Retour sur une belle journée pour les alternatives aux pesticides

Le samedi 25 mars 2017, l’association Bio Consom’acteurs, les groupes locaux de Greenpeace Paris et des bénévoles de Terre de Liens se sont retrouvés dans le jardin de la Maison des Acteurs du Paris durable. Nous avons proposé un grand repas solidaire et des animationss, ainsi qu’une conférence sur le thème d’une agriculture sans pesticides.
 
Cette journée, organisée dans le cadre de la SPAP (Semaine pour les alternatives aux pesticides), fut l’occasion idéale pour organiser un grand repas 100% bio et zéro-gaspi ! Nous avons récupéré une grande quantité d’invendus des magasins bio du 4ème arrondissement parisien, et proposé un atelier cuisine anti-gaspi animé par Valérie Jacquier, diététicienne-nutritionniste et membre du Conseil d’Administration de Bio Consom’acteurs
 
 
Au menu
 
soupe de légumes
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salades printanières
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salade de fruits de saison
 
 
 
 
Pendant la préparation du repas, les bénévoles des groupes locaux de Greenpeace Paris ont sensibilisé les passants, en présence de la pomme Reinette attaquéepar les pesticides, pour les inviter à se joindre aux activités.Le choix de ce fruit comme mascotte n’est pas anodin, car une pomme non bio reçoit 36 traitements chimiques en moyenne !
 
Après la dégustation du repas, ouvert gratuitement à toutes et à tous, les stands d’animation ont permis d’informer les curieux sur notre modèle agricole actuel et sur les moyens d’agir à l’échelle du consommateur. Nous avons aussi organisé des animations pour enfants, grâce à notre mallette de jeux Ludobio, ainsi qu’un atelier de création de cosmétiques maison, bio et 100% naturels.
 
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Afin d’approfondir le sujet des alternatives aux pesticides, nous étions ravis d’accueillir Cédric Baron, paysan Charentais et administrateur du Réseau Semences Paysannes et Yoan Bonnefoy, animateur en agro-écologie pour Terre & Humanisme. Les intervenants ont répondu à toutes nos questions ; nous vous partageons ci-dessous quelques-uns des points traités lors du débat :
 
  • L’importance des semences anciennes
Cedric Baron est un producteur céréalier Charentais, installé depuis1998 et qui aconverti son exploitation enbio en 2009. Il cultive du blé et des légumes secs sur 220 hectares. La majorité des graines qu’il sème sont des graines qu’il récolte. Son champ est en très bonne santé, et cela grâce à ses multiples variétés de populations anciennes (qui se cultivaient au 19ème siècle). Toutes ces variétés ont été sélectionnées pour l’être humain et pour s’adapter au milieu.
Cependant, la quasi-totalité du blé cultivé en France est issue de blés sélectionnés plus tardivement, pour répondre à un critère industriel : pouvoir être adapté aux grosses machineries (broyeurs). En effet, le blé ancien étant très tendre, et il n’est pas compatible avec les meules utilisées. Pour répondre aux exigences de l’industrie, il faut du blé dur. Or, le blé dur, idéal pour les meules, est loin d’être optimal pour le bon fonctionnement de nos intestins. De même, d’autres variétés de céréales ont été sélectionnées pour la production de bio-plastiques. Une grande quantité de céréales que l’on ingère sont donc optimales pour faire du plastique, et non pas pour notre digestion. De même, les variétés utilisés pour les agro-carburants sont les mêmes que celles utilisés pour notre alimentation. 
 
Cédric Baron cultive une multitude de variétés anciennes, introuvables de nos jours dans les catalogues des semenciers. Une de ses variétés provient du conservatoire de l’INRA. Il existe une multitude de population de blés, tout comme il existe une multitude de populations humaines. Par exemple, les variétés de maïs existent en rouge, jaune, jaune et noir, … et pas seulement jaune comme celui qui est le plus commun aujourd’hui.  Ces populations seront replantées telles quelles chaque année, afin de préserver une hétérogénéité. Le problème étant que si nous sélectionnons les plus grands pieds, et que nous replantons seulement ces pieds – méthode utilisée depuis le début 20ème siècle jusqu’à nos jours – on arrive à une lignée épurée, plus faible.
Nous observons le même problème dans le cas du blé hybride : il est possible de le ressemer, mais la seconde génération sera beaucoup moins stable génétiquement et donc plus faible (car les proportions des croisements génétiques prévus en laboratoires ne seront plus respectés). Cédric Baron se contente donc de garder les plus jolis pour la vente, les autres permettront la production des nouvelles semences.
 
Même dans la culture de blé biologique, la majorité des blés cultivés sont issus de variétés modernes. De nos jours, très peu de boulangers font du pain à partir de variétés anciennes.  Or le blé moderne n’est pas idéal d’un point de vue digestion, d’où le développement d’alternatives comme les pains à l’épeautre ou au froment.
 
  • Des engrais qui fragilisent des variétés, déjà fragilisées…
L’ajout excessif d’engrais crée un déséquilibre et fragilise la plante, ce qui oblige l’agriculteur à la « soigner »à l’aide d’intrants chimiques. Les variétés modernessont finalement beaucoup plus sujettes à l’apparition de maladies, car elles sont plus fragiles, et elles subissent donc de nombreux traitements chimiques. Il est nécessaire de redonner de l’importance à la sélection de variétés de semences adaptées au terroir par exemple,afin de garantir une meilleure qualité de la production. 
 
