Vers l’élimination des microplastiques dans les cosmétiques ?

L’industrie cosmétique, qui influence nos habitudes de soin quotidien, se trouve au cœur d’une problématique environnementale souvent méconnue : les microplastiques. Selon l’Association Slow Cosmétique, près de 80% des produits de beauté contiennent des matières plastiques dans leurs formules, contribuant ainsi à la pollution plastique dans notre environnement.

 

La présence discrète des microplastiques

Les microplastiques ne se limitent pas aux emballages et accessoires en plastique, ils s’infiltrent également discrètement dans les formules des cosmétiques conventionnels. Silicones, polymères, nylons, et autres dérivés plastiques peuvent être présents sous forme solide ou liquide, souvent sous forme de micro ou de nanoparticules. Cette infiltration concerne environ 80% du marché européen des cosmétiques, créant une problématique étendue et souvent ignorée.
Ces particules, résultat de la dégradation d’objets en plastique, de fibres synthétiques ou même de produits cosmétiques, sont délibérément ajoutées aux formules par les industriels de l’hygiène-beauté. Outre leur faible coût économique, les dérivés plastiques confèrent aux produits une sensorialité accrue, améliorant la texture, le toucher, et l’efficacité des produits. Cependant, leur utilisation massive, combinée à leur rinçage quotidien dans les égouts, génère des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé humaine.

 

Conséquences environnementales et sanitaires

L’impact des microplastiques sur l’environnement est considérable, contribuant à la pollution des cours d’eau et des océans. La faune marine en pâtit, ingérant ces particules qui peuvent provoquer des effets délétères et se retrouver dans la chaîne alimentaire, affectant également la santé humaine. Des études indiquent que certaines de ces particules peuvent être présentes dans le corps humain, soulignant les risques potentiels à long terme.

Régulations française et européenne

Des réglementations ont été mises en place, notamment en France avec l’interdiction des microbilles de plastique dans les cosmétiques rincés depuis janvier.
Le 26 avril, le comité Reach, chargé d’évaluer les risques des substances chimiques, a voté en faveur de l’interdiction des microplastiques « ajoutés intentionnellement » dans les cosmétiques et d’autres produits, marquant une étape importante dans la lutte contre la pollution plastique. La Commission européenne estime que cette restriction pourrait prévenir le rejet d’environ un demi-million de tonnes de microplastiques dans l’environnement au cours des vingt prochaines années. Cette décision, saluée par des ONG environnementales telles que l’Alliance Rethink Plastic, sera définitivement adoptée après un examen par le Parlement européen et le Conseil.
Malgré cette avancée, les produits de maquillage pourraient continuer à contenir des microplastiques jusqu’à douze ans après l’adoption de la restriction. L’Alliance Rethink Plastic, bien que satisfaite de la décision, demande une mise en œuvre plus rapide, soulignant les risques continus pour la santé des consommateur·rices pendant cette période. Pendant ces douze années, les microparticules de plastique resteraient en contact direct avec la peau et les muqueuses, et seraient rejetées dans les eaux, mettant en évidence la nécessité d’une action plus immédiate.

 

L’industrie cosmétique résiste au changement

Malgré la disponibilité d’alternatives moins polluantes, de nombreuses grandes entreprises de cosmétiques continuent d’intégrer des polymères dans leurs produits. Ces choix sont souvent motivés par des considérations économiques, les plastiques étant moins chers et plus faciles à travailler que les produits dits naturels. Certains acteurs du secteur, tels que Weleda, Léa Nature, ou Beauty Kitchen, ont déjà choisi de renoncer aux microplastiques, soulignant l’importance de la recherche et du développement indépendants de l’industrie des microplastiques.

Repérer les microplastiques dans les ingrédients

Identifier les microplastiques au sein des listes d’ingrédients peut être délicat, mais l’Association Slow Cosmétique propose quelques mots-clés pour les repérer. Les polymères, poly-éthylènes, poly-propylènes, PEG, PPG, silicones, et terminaisons en -vinyl ou -cellulose sont autant d’indices révélateurs. Une vigilance accrue sur ces éléments permet aux consommateur·rices de faire des choix éclairés lors de l’achat de produits cosmétiques.

L’Association Slow Cosmétique

Depuis 2012, l’Association Slow Cosmétique dénonce la présence omniprésente des matières plastiques en cosmétique conventionnelle. Le mouvement encourage les consommateurs à privilégier des produits exempts de microplastiques, de polymères, de silicones dérivés de la pétrochimie, et d’autres dérivés plastiques. En suivant les recommandations du label Slow Cosmétique, les consommateurs peuvent faire des choix éclairés en faveur de produits respectueux de l’environnement et de la santé.
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Conclusion

Bien que la régulation européenne marque une avancée significative dans la réduction des microplastiques dans les cosmétiques, les défis persistent. Les consommateur·rices, guidé·es par des indications parfois complexes sur les emballages, restent exposés aux microplastiques pendant de nombreuses années. L’industrie cosmétique, malgré certaines initiatives louables, résiste au changement, mettant en avant l’importance économique des plastiques. Une action collective, impliquant les gouvernements, l’industrie et les consommateur·rices, demeure essentielle pour éliminer progressivement les microplastiques et préserver la santé de la planète et de ses habitant·es.

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