Le chlordécone, chronique d’un scandale qui en appelle d’autres

90% de la population des Antilles contaminée. Un non-lieu pour la responsabilité de l’État. Un impact sanitaire et social non réparé : les ingrédients sont réunis pour un des plus gros scandales de l’histoire des produits chimiques de synthèse.

 

EN BREF : informations clés

 

QU’EST-CE QUE LE CHLORDÉCONE ?

 

  • Abondamment utilisé entre 1972 et 1993 en Martinique et en Guadeloupe, ce produit est utilisé pour protéger les bananiers, contre un champignon appelé le cercosporiose ou contre le charançon de la banane.
  • Le chlordécone est reconnu comme perturbateur endocrinien, à caractère cancérigène (reconnu en 1979 par l’OMS), mais aussi comme un neurotoxique (il est dangereux pour le système nerveux) et un reprotoxique (il altère la fertilité)
  • Le chlordécone est peu soluble dans l’eau : des quantités importantes de ce produit chimique de synthèse sont transférées dans les océans, alarmant les chercheurs.es vis à vis de l’écotoxicologie et des désastres environnementaux et marins que cela entraîne. Il peut persister dans les sols pendant plusieurs siècles, jusqu’à 700 ans.
  • En moyenne, un 1/4 de la surface agricole des Antilles est contaminée.
  • Le chlordécone s’accumule facilement dans les tissus du corps humain, et dans les écosystèmes, et il peut se transmettre par descendance. 90% des habitants des Antilles sont contaminés !
  • A cela s’ajoute un nouveau problème, lié à l’utilisation de glyphosate. Ce dernier, utilisé comme herbicide depuis les années 1990, provoque une érosion des sols. Il accentue ainsi la libération du chlordécone « emprisonné » dans les sols…
  • Le produit n’a été interdit aux Antilles qu’en 1993, malgré plus de 25 ans d’alertes et d’interdictions dans d’autres pays, et une interdiction en France hexagonale fin 1989 ! Les premières données toxicologiques concernant le chlordécone apparaissent dans les années 60 et il avait été interdit aux Etats-Unis depuis les années 70. Deux dérogations successives, signées sous François Mitterrand par les ministres de l’agriculture de l’époque, Louis Mermaz et Jean-Pierre Soisson, ont permis de laisser utiliser ce produit aux Antilles jusqu’en 1993.
  • En décembre 2021, les cancers de la prostate liés à l’exposition au chlordécone sont enfin reconnus comme maladie professionnelle.

 

ACTUALITES 

 

  • 2006 : un collectif d’associations assigne l’État afin qu’il reconnaisse la mise en danger des habitants et de l’environnement en autorisant ce produit.
  • 2023 : L’assignation de l’État n’aboutit pas. Alors que le tribunal administratif de Paris reconnaît le 27 juin 2022, l’État fautif pour avoir continué la vente de ce produit malgré l’interdiction, un non-lieu est prononcé dans le procès accusant l’État d’empoisonnement.

 

AGIR 

 

DOSSIER :

 

Qu’est-ce que le chlordécone ?

 

   Le chlordécone est un produit chimique de synthèse, communément appelé « pesticide », utilisé comme insecticide. Le produit est utilisé pour lutter contre le charançon de la banane et contre un champignon appelé le cercosporiose, qui attaque les feuilles de bananiers.

 

   Le chlordécone est abondamment utilisé entre 1972 et 1993 en Martinique et en Guadeloupe. Ce produit chimique de synthèse est à l’origine fourni aux agriculteurs antillais par les importateurs de banane. Il est, en majeure partie, fabriqué en France dans l’Aude, puis exporté aux Antilles. Il est disposé autour du pied de bananier, sur un rayon de 30 cm. Son usage limite les pertes occasionnées par le charançon de la banane et le cercosporiose, et ainsi augmente la rentabilité économique des plantations.

   Que ce soit en Guadeloupe ou en Martinique, les deux îles où ce produit a été le plus utilisé, la production et le commerce de bananes représentent une activité importante. 42 % de la production agricole correspond à la plantation de bananes en Martinique. Ce produit aurait permis de développer fortement le commerce international de la banane, ainsi que leurs économies outremarines.

 

Qu’est ce qui pose problème ?

