Les chiffres 2011 de l’Agence bio montrent que les Français continuent de consommer plus de bio. Mais aussi que la production nationale ne suit pas : alors que les décisions du Grenelle étaient de 6% de surface agricole utile en bio en 2012, celle-ci ne représente que 3,4%.
La bio représente un marché de 4 milliards d’euros en 2011, soit 4 fois plus qu’en 2001, d’après les chiffres communiqués par l’agence bio le 14 février dernier. Environ 6 Français sur 10 disent avoir consommé bio sur l’année 2011. Mais seulement 40% des Français consomment bio au moins une fois par mois, alors qu’ils étaient 37% il y a dix ans. Pourquoi une si faible augmentation ? D’après l’Agence bio, la première raison invoquée par 77% des non-acheteurs de bio réside dans son prix, trop élevé par rapport aux produits issus de l’agriculture conventionnelle. Un argument compréhensible, qui était déjà présent de manière équivalente en 2001. Normal : une des raisons de ce prix élevé est l’absence de soutien des politiques publiques à l’agriculture bio. Du coup, la production française bio ne peut suivre la demande.
Si le nombre d’exploitations agricoles a doublé en dix ans, passant de 10 000 à environ 20 000 en 2011, les surfaces en bio ne représentent que 3,4% de la surface agricole utile du pays (SAU), selon l’Agence bio. C’est-à-dire à peine plus que les 3% de SAU en 2010. Selon le groupement d’intérêt public, ce nombre «devrait avoisiner les 3,5% fin 2012». Ce serait bien. Mais au fait, quid des 6% visés par le Grenelle de l’environnement pour 2012? «Le bilan du Grenelle en matière d’agriculture est médiocre», faisait remarquer Bruno Genty président de l’association France Nature Environnement (FNE), au président Sarkozy le 15 février dernier. Euphémisme. «Même si le nombre de conversions en bio continue d’augmenter, son rythme a tendance à ralentir en 2011», observe Anne Haegelin, chargée de mission développement de la bio et conversion à la fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab). Résultat : la bio reste chère pour beaucoup de Français et les importations se poursuivent -d’Italie et d’Espagne, mais aussi de beaucoup plus loin comme l’Equateur ou le Costa Rica . Le nouveau gouvernement français aura donc la responsabilité de prendre de vraies mesures en faveur d’une agriculture durable, basée sur des circuits courts, de proximité et sans pesticides de synthèse. Objectif : 20% de SAU en agriculture biologique en 2020. On part de loin.
Preuve que c’est encore l’agriculture conventionnelle qui continue d’être privilégiée dans notre pays, «l’usage des pesticides, qui devait diminuer de moitié d’ici 2018, a augmenté de 2,6% pour les traitements foliaires et de 7% pour les traitements de semences entre 2008 et 2010», indiquait FNE au président français. Qui n’a pas contesté. Rappelons que lors de ses vœux présentés au monde rural le 17 janvier, Nicolas Sarkozy, flanqué de son ministre de l’agriculture Bruno Le Maire, avait suggéré, une fois n’est pas coutume, que l’environnement, ça commençait à bien faire : «Tout est une question de mesure et nous allons prendre un certain nombre de décisions pour relâcher la pression», déclamait-il aux agriculteurs. Ajoutant qu’il fallait «absolument lever le pied de ce point de vue [l’environnement]». Bref, ce n’est pas avec le candidat Sarkozy que la bio sortira des choux.
La santé, l’éthique et l’environnement, ces raisons majoritaires invoquées par les consommateurs de bio, peuvent être au cœur d’une politique agricole. Ceux qui en sont convaincus peuvent faire entendre leur voix en signant la pétition Osons la bio ! lancée par Bio Consom’acteurs et ses partenaires la Fnab et Terre de Liens. Elle sera présentée aux candidats aux élections au printemps 2012.