Le soir du 2 avril, Bio Consom’acteurs a organisé une heure d’échanges dans un café parisien lors de la Nuit des Débats initié par la Mairie de Paris.
Ce soir printanier est humide mais des curieux de tous âges sont venus avec enthousiasme au rendez-vous, un café du 10ème arrondissement : la Cantine Fabien. Après un tour de table succinct, les échanges se mettent à fuser rapidement autour de deux questions : pourquoi les produits bio sont-ils plus chers qu’en conventionnel et comment faire pour manger bio sans exploser son budget alimentaire ?
Au fil de la discussion, nous abordons les sujets suivants :
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Les raisons de la différence de prix entre produits bio et conventionnels (en moyenne 30% plus élevé) :
– l’absence de prise en compte des externalités négatives de l’agriculture conventionnelle dans le prix des produits conventionnels: les coûts de dépollution de l’eau (nitrates, pesticides, algues vertes…), les frais de santé dus aux pathologies liées aux pesticides, les émissions de gaz à effet de serre, l’importation de soja, etc.
– un soutien moindre des pouvoirs publics
– des modes de production qui demandent plus de temps, de main-d’oeuvre et d’espace : désherbage mécanique, compost, soins aux animaux, rotation des cultures, jachères, etc.
– des rendements qui sont, sous nos latitudes, légèrement inférieurs en bio qu’en conventionnel
– le coût des contrôles et de la certification quand le produit est labellisé
– le fait qu’il y ait bien moins d’exploitations bio (environ 4% de la surface agricole utile française est en bio), ce qui augmente les prix de la collecte et des livraisons
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Les avantages des produits issus de l’agriculture bio, qui justifient leur prix :
– 60% d’antioxydants en plus dans les fruits et légumes bio et une densité nutritionnelle plus élevée (voir notre infographie Mon alimentation c’est moi)
– plus de fibres dans les céréales semi-complètes et complètes, qu’on peut manger en bio sans craindre les pesticides (dont des résidus se retrouvent dans l’enveloppe des grains de céréales, enveloppe que l’on conserve dans les céréales complètes) (voir notre infographie Mon alimentation c’est moi)
– les très nombreuses externalités positives de l’agriculture biologique* liées au respect des écosystèmes : puits de carbone ; pollinisation de nos espèces cultivées, production d’humus, épuration des eaux, production alimentaire, recyclage des nutriments, mais aussi usage etc. Ces externalités sont difficilement chiffrables, mais des évaluations existent comme l’Évaluation internationale des écosystemes pour le millénaire coordonné par l’ONU entre 2001 et 2005.
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Comment manger bio sans rouler sur l’or (voir notre guide Etudie en bio – qui n’est pas que pour les étudiants):
– manger plus de protéines végétales (légumineuses, céréales, petites graines, noix, légumes) et moins de produits animaux
– se (re)mettre à cuisiner : les aliments qu’on trouve en magasin bio sont bien plus diversifiés (que ce soit en épicerie ou au rayon légumes et fruits) que dans les grandes surfaces, il y a donc beaucoup de découvertes culinaires et gustatives en perspective. Si le temps pour cuisiner manque, préparer de grandes quantités à l’avance et congeler les surplus.
– achetez au maximum en vrac, qui est souvent moins cher qu’un produit emballé : céréales, graines, fruits secs, müesli, biscuits, farines, voire liquides comme les huiles ou le liquide vaisselle !
– tester les circuits courts, où les prix sont souvent pas trop élevés du fait qu’il y ait moins d’intermédiaires : amaps, marchés ou magasins de producteurs…
– …voire les grandes et moyennes surfaces dans un premier temps. Si on a l’habitude d’y faire ses courses, autant privilégier les produits bio par rapport aux autres !
– Certains magasins bio proposent des gammes de produits moins chers que les autres, on les repère facilement dans les rayons car ils sont généralement bien mis en évidence.
– revoir sa façon de consommer, c’est à dire se mettre à manger en conscience. Pour cela, se poser la question, au moment où l’on mange quelque chose, « est-ce-que j’en ai vraiment besoin et cela me fait-il vraiment plaisir ? » La réponse permet de faire le tri entre, d’un côté, les aliments qu’on grignote par réflexe ou habitude mais qui ne sont souvent pas très goûteux ni très rassasiants, donc qu’on a tendance à manger en grosses quantités (biscuits apéro, sandwiches, gâteaux industriels, etc.) ; et de l’autre côté, les aliments riches en goût, en nutriments… mais aussi en sens (soutien d’une agriculture respectueuse des cycles naturels et des gens).
– cultiver un petit potager, même tout petit (jardinières avec des plantes aromatiques, tomates cerises, fraises…)
Cette Nuit des Débats fut pour Bio Consom’acteurs une soirée riche en échanges…à refaire.
-> Pour tout savoir sur les avantages nutritionnels de la bio, partagez notre infographie Mon alimentation, c’est moi !