Festival Alimenterre : une soirée ciné-soupe réussie

A l’occasion du festival de films documentaires Alimenterre, Bio Consom’acteurs a organisé le 21 Novembre 2016 une projection suivie d’un débat avec le spécialiste de la bio Jacques Caplat, au Jardin d’Alice à Montreuil. Ce fut l’occasion d’échanges nourris, aussi bien par un public attentif que par la soupe bio, préparée à partir d’invendus par l’équipe et les bénévoles.
 
Dans le cadre de son projet « La bio pour tous », Bio Consom’acteurs organise régulièrement des événements de sensibilisation à l’alimentation biologique et à la consommation responsable. 
Le festival Alimenterre fut l’occasion de projeter le film 10 Billion, What’s on your plate ? de Valentin Thurn. Après le film, l’ethnologue et agronome spécialiste de la bio Jacques Caplat a brillamment détaillé différent aspects exposés dans le film.
 
10 Billion, What’s on your plate ? explore plusieurs initiatives à travers le monde, ayant toutes un point en commun : trouver des solutions pour l’agriculture et l’alimentation de demain. Du centre de recherche en semences OGM Bayer CropScience en Belgique à une ferme biologique en Allemagne, en passant par un abattoir de volailles en Inde et un laboratoire de recherche sur la viande artificielle aux Pays-Bas, tout les moyens sont bons pour répondre à cette problématique : que mangerons-nous demain ?
 
Nous avons récolté une grande quantité d’invendus alimentaires, ce qui nous a permis de concocter deux marmites de soupe, qui a été distribuée entre la projection et la conférence. Un grand merci à nos deux magasins bio montreuillois partenaires Les Nouveaux Robinsons et Bio c’ Bon !
 
 
 

Au menu 

Tzatziki au concombre et au fenouil – pain bio
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Soupe hivernale
(Navets, carottes, rutabagas, panés et patate douce)
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Soupe  fin de saison estivale
(Tomates, poivrons, carottes, aubergines, oignons et ail)
 
 
 
 
Les premiers arrivés ont découvert l’exposition temporaire du Jardin d’Alice et dégusté l’apéro, autour du poêle et d’une musique acoustique. Deux bénévoles de l’association montreuilloise voisine Terre de Liens étaient présents lors de l’apéro afin de présenter leurs actions pour aider de nouveaux agriculteurs à s’installer.
 
 
Suite à la projection, Jacques Caplat est intervenu pour une conférence où il a pu développer différents sujets exposés dans le film, tout en répondant à nos questions. Voici quelques points de son intervention :
 
  • Nous disposons sur terre d’une surface cultivable suffisante pour produire assez de nourriture et ce sera toujours possible sans défricher un seul hectare supplémentaire, même si nous sommes en 2050 plus de 10 milliards. Cependant, la nourriture est très mal répartie et n’est souvent pas accessible aux plus pauvres. De plus, nos modes de cultures sont loin d’être optimaux. 

Dans le système de production industriel qui domine aujourd’hui en Occident, l’élevage consomme des quantités énormes de cultures, souvent très éloignées des lieux d’élevage, ce qui entraîne des émissions de CO2 pour le transport, auxquelles s’ajoutent les émissions de méthane produites par l’élevage lui-même. La question se pose autrement avec l’élevage à l’herbe, qui valorise des surfaces riches en biodiversité qui ne concurrencent pas l’alimentation humaine. De plus, l’apport protéique en fonction de la surface utilisée est beaucoup moins élevé dans l’élevage, ce qui pose le problème de l’allocation des ressources alimentaires, car pour produire une 1 protéine animale, il faut 7 à 10 protéines végétales. Lorsque l’on consomme de la viande ou du lait, les choisir impérativement issus d’élevages à l’herbe (bovins, ovins, caprins) ou en plein-air (porcs, volailles)

Il est donc nécessaire d’adapter nos modes d’alimentation : réduire notre consommation de protéines d’origine animale et opter pour d’avantage de protéines végétales (apportées par les légumineuses).
 