 

 

Scandale environnemental

 

   Le chlordécone possède plusieurs propriétés. Premièrement, c’est un pesticide organo-chloré, c’est à dire qu’il est peu soluble dans l’eau. Cela provoque une accumulation dans les organismes et les écosystèmes, en se transmettant par exemple via les chaînes alimentaires. Il peut aussi se transmettre par descendance et s’accumule facilement dans les tissus. Au fur et à mesure du temps, cela signifie qu’il contamine tous les milieux. Aujourd’hui encore, certains aliments, de type tubercules, ne peuvent être plantés dans les anciens champs de bananes tellement le produit a imprégné les sols et est encore présent. 14 % de la surface agricole utilisée de la Guadeloupe est aujourd’hui contaminée au chlordécone.

 

   C’est ainsi que ce produit a été classé Polluant Organique Persistant par la Convention de Stockholm en 2001. En plus d’être persistant aux dégradations biotiques et abiotiques, et de s’accumuler dans les milieux, la molécule peut se déplacer sur de longues distances. En effet, les deux propriétés précédentes vont lui permettre de parcourir un long chemin, et d’aller contaminer des milieux à des centaines de kilomètres. Des quantités importantes de ce produit chimique de synthèse sont transférées dans les océans, alarmant les chercheurs.es vis à vis de l’écotoxicologie du produit, et des désastres environnementaux et marins que cela entraîne.

 

   Le chlordécone contamine ainsi les sols, les eaux, les animaux, les aliments et les hommes.
Selon certaines études, sa durée de vie dans les sols se situe entre 70 et 107 ans. Pire encore, il peut persister dans les sols pendant plusieurs siècles, jusqu’à 700 ans. Pour se rendre compte, s’il l’on regarde 700 ans en arrière, c’était l’ère du passage de l’horloge hydraulique à l’horloge mécanique… autant dire que c’était il y a bien longtemps.

   La cartographie des contaminations permet aujourd’hui de se rendre compte qu’en moyenne c’est un 1/4 de la surface agricole des îles qui est contaminée. Mais à cela s’ajoute un nouveau problème, suite à l’utilisation de glyphosate. Ce produit, utilisé comme herbicide depuis les années 1990, provoque une érosion des sols. Il accentue ainsi la libération du chlordécone « emprisonné » dans les sols, entraînant une contamination généralisée des écosystèmes.

 

En plus d’avoir des effets toxiques sur l’environnement, le chlordécone affecte aussi la santé humaine.

 

 

Scandale sanitaire

 

   Le chlordécone est co-responsable de nombreuses maladies et cancers (myélome multiple, Parkinson, cancer de la prostate), mais aussi de naissances prématurées ou difficiles. D’après l’étude Santé publique France (2019), 90% des habitants des Antilles sont contaminés au chlordécone (présence du produit dans le sang). Des répercussions sur le corps apparaissent dès 1mg/L de sang.

 

   La contamination au chlordécone s’effectue principalement par voie intestinale (ingérence d’aliments ou d’eau contaminée.s). Les molécules persistent dans les tissus ou dans le foie ; elles peuvent aussi traverser la barrière placentaire chez les femmes enceintes. La demi-vie du produit dans le corps, qui correspond à sa période radioactive, est de 120 à 160 jours après l’ingérence.

 

   L’ensemble des symptômes dû à la contamination au chlordécone sont regroupés sous le nom de « Syndrome du Képone » (nom utilisé pour le chlordécone aux Etats Unis). Il se manifeste par des atteintes neurologiques, comme des troubles de la mémoire, des tremblements, des incoordinations motrices mais aussi de l’hypertrophie du foie, et chez les hommes, par une baisse de la fertilité ou chez les femmes, des naissances prématurées et des impacts sur le développement psychomoteur des enfants[i].

 

 

   Enfin, et surtout, le chlordécone modifie la sécrétion des œstrogènes, ce qui potentialise la probabilité d’avoir un cancer de la prostate. Contrairement aux dires de M. Emmanuel Macron en 2017[ii], des études existent déjà depuis de nombreuses années, qui prouvent l’impact du chlordécone sur le développement de cancers de la prostate. En 2010, c’est l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM), établissement public français, qui affirme le lien entre le chlordécone et le cancer de la prostate. C’est ensuite l’étude Karuprostate[iii], publiée en 2011, qui établit l’effet positif et significatif entre taux de contamination et cancer de la prostate (plus le premier est élevé, plus la probabilité d’avoir un cancer est décuplée). Aux Antilles, on relève le record mondial de cancers de la prostate : le taux d’incidence annuel est de 227 cas sur 100 000 hommes[iv] ; en France hexagonale, il est de 97,7[v] (sources : études des années 2010).

