Retrouvez l’édito de Julien Kien, président de l’association. : « le système doit être changé et nous devons accompagner ce changement. »
Depuis ma ville de Lanester en Bretagne, j’ai été stupéfait par un été à l’image de ce que nous réservent les conséquences du changement climatique : extrême.
Les sécheresses, les incendies spectaculaires, puis les inondations, traversent la planète rendant palpable le monde de demain. Les experts du GIEC s’avouent même dépassés par l’accélération des phénomènes anticipés dans leur dernier rapport d’avril. Ces phénomènes ne sont plus des récits de régions éloignées, mais se déroulent maintenant, même dans des régions françaises, que nous pensions pour l’instant épargnées comme la mienne. Soit disant, il pleut tout le temps en Bretagne. Pas cette année.
La Bretagne réputée pour son vert et son climat océanique est victime de l‘agro-industrie et du changement climatique
La Bretagne a été bouleversée par les conséquences du changement climatique, notamment par des feux de forêts incessants dans le Morbihan. Les mythiques forêts de Brocéliande et les landes des Mont d’Arrée ont été touchés violemment par les flammes d’incendies difficiles à maîtriser. La sécheresse a été très rude au point que les quatre départements bretons ont été mis au seuil d’alerte maximum de la crise sécheresse. En octobre, on parle de restriction d’eau dans les Côtes d’Armor. La faute à qui ? Aux activités de l’agrobusiness.
A cette situation inédite s’est rajoutée, comme souvent maintenant, en direct des côtes, des baies et des cours d’eau, l’apparition massive d’algues vertes. On dit une nouvelle fois merci aux élevages intensifs, co-responsables de la situation catastrophique que nous connaissons, et principaux responsables de l’apparition de ces algues. On ne peut que vous conseiller de lire l’immense travail réalisé avec la bande dessinée « Algues vertes, l’histoire interdite » d’Inès Leraud et de Pierre Van Hove sur ce phénomène qui marque le littoral breton. A ces plaies partagées avec d’autres régions, l’effondrement de la biodiversité, la disparition des prairies et le poids de l’agro-industrie dans la qualité des sols, de l’air et de l’environnement font rage. Un tableau bien éloigné de l’imaginaire véhiculé par ces lieux touristiques. Alors que la Bretagne est une terre de résistance ayant eu le courage d’empêcher un ensemble de grands projets inutiles ou dangereux sur son territoire, nous avons perdu plusieurs batailles déterminantes pour notre avenir face au poids économique et politique du système agro-industriel dominant.
Rien ne change, rien ne se transforme
La Bretagne est à l’image du reste de la France ou du monde, et les maux que nous connaissons, devienne la norme de demain. Le système agro-industriel est l’un principaux responsables. Malgré les signes du changement et les alertes répétées du GIEC et des associations, le cap ne change pas, on continue comme avant, voire on accélère. Rien ne semble pouvoir faire changer de paradigme nos élus et les acteurs l’agro-industrie. Leurs agissements sont très bien illustrés par la scène déjà culte du film Don’t Look Up. Pendant que nos pompiers luttaient contre les incendies, l’extension d’une méga porcherie sortait de terre dans le nord Finistère à Landunvez, avec l’accord de la Préfecture, donc d’un Etat récemment condamné pour inaction climatique. Honte à eux ! Tout cela ne se limite pas bien évidemment au pays breton. L’ensemble de notre territoire national est concerné et certaines régions ont connu un sort encore plus terrible, comme en Méditerranée, dans l’Est ou en Gironde.
Le changement doit être collectif et non simplement individuel
Le monde brûle, la biodiversité s’effondre, les océans s’asphyxient et nous en sommes encore à nous demander s’il faut utiliser des pailles en plastique ou non. La communication publique va dans le sens de la culpabilisation individuelle et des « écogestes », alors que 70% des GES sont émis par une centaine d’entreprises dans le monde. La question n’est pas de savoir s’il faut agir radicalement, mais comment nous pouvons agir, au regard de l’inertie volontaire des politiques et des entreprises.
Bio Consom’acteurs s’engage pour le changement
Notre dernière Assemblée générale a décidé de porter un projet ambitieux au sein d’un conseil d’administration renouvelé.
Nous portons un projet collectif, social, écologique et émancipateur qui a pour but de défendre une alimentation, une agriculture et des modes de consommation durables, soutenables, solidaires, écologiques et équitables pour toutes et tous.
Nous participons pleinement aux mouvements qui y contribuent et soutenons les valeurs d’une bio paysanne, équitable, solidaire, juste, accessible et émancipatrice.
L’urgence que nous connaissons nécessite une forme de radicalité assumée ne tombant pas dans le piège de la « transition », de la « croissance verte » ni des « éco-gestes individuels », stigmates de la rhétorique du mythe d’un « capitalisme responsable ».
Le système doit être changé, et nous devons accompagner ce changement. Il est trop tard pour éviter la crise climatique, l’effondrement de la biodiversité, la désertification des sols et leurs conséquences, mais des solutions existent et peuvent limiter les effets sur les plus précaires et sur la planète. Il est encore possible d’agir, en contribuant activement au changement de nos modes de production et de consommation, d’agir en créant du lien, en participant à la création de réseaux, et en créant les conditions d’autres mondes avec les plus jeunes. Nous appelons nos concitoyen-ne-s à faire de même, de nous rejoindre en tant (re)devenant adhérent à Bio consom’acteurs et au sein des Collectif Nourrir, Collectif pour une transition citoyenne (CTC), ou Commerce équitable France, dont nous sommes membres et partie prenante.
Notre champ d’actions est aussi bien social, sociétal, pédagogique, qu’éducatif. Dans les prochains mois, nous travaillerons collectivement à repenser l’orientation et le positionnement de Bio consom’acteurs face aux défis immenses qui sont face à nous. Les membres du Conseil d’administration vont être invités à se remuer leurs méninges le temps d’un week-end, en participant à un séminaire stratégique, afin d’apporter de nouvelles perspectives à l’action collective.
Notre équipe salariée composée de notre Directrice générale, Julie Potier, de notre chargé de développement et pédagogie, Julien Lucy, se renforce aussi avec l’arrivée de Marion Delnondedieu, chargée de sensibilisation et mobilisation. Nous lui souhaitons la bienvenue et espérons qu’elle s’épanouira dans son nouveau poste.
C’est en faisant société que nous parviendrons à trouver des solutions ! Pour agir, nous avons besoin de fédérer nos énergies : il est grand temps de nous rejoindre !
Biologiquement,
Julien KIEN, président de Bio consom’acteurs.