Il y a plusieurs semaines, le collectif Nouveaux Champs a officiellement annoncé la naissance d’un nouveau label appelé « Zéro résidu de pesticides ». Un label qui vient s’ajouter à une multitude d’autres, et qui va sans nul doute brouiller encore plus l’esprit des consommateurs.
Un label à cheval entre deux agricultures ?
Créé par sept maraîchers et arboriculteurs français, le collectif « Nouveaux Champs » a lancé le label « Zéro résidu de pesticides » dans l’optique de répondre à une demande croissante des consommateurs à être rassurés et informés sur la qualité des aliments qu’ils achètent.
Autre objectif : rendre visible des pratiques dites « durables » qui ne sont pas valorisées à travers un quelconque label existant. Interviewé par Reporterre, l’un des membres fondateurs du label, Patrick Larrerre, s’explique : « On a commencé à faire du bio en 2000, sur nos nouvelles fermes, raconte Patrick Larrere, mais même sur les plus anciennes — en agriculture conventionnelle —, on a cherché à avoir des pratiques durables (rotation des cultures, prairies avec des animaux pour fertiliser les sols, etc.). Le problème est qu’on n’avait rien pour valoriser ces produits-là. C’était paradoxal : on prenait un engagement environnemental et social mais on n’avait aucune reconnaissance derrière. C’est pour ça que j’ai contacté Rougeline. ».
Ainsi, comme clairement écrit sur le site officiel du label, l’idée finale est de présenter « LA troisième voie entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. ». Il s’agit donc, en somme, d’un label moins exigeant que celui de la bio sur plusieurs aspects. Par exemple, les fruits et légumes qui poussent sur des substrats nutritifs sont autorisés, alors que les labels bio les interdisent et n’admettent que les cultures en pleine terre. Les fertilisants minéraux et les produits de bio-contrôle sont autorisés. Mais tous les produits chimiques de synthèse sont interdits, comme le glyphosate, ou les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles.
Zéro pesticide, vraiment ?
Mais le détail qui fâche concernant ce label est qu’il est trompeur. Tout d’abord, il ne garantit pas l’absence totale de pesticides sur les produits vendus, mais « pas plus de 0,01 mg de pesticide au kilo ». « C’est écrit sur leur communiqué de presse mais ce qu’on voit en gros, c’est le zéro, affirme François Veillerette à Reporterre. Cela me choque parce que les consommateurs ne vont pas comprendre cette information. On ne parle que des résidus quantifiés, et pas détectés, qui sont potentiellement bien plus importants. En dessous de 10 microgrammes, on ne sait rien. Et les laboratoires indépendants avec lesquels ils travaillent n’ont aucun intérêt à optimiser leurs limites de quantification, ils veulent juste satisfaire leur client. »
Ensuite, là où le bât blesse, c’est qu’on ne peut pas assurer l’absence totale de pesticides, mais seulement l’absence des pesticides recherchés.
Enfin, le problème majeur repose sur le fait que ce label ne prend en compte que la présence de pesticides sur les produits finis, et répond donc exclusivement à une seule demande : celle de la santé des consommateurs. Ainsi, l’épandage de pesticides existe, bien qu’il soit réduit. Le label « Zéro résidu de pesticides » ne prend donc pas en compte les dégâts des pesticides causés sur la santé des producteurs, ni ceux sur l’environnement. Aujourd’hui, en France, 92% des cours d’eau testés contiennent des traces de pesticides et plus de 25 % des pollinisateurs ont disparu au cours des trente dernières années.
Il y a donc urgence !