  • Le film expose des nouveaux modes de cultures, notamment la production hors-sol dans une usine japonaise entièrement fermée et automatisée.

Cette méthode de production est-elle réellement une méthode d’avenir ? Clairement non, selon Jacques Caplat. Le soleil et nos hectares de terre forment un couple largement suffisant pour nourrir l’humanité, pourquoi chercher à remplacer le soleil par des néons, pourquoi créer de multiples étages alors que nous pouvons cultiver à même le sol ? Ce type d’innovation est beaucoup trop énergivore ; tant au niveau électrique qu’au niveau matériel. Il est donc encore impossible de raisonner de cette manière pour l’agriculture de demain.

 
 
 
 
 
  • En réponse à une question sur la permaculture, Jacques Caplat nous a dressé un court historique de l’agriculture bio en Europe. La permaculture pourrait être désignée comme la bio poussée à son extrême limite ; le but étant de laisser la nature et les éléments des écosystèmes s’associer entre eux avec le moins d’apport extérieur. L’agriculture biologique, respectueuse de l’environnement, est utilisée depuis des millénaires, notamment en Amérique du sud. Cependant, la bio est apparue très tardivement en Europe, en réaction à l’avènement de l’agrochimie. Rudolf Steiner y a apporté les fondations, lors son enseignement à l’origine de l’agriculture biodynamique, au début des années 1920. 
Un parallèle historique intéressant : la démarche scientifique dite « réductionniste » qui a conduit à l’agriculture conventionnelle basée sur des monocultures et le contrôle chimique est la même qui avait fondé la physique aristotélicienne et newtonienne. Le début du XXe siècle a vu la physique et la médecine connaître une « révolution systémique » qui les a conduit à changer totalement de démarche. Cette nouvelle approche dite « systémique » a débouché sur la relativité et sur la physique quantique… et c’est en fait celle que les fondateurs de l’agriculture biologique ont voulu appliquer à l’agriculture. Il est donc nécessaire de favoriser des modes de production qui tendent vers un mécanisme naturel autonome, où tous les éléments sont réunis dans le même milieu. Par exemple, favoriser des plantes répulsives pour les parasites (telles la menthe, le thym…) dans un champ sensible aux pucerons ou encadrer les champs de haies favorisant une biodiversité et le développement d’insectes auxiliaires, qui feront office de prédateurs naturels aux insectes nuisibles.
 
 
 
Suite à ces échanges, les conversations se sont prolongées dans le hall du Jardin d’Alice, autour de quelques verres de bière locale.
 
Un grand merci à Jacques Caplat, à toute l’équipe du Jardin d’Alice ainsi qu’aux bénévoles présents pour l’occasion ! Si vous souhaitez devenir bénévole pour aider Bio Consom’acteurs, n’hésitez pas à nous contacter par mail à contactlabiopourtous@gmail.com ou par téléphone au 09.83.22.55.00.
 
 
On se retrouve dès le mois de janvier pour de nouveaux événements. Vous pouvez vous inscrire dès maintenant pour notre atelier création de bougies et discussion/débat sur le thème de la disparition des abeilles. Ouvert à tous, le 11 Janvier à Montreuil (lien de l’événement).
 
Suivez-nous sur facebook : facebook.com/bioconsomacteurs
 
A bientôt !
 
 
Quelques liens pour en savoir plus sur le festival Alimenterre (organisé par le Comité Français pour la Solidarité Internationale) et sur le Jardin d’Alice :
 
 
 
La soupe est bientot prête !
 
Les artistes sont déjà là ! En premier plan : notre stand avec la malette Ludobio et nos différents supports pédagogiques autour de la bio
Présentation de l’association Bio Consom’acteurs par Diana et Dorian avant la projection du film
 
Une ambiance conviviale au Jardin d’Alice
 

 

 

Dorian Flipo, le 15/12/2016

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