Dans les coteaux du Lyonnais, par un mardi matin ensoleillé, je suis allée rejoindre Ludo & Mayi, producteurs, maraîchers.
Avant 2008, l’exploitation appartenait aux parents de Ludo ; qui sont, depuis lors retraités.
C’est tout naturellement un « oui » qui est sorti lors de la question « voulez-vous reprendre les terres ? ». 11 hectares de terres, maintenant sous le contrôle d’Ecocert* , en conversion depuis 2009.
Parce que ,pour eux deux ,avec évidence ,c’était vers l’agriculture biologique qu’ils allaient.
Mais pour se mettre en bio, il a fallut changer l’outillage, s’habituer à désherber régulièrement et surtout ne pas utiliser de produits chimiques.
Qu’est ce que vos proches ont pensé quand vous avez parlé d’agriculture bio ?
Les parents et les voisins trouvaient qu’on était fous de se lancer là dedans, que ça allait nous prendre beaucoup trop de temps, qu’il y allait avoir trop de boulot.
Avez-vous reçu des aides pour vous convertir en Bio ?
Nous avons reçu des aides pour la certification Ecocert.*
Nous savons qu’il y d’autres aides mais nous préférons les laisser aux agriculteurs qui en ont plus besoin, et puis quand on veut aboutir quelque part, on est content d’y arriver tout seul.
Quels seraient vos conseils pour de jeunes agriculteurs qui voudraient se lancer en agriculture bio ?
Pour reprendre ou créer une exploitation, il faut écouter les conseils ,emmagasiner beaucoup d’informations, écouter ce que les voisins ont à dire ( leur voisin, qui lui est en agriculture conventionnelle, vient souvent les trouver pour leur dire quand il a une maladie dans ses cultures).
Il faut être courageux et passionné. Quand on est fier de ce qu’on fait , c’est ce qui nous porte.
Il faut aussi apprendre à faire de l’agriculture sa priorité, mettre ses envies de côtés.
Quels sont vos lieux de distribution ?
Nous distribuons dans 4 AMAP (Label et la blette, Les pieds sur terre, Amapopotte et Bistrot à tisser) et sur deux marchés, celui d’Ecully (le samedi de 8h à 13h) et celui de Vourles (tous les soirs de 18H30 à 19H30).
Quand il y a des livraisons à faire, nous nous en chargeons nous-mêmes.
Qu’est ce que vous pensez des AMAP ?
Les amap c’est une énorme sécurité pour les producteurs.
c’est la « voie royale » de vente de produits bio.
Les amapiens sont admirables et solidaires, en plus de leur travail, ils viennent parfois nous aider.
Il y a aussi les woofers ** , ils permettent d’avoir un sacré coup de main, et aussi de faire des rencontres, ils nous racontent leur pays, parfois tellement bien qu’on a l’impression de l’avoir visité, et puis ce sont des gens qui ont les mêmes envies : bien manger et être respectueux de l’environnement.
Est-ce que c’est possible de venir voir votre exploitation ?
A la ferme , il y a des dimanches portes ouvertes pour les AMAPiens et les clients du marché.
Des dimanches de piquenique , de découvertes et de convivialité.
Il y a aussi parfois des chantiers ; l’an dernier, en novembre, 35 personnes sont venues nous aider à rentrer les racines d’endives, pendant que certaines faisaient des tartes aux pommes.
En quoi une association comme la nôtre est intéressante pour vous ?
Les associations comme les Bioconsom’acteurs , nous permettent de continuer à faire notre métier, à sensibiliser les gens et à les amener vers nous.
On pas toujours le temps d’expliquer aux gens l’agriculture bio et ses priorités et propriétés .
Pensez-vous avoir plus de travail que dans une exploitation non-Bio ?
Comparée à une exploitation conventionnelle, c’est certain que nous avons plus de travail.
Avec une surface plus ou moins égale, le frère de Ludo emploie une personne en plus de lui et sa femme. Ici, il y a nous, un salarié, un woofer et 4 saisonniers.
L’entraide est-elle plus importante dans la filière bio ?
L’entraide entre producteurs en bio est la même que celle qu’on retrouve entre chaque producteur.. Ce sont des gens solidaires et enclin au partage.
Pour joindre Ludo & Mayi :
LHOPITAL Ludovic et LABORDE Mayi
28,Chemins des Arravons,
69510 Thurins
Portable : 06 63 43 80 88
Email : labordemayi@yahoo.fr
*Ecocert : http://www.ecocert.fr/
**Woofer :
Le wwoofing (ou woofing), littéralement World Wide opportunities in organic farming est une autre façon de voyager, de vivre des moments d’échanges humains uniques.
Né en Angleterre dans les années 70, le wwoofing repose sur un échange « donnant-donnant ». Le woofer aide bénévolement dans une ferme biologique en échange de quoi il est logé et nourri. Une façon originale de découvrir la culture biologique, de participer à une vie familiale et rurale, d’apprendre une langue étrangère pour lewoofer qui choisit de partir à l’étranger.
Propos recueilli par Maude.