A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, l’association Bio Consom’acteurs a synthétisé les réponses des 3 candidats ayant répondu à sa lettre d’interpellation et le programme des 7 autres sur l’agriculture biologique. Et elle s’est permis de les évaluer.
Eva Joly (Europe Ecologie Les Verts) : admissible
Eva Joly propose « une nouvelle loi d’orientation agricole », pour « inciter les collectivités à atteindre les 20% de leur surface agricole en AB d’ici la fin du quinquennat ». Ce grâce à « l’acquisition foncière publique ou associative ». Elle souhaite atteindre « 100% de bio dans les cantines de nos enfants, pour les crèches et les maternelles d’ici la fin du quinquennat », en établissant des « partenariats avec des producteurs locaux ». Elle veut instaurer des taxes pour les pollueurs, « par exemple sur les nitrates, ainsi qu’une hausse de celle sur les pesticides, tout en utilisant son produit pour aider les agriculteurs à sortir des pesticides en une génération ». Elle promet une «réduction de 50% des pesticides d’ici 2018». La recherche et l’enseignement seront « réorientés dans le sens de l’agroécologie ». Quant aux aides versées par l’Etat aux agriculteurs, Eva Joly souhaite les « conditionner à l’emploi, à l’environnement et à un réel bien-être animal ». Eva Joly déclare qu’elle « modifiera la loi sur les certificats d’obtention végétale ». Elle s’engage en faveur d’un moratoire sur les OGM et à l’abandon de la transgénèse et autres biotechnologies « sauf pour la recherche médicale confinée ». La candidate d’EELV a signé la pétition « Osons la bio ! »
Voir l’intégralité de la réponse d’Eva Joly en ligne.
Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste) : peut mieux faire
Philippe Poutou répond être « en faveur d’une agriculture plus paysanne, plus soucieuse de la préservation de l’outil de production sur le long terme » et qu’il est « logique d’encourager le développement de la bio». Dans son programme, il veut «réorienter la production vers les besoins locaux et régionaux, interdire progressivement l’emploi des engrais et pesticides chimiques et aller vers la généralisation de l’agriculture biologique, interdire les OGM en plein champ et garantir le droit d’accès à la terre pour les petits paysans. »
Voir l’intégralité de la réponse de Philippe Poutou en ligne.
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) : peut mieux faire
Dans sa réponse, NDA voudrait « stopper la spéculation financière sur les matières premières ». Il déclare aussi défendre « une préférence communautaire et un arrêt du verdissement de la PAC», sans préciser ce qu’il entend par « verdissement ». Affirmant soutenir l’«agriculture des petits producteurs », il admet que « la culture bio doit se développer ». Ceci en « améliorant les conditions des agriculteurs qui respectent les éléments naturels » et en « instaurant une fiscalité favorable » aux développeurs de la bio. Notons que ces informations ne figurent pas son programme.
Voir l’intégralité de la réponse de Nicolas Dupont-Aignan en ligne.
AUX ABONNES ABSENTS
Ces candidats n’ont pas donné de réponse à notre courrier de revendications. Bio Consom’acteurs a donc épluché leur programme.
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) : admissible
Le candidat du Front de gauche veut créer « un plan de transition écologique de l’agriculture ». Les aides de la PAC «devront favoriser cette transition, l’agriculture paysanne et l’emploi». Il défend une agriculture « sans OGM, autonome en ressources non renouvelables et relocalisée». Pour cela, il va « repenser » les aides publiques, la recherche agronomique, le conseil technique, la politique de crédit et l’enseignement agricole. Jean-Luc Mélenchon promet un « nouveau code des marchés publics », pour « soutenir les filières alternatives labellisées, vivrières, courtes, de proximité, biologiques et reposant sur une juste rémunération ».
François Hollande (Parti socialiste) : médiocre
Le candidat socialiste nous renvoie au programme de son site Internet, où il indique rapidement vouloir « encourager la promotion de nouveaux modèles de production et de l’agriculture biologique » et « donner aux producteurs les moyens de s’organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières face à la grande distribution », comme Nicolas Sarkozy.
Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) : hors-sujet
L’AB est absente du programme de Jacques Cheminade, auquel sa réponse nous renvoie. Il y parle de «créer de nouvelles formations pour les agriculteurs, pour préserver la fertilité des sols usés par l’utilisation excessive de produits chimiques». Ce qu’il nomme « révolution agrobiophysique ».
François Bayrou (Modem) : médiocre
Dans son programme, le candidat centriste met en valeur « une agriculture respectueuse de l’environnement, par une agriculture raisonnée*, par une agriculture biologique avec des circuits de commercialisation courts».
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) : hors-sujet
Aucun élément en faveur du développement de l’AB ne figure dans le programme de Nathalie Arthaud. Celle-ci se soucie de « mettre un terme à la course au profit imposée par la dictature des monopoles ». Mais se « refuse à mettre en cause les OGM ».
Nicolas Sarkozy (Union pour un Mouvement Populaire) : hors-sujet
Rien sur la bio dans le programme du président-candidat, qui souhaite « réduire de 50 % d’ici 2020 la disparition annuelle de terres agricoles», « rendre les agriculteurs plus compétitifs grâce à la baisse de leurs charges » et faire en sorte que les agriculteurs « pèsent dans la négociation de leurs prix face aux distributeurs ».
Marine Le Pen (Front national) : hors-sujet
Rappelons que si elle reconnait dans son programme que les agriculteurs sont les «premières victimes de l’abus des pesticides», la candidate de l’extrême droite avait qualifié la bio de « dictature » dans une interview pour l’AFP (février 2012). Son programme indique qu’elle désire « promouvoir une agriculture raisonnée* », qui « maîtrise les apports chimiques et innovations ayant fait la preuve de leur innocuité ».
*L’agriculture raisonnée consiste à respecter les recommandations d’utilisation indiquées sur les étiquettes des pesticides et autres engrais chimiques.