 

Comme vous l’aurez compris, c’est un produit extrêmement nocif, que ce soit pour l’Homme ou l’environnement. Alors pourquoi a-t-on continué à l’utiliser ?

 

 

Scandale social et politique

 

   L’État français réagit à ce problème avec beaucoup trop de lenteur : le produit n’est interdit qu’en 1993, malgré plus de 25 ans d’alertes et d’interdictions dans d’autres pays !

   Les premières données toxicologiques concernant le chlordécone apparaissent en 1960. Des troubles neurologiques, reproducteurs et de gestation sont identifiés et corrélés au produit. On s’en rend compte lorsque les fabricants de ce produit, à Hopewell aux Etats Unis, sont empoisonnés. Il est ensuite interdit aux Etas-Unis dans les années 70, car la molécule est reconnue comme persistante et toxique. Des chercheurs de l’INRAE documentent la pollution due au chlordécone en 1977 et 1980. L’OMS la classe cancérigène « possible » en 1979. Néanmoins, la France interdit l’utilisation et la commercialisation du chlordécone qu’en 1990. Mais cette interdiction ne s’applique qu’en hexagone : les ouvriers agricoles antillais disposent de dérogations spéciales jusqu’en 1993.

 

   Pourquoi la France n’interdit-elle pas le produit plus tôt, autrement que par intérêt économique ? Deux dérogations successives, signées sous François Mitterrand par les ministres de l’agriculture de l’époque, Louis Mermaz et Jean-Pierre Soisson, appelés « députés bananes », sont obtenues par les lobbys industriels, afin « d’écouler les stocks » déjà existants, d’après eux. Une enquête a démontré que durant ces 3 années de nouvelles commandes du produit sont pourtant passées ; en 3 ans, 600 tonnes de chlordécone sont commandées, soit le double de la quantité de chlordécone utilisée durant les 20 années précédentes. 

 

   Une fois l’interdiction instaurée, les sols, l’eau, les corps sont contaminés. Il ne reste qu’à trouver les moyens de dépolluer. Or pour cela, il faudrait que l’État reconnaisse sa responsabilité et l’impact catastrophique du chlordécone.

   Ce n’est qu’en 1999, lorsque l’on doit installer aux Antilles des filtres à charbon actifs dans les robinets des habitations, qu’une faible prise de conscience gouvernementale émerge (cf Pierre Benoît Joly, directeur de l’Ifris et directeur de recherche Inra). L’interdiction de la pêche, pour cause de pollution des milieux aquatiques, ne voit le jour qu’en 2004 ; le premier Plan Chlordécone, ayant pour but d’évaluer la pollution et mettre en place des actions pour la diminuer, qu’en 2008, soit 18 ans après l’interdiction. En décembre 2021, les cancers de la prostate liés à l’exposition au chlordécone sont enfin reconnus comme maladie professionnelle. Les plans Chlordécone se succèdent, mais aujourd’hui encore, nombre d’antillais.es souffrent de ces contaminations. 21,6 % des salariés indiquent être soumis à des pesticides. L’économie locale aussi s’en voie impactée : l’ANSES déconseille de consommer en circuits courts, car les sols sont contaminés (notamment les légumes racines, les aliments issus de la pêche…). Un comble !

 

   Notons également un processus de judiciarisation de la crise, avec l’assignation de l’Etat en justice en 2006, par plusieurs associations antillaises.

   L’assignation de l’État n’aboutit pas. Alors que le tribunal administratif de Paris reconnaît le 27 juin 2022 l’état fautif pour avoir continué la vente de ce produit malgré l’interdiction, un non-lieu est prononcé dans le procès accusant l’Etat d’empoisonnement.

 

   Les magistrats reconnaissent que le chlordécone est nocif, mais ne prononcent qu’une sanction symbolique, ne disposant pas assez de preuves. C’est d’ailleurs le parquet de Paris, qui, considérant les faits prescrits, demande un non-lieu[vi], quelques mois plus tôt. Les juges reconnaissent aux termes de ce procès que ce « dossier judiciaire [traite] d’une pollution d’une telle ampleur, aux effets nuisibles d