  • La conversion à l’agriculture biologique et le retour de la vie
Trois ans de pratique biologique sont nécessaires avant l’obtention de la certification AB. Cédric Baron met en avant le fait que la nature revient très vite. Les oiseaux sont réapparus dans ses champs au bout de la deuxième année de conversion « et ça chante ! » Il doit cependant toujours interdire à ses enfants de boire l’eau de la rivière, alors que lui-même la buvait à leur âge… 
 
  • Le cas des « mauvaises herbes »
Un autre des grands avantages des variétés anciennes : elles possèdent un système de racine dense et agressif, qui ne laisse pas beaucoup de place aux herbes indésirables. Cependant, Cédric Baron dispose d’outils motorisés qui permettent de retourner légèrement la terre avant de semer afin de permettre aux céréales de se développeravant les mauvaises herbes.
 
  • Attention au terme « agriculture raisonnée »
Une production en agriculture raisonnée consiste à utiliser le minimum de pesticides pour une efficacité « optimale » : pas plus que la limite autorisée en conventionnel, maisil n’existe pas de cahier des charges d’une « agriculture raisonnée »… Or le système conventionnel étant conçu pour fonctionner avec des intrants, si on limite l’ajout d’intrant dans un écosystème qui en est devenu dépendant, ce système ne sera pas « durable » dans le temps.
 
  • L’importance de l’agroforesterie
Cette pratique consiste à planter dans les champs des lignées d’arbres et de bosquets (arbres d’accompagnements). Initialement, cette technique à débuté dans un souci de production industrielle de bois d’œuvre (car tout arbre planté donnera du bois après une cinquantaine d’année, selon les espèces). Cédric Baron pratique l’agroforesterie dans ses cultures, en plantant une rangée d’arbres tous les 27 mètres. Ces espaces de biodiversité font office de refuge pour les auxiliaires de culture (êtres vivants qui se nourrissent des ravageurs). Un champ est ainsi colonisé par des insectes auxiliaires en très peu de temps.
 
 
Yoan Bonnefoy, sortit récemment d’un BTS Agronomie-Production Végétales en grandes cultures, souligne le fait qu’il a avant tout appris à répandre les bons dosages de pesticides dans les champs. Les nouvelles techniques, comme l’agroforesterie, ou le retour aux semences anciennes, n’étaient que très peu présentes dans son programme d’études. (Ndlr : les programmes des BTS Agronomie sont mis en place par le ministère de l’agriculture. Ces programment sont en cours d’évolution positive dans certains BTSA, notamment grâce l’introduction du projet agro-écologique mis en avant par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêtdu gouvernement Hollande).
 
  • Et en permaculture, on cultive comment ?
Yoan Bonnefoy cultive sur 400m2 de terre en pratiquant la permaculture (méthode dont le nom est issu de l’américain Permanent Agriculture). Yoann est autonome pour certains fruits et légumes (salades, blettes, endives, pissenlit, etc..). Il souligne l’importance des semences, mais aussi de la qualité de la terre : par exemple, un gramme d’humus en bonne santé est capable de retenir 15 grammes d’eau. Il pratique pour cela la culture en lasagne, qui consiste à disposer différents couches de matériaux de compostage sous une couche de terreau, afin de planter directement sur une terre plus riche en nutriments. 
 
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En complément, nous vous invitons à parcourir le site de Greenpeace France, qui propose de multiples campagnes engagées pour le respect de l’environnement, mais aussi celui de Générations Futures, qui porte la campagne de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, dont nous sommes partenaires. Il est important de s’informer car les élections présidentielles 2017 arrivent à grands pas !
 
Un grand merci aux magasins bio du 4ème arrondissement parisien (Naturalia Renard et Verrerie, La Vie Claire et Bio c’ Bon renard) et aux Nouveaux Robinsons de Montreuil. 
Un énorme merci aux bénévoles qui nous ont aidé à cette occasion, et à bien d’autres… car sans eux, un tel évènement n’aurait pu, ni être organisé, ni être aussi réussi ! 
Nous remercions aussi Amandine du blog Les yeux en amande, bénévole sur l’atelier de création de cosmétiques naturels et bio, ainsi que tout les bénévoles des groupes locaux de Greenpeace Paris, et de Terre de Liens.
 
Et si vous aussi, vous souhaitez participer lors de nos prochains événements, n’hésitez pas à nous contacter à bioconsomacteurs@gmail.com.
 
Ci-dessous, la journée en images
 
– L’atelier cuisine bio & zéro-gaspi, à partir d’invendus des magasins bio du quartier –
 
Greenpeace se mobilise avec Bio Consom’acteurs pour défendre une agriculture sans pesticides !
 
Atelier fabrications de cosmétiques bio et 100% naturels, sans perturbateurs endocriniens !
 
Pour terminer la journée, Yoan Bonnefoy et Cédric Baron nous en disent plus sur l’agriculture sans pesticides
 
 
 
A très bientôt !
Dorian Flipo, le 10 avril 2017

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