La finale du concours d’éloquence à destination des étudiant.es a eu lieu le 30 septembre 2024 à la Sorbonne. Huit finalistes ont pu s’exprimer pour porter haut et fort leurs visions de l’agriculture et de l’alimentation de demain, et ce devant un panel d’expert.es. Le thème du concours : « Manger aujourd’hui, nourrir demain. Défends ta vision d’une agriculture et d’une alimentation durables. »
Alexandre Berny, troisième grand gagnant du concours, a accepté de répondre à nos questions et de revenir sur cette expérience.
Pourquoi as-tu décidé de t’inscrire à ce concours ? Quelles étaient tes attentes ?
Au départ, c’était avant tout par curiosité. En voyant l’annonce du concours d’éloquence sur le site de la fac, j’ai eu envie de tenter l’expérience et de découvrir un univers qui me semblait habituellement inaccessible. Je ne me considère pas comme quelqu’un de très éloquent, mais l’idée de sortir de ma zone de confort et de relever ce défi m’a attiré. J’avais entendu parler de ce type de concours sans vraiment savoir en quoi cela consistait, ni si j’étais capable d’y participer.
Savoir parler est une chose, mais savoir s’exprimer avec clarté et conviction en est une autre. Je n’y connaissais absolument rien et je doutais de mes capacités, mais j’ai vu cela comme un challenge stimulant.
Qu’as-tu pensé de cette thématique ? Ce concours d’éloquence a-t-il répondu à tes attentes ?
Le thème m’a tout de suite interpellé, car je viens du monde agricole : j’y ai travaillé et je connais bien cet univers. Cela m’a à la fois rassuré et motivé, car je savais que j’avais des connaissances sur le sujet. Toutefois, je me demandais comment ce domaine allait être abordé dans un concours d’éloquence, une perspective que je n’avais encore jamais envisagée.
Avant de reprendre mes études en histoire, j’ai suivi un bac pro production horticole puis un BTSA production horticole, le tout en alternance pendant cinq ans. J’ai travaillé dans une entreprise spécialisée dans les rosiers et j’ai aussi eu une expérience dans la viticulture. J’ai ainsi acquis des connaissances à la fois théoriques et pratiques.
À travers ce concours, j’avais envie de parler de la réalité du terrain, de montrer l’écart entre la théorie et les conditions concrètes du monde agricole. Je voulais aussi rencontrer des professionnels, partager ma vision de l’avenir de l’agriculture et échanger sur ces enjeux essentiels.
As-tu pu exprimer tout ce que tu voulais dire ?
J’avais beaucoup de choses à dire et je tenais à partager la réalité du monde agricole à travers le regard d’un agriculteur. Je voulais insister sur l’importance des choix des consommateurs : on achète encore des tomates chauffées en serre en hiver, ce qui n’a pas de sens. J’ai essayé de faire passer ce message avec simplicité et réalisme.
J’aurais aimé raconter davantage d’anecdotes personnelles, mais j’ai choisi d’élargir mon discours pour toucher un public plus large. Ce qui me semblait le plus important, c’était d’expliquer la logique derrière notre alimentation : respecter la saisonnalité, acheter des produits locaux, consommer de manière saine et réfléchie.
Je pense que ce manque de logique vient aussi d’un manque de connaissances sur l’agriculture. Personnellement, je suis conscient de l’origine des produits que j’achète parce que c’est mon métier. Mais pour quelqu’un qui n’a jamais été en contact avec le monde agricole, il est facile d’être perdu face aux choix alimentaires.
Qu’est-ce qui préoccupe le plus les étudiant.es quand on parle d’alimentation ?
Le pouvoir d’achat est la principale préoccupation. Ceux qui viennent de la campagne connaissent les conditions de travail difficiles des agriculteurs et sont plus sensibilisés aux réalités de cette profession. En revanche, les étudiants citadins, qui n’ont pas de lien direct avec ce milieu, sont souvent moins conscients des efforts et du travail nécessaires derrière chaque produit.
La précarité étudiante est une autre réalité : beaucoup font ce qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent pour se nourrir correctement.
Recommanderais-tu cette expérience à d’autres étudiant·es ?
À chaque atelier, j’ai vécu des moments de plaisir et d’échange dans une ambiance très bienveillante. Le concours était intense, mais je n’ai aucun regret : j’ai adoré cette expérience !
Si je devais relever un petit point de frustration, ce serait le stress qui m’a parfois empêché d’être pleinement attentif aux discours des autres participants. J’étais tellement concentré sur ma propre prestation que j’ai parfois eu du mal à profiter pleinement des interventions des autres.
Ce concours m’a aussi permis de réévaluer ma propre perception de l’agriculture et du commerce équitable. J’ai constaté que certaines notions, qui me semblaient auparavant abstraites, sont aujourd’hui bien plus concrètes et accessibles. J’ai apprécié pouvoir partager mon regard sur l’avenir de l’agriculture, en m’appuyant sur mon vécu professionnel.
L’éloquence est une compétence essentielle. À l’école, on apprend à lire et à écrire, mais savoir s’exprimer à l’oral est une capacité qui n’est pas assez enseignée, alors qu’elle est fondamentale. Grâce à ce concours, j’ai pu améliorer ma diction et cette expérience me sera précieuse dans mon futur métier, car je souhaite devenir professeur d’histoire.
Merci infiniment pour cette opportunité ! Ce fut une expérience extrêmement enrichissante qui m’a permis de sortir de ma zone de confort, de mieux comprendre l’importance de l’éloquence et de partager un sujet qui me tient à cœur
Le concours d’éloquence et le programme Génération équitable s’inscrivent dans Fair Futur, un programme national d’éducation au commerce équitable des jeunes de moins de 30 ans, il est soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD).
Nous avons organisé ce concours avec Faire un Monde Équitable et Max Havelaar dans le cadre du programme de mobilisation étudiante Génération Équitable.
–> Article sur le concours d’éloquence de Vert le Média https://vert.eco/articles/alexandre-rynel-samantha-et-les-autres-huit-etudiants-lances-dans-un-concours-deloquence-sur-lagriculture-de-demain