Portrait du mois : Julien Kien

Découvrez le portrait de Julien Kien, président de Bio consom’acteurs et enseignant en histoire-géographie dans le Finistère-Sud, en Bretagne.

  • Comment devient-on acteur de sa consommation (ou « consom’acteur ») ? Raconte-nous ton histoire…

Depuis que je suis enfant, j’ai conscience que nous traversons des crises écologiques à répétition. J’ai pris conscience de l’urgence d’agir face à la montagne qu’est le changement global. La consommation a été un de mes leviers d’action, et j’ai vu passer la crise de la vache folle, la crise porcine, le trou dans la couche d’ozone, l’acidification des océans, l’usage de pesticides, les faucheurs et faucheuses de champs à OGM, et maintenant le réchauffement climatique et ses conséquences cataclysmiques…

Adolescent, J’ai pris conscience de l’impact de notre consommation sur notre environnement par une de mes passions sportives qui est la plongée sous-marine. J’ai constaté la pollution humaine dans les fonds marins, les effets ravageurs des algues vertes en Méditerranée. Pour nous, en Bretagne, ce sont les incendies de cet été. Des paysages grandioses où j’aimais me balader, comme les Monts d’Arrée, ou la campagne du Morbihan, ont été décimés par les flammes. Sur nos côtes bretonnes, les activités de l’agriculture intensive ont pour conséquence la prolifération des algues vertes qui défigurent notre littoral. Il suffit d’observer la nature pour mesurer l’impact de notre consommation sur les écosystèmes et pour changer de mode de consommation. Face à l’inaction des acteurs publics et privés qui préfèrent défendre un système capitaliste à bout de souffle, et seule cause de la crise écologique que nous traversons toutes et tous, j’ai choisi de m’engager à mon échelle en tant que « consom’acteur ».

  • Quelles sont tes actualités ?

Depuis juillet 2022, je suis devenu le président de Bio Consom’acteurs. Je milite depuis mon adolescence dans les mouvements lycées, étudiants, antifascistes et antiracistes. Je me suis engagé dans de nombreux mouvements sociaux étudiants, notamment contre le CPE. J’ai participé à la fondation de mouvements citoyens, comme celui des Indignés. Il est important pour moi d’avoir aussi un pied dans la sphère sociale et associative, mais aussi dans la sphère politique. Mes valeurs sont celles de l’antiracisme, de l’écologie, du féminisme, du pacifisme, du fédéralisme et pour une démocratie la plus proche des citoyen-ne-s. J’ai milité dans des partis politiques de gauche. Je suis actuellement militant en Bretagne au sein d’Europe Ecologie-Les Verts. Je suis aussi engagé pour la défense des langues de Bretagne, notamment dans l’école Diwan, où est scolarisé mon enfant. Je suis, en tant qu’enseignant en histoire-géographie, membre de l’Icem, pour faire vivre les méthodes, les valeurs et les principes de la Pédagogie Freinet. Je suis militant chez Sud Education pour défendre une Ecole émancipée de toutes formes de dominations et émancipatrice pour ses élèves et les travailleurs et travailleuses qui la font fonctionner au quotidien.

  • Comment es-tu arrivé au Conseil d’administration de Bio consom’acteurs ?

Je suis arrivé au conseil d’administration de Bio consom’acteurs après avoir accepté une proposition d’un membre de l’équipe de l’association. Il m’a présenté les valeurs et les principes de l’association. J’ai pensé qu’elles correspondaient en de nombreux points avec mes idées et mes combats écologistes. J’avais aussi envie de m’engager à nouveau dans le monde associatif, que j’avais quitté pendant de nombreuses années, pour pouvoir passer mon concours du CAPES et pour fonder ma famille. J’ai donc proposé ma candidature, et j’ai été accepté à rejoindre le conseil d’administration de Bio consom’acteurs en octobre 2021.

  • Quels conseils donnerais-tu à un novice qui veut agir pour une consommation durable et de qualité ?

Je crois qu’une personne doit d’abord observer le monde qui l’entoure. Cela peut paraître naïf, mais c’est comme cela que je détermine quelles sont les domaines dans lesquels je m’engage. Je lui dirais tout d’abord de ne pas se laisser convaincre par un discours culpabilisant et de ne pas se tromper de combat. Le système capitaliste repose sur la consommation. Agir pour une consommation durable et de qualité, c’est d’abord lutter contre le capitalisme, par le monde associatif, politique, culturel… Ensuite, évidemment que nos gestes du quotidien comptent. A titre personnel, ma famille et moi, sommes engagés pour une agriculture bio et locale. Nous sommes adhérents à une Amap. Nous défendons les producteurs bio et locaux. Nous faisons attention à acheter des vêtements de seconde main. Nous pensons nos déplacements autrement, en privilégiant les modalités douces. Maintenant, comme tout le monde, nous faisons ce que nous pouvons. Par exemple, je travaille dans une ville où la gare a été supprimée, malgré le fait que ce soit une grande ville et où la demande de transport public est forte. Je travaille à plus de 50 km de mon domicile, et je dois faire 100 km aller-retour en voiture, pour me rendre dans mon collège. De nombreux salariés sont dans mon cas. Il suffirait de rouvrir les gares pour diminuer notre empreinte carbone. C’est de la responsabilité de la municipalité, du département, de la région et de l’État. Ce sont les collectivités territoriales, l’État et l’Europe, les services publics et le monde de l’entreprise qui doivent impulser une transition, afin d’accompagner les citoyen-nes dans l’urgence qu’est la transition écologique. Ce sont les choix des décideurs politiques, économiques et financiers qui ont de vraies conséquences sur notre environnement et le climat. A titre d’exemple et pour conclure, dans le pays de Lorient où j’habite, l’agglomération presse ses habitants à économiser l’eau. Au mois d’octobre, le Morbihan est encore en crise sécheresse… en Bretagne ! Ce n’est pas qu’en adoptant des gestes écologiques au quotidien que nous économiserons l’eau bretonne, c’est en changeant de modèle agricole par le développement de la Bio, et en réparant les fuites du système public de l’eau que nous préserverons la ressource, la nature et la qualité de vie des habitants ! Il faut changer de logique et de système !

 

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