soutenus oui ! En particulier lors d’une journée comme celle-ci, on voit qu’il y a un public plutôt bienveillant. Il y a également un public opportuniste, plus volatile.

  • Vous sentez-vous soutenu ? (par l’Etat ? La région ?)

Par la région, en partie oui grâce à la préservation des aides au maintien en agriculture biologique.
Par l’état beaucoup moins ! On sent le poids et la force des lobbies agro-industriels dans les choix politiques et économiques : valorisation de HVE au détriment de la bio, politique défavorable etc…

  • Avez-vous un message à faire passer ?

A l’image d’une journée comme aujourd’hui, venez sur les fermes ! venez rencontrer les paysans, faites des ponts, faites des partenariats ! J’ai le sentiment que les producteurs ont moins d’espaces dans les AMAP, il faut retrouver des consom’acteurs. Il faut sortir de la communication qui envahit l’espace au profit du lien.
Des journées comme ça, c’est aussi des associations militantes, des naturalistes, des ateliers. Il faut croiser les acteurs ! L’avenir, c’est la synergie. Il faut aller au delà des marchés de producteurs.
J’incite les consommateurs à s’organiser pour être structurés (magasins associatifs par exemple).

 

Bruno Grelier, Co-président du GAB17 et paysan bio

Bruno Grelier co-président du GAB17, relai local de Bio Consom’acteurs en Charente Maritime présent lors de cette journée du patrimoine agricole bio et équitable. Il est passé en bio en avril 2017 et il produit des céréales d’hiver, de printemps, des légumineuses, du tournesol, du maïs, des haricots… Il Commercialise ses productions via la CORAB (coopérative de producteurs bio)

  • Pourquoi avez-vous choisi de cultiver en bio ET équitable ? Depuis quand ?

Avant de passer en bio, ce fut une réflexion d’une dizaine d’années. Un questionnement sur la qualité des produits et sur la résolution des problèmes : en conventionnel, pour être efficace, on change de produits au bout de 3 ans… Les produits me rendaient malade et je m’ennuyais car en conventionnel un problème = une solution. En bio on évite les problèmes et les techniques sont plus intéressantes.

  • Avez-vous été impacté par une baisse des ventes à votre échelle ?

Les prix sont fragiles mais je suis peu impacté notamment grâce à ma commercialisation via la CORAB. Il y a eu une tension sur le blé mais pas de problèmes de débouchés pour le reste.

  • Vous sentez-vous soutenu par les consommateurs-rices ?

Oui ! Quand on rencontre du monde, le soutien s’affiche facilement : « c’est bien ce que tu fais ! ». Achètent-ils des produits bio pour autant ? Il y a parfois un problème de cohérence. Est-ce lié aux finances ? Si on compare les prix en conventionnel et en bio notamment sur le vrac vis-à-vis des emballages, on peut s’en sortir. Le problème c’est que ça prend du temps ! Il faudrait que l’état lui-même fasse la communication.

  • Vous sentez-vous soutenu ? (par l’Etat ? La région ?)

Non ! Plus par la région qui a préservé les aides au maintien en agriculture biologique. L’État, bien sûr que non : manque de communication, manque de moyens. Il ne veut pas du développement de la bio. Pour développer HVE ils ont été beaucoup plus actifs alors qu’il y a tromperie !

  • Avez-vous un message à faire passer ?

Parlez-en ! Comparez les prix, organisez-vous, adhérez à des associations ! L’agriculture biologique fait vivre les gens plus localement et contribue à maintenir et à recréer des paysages.

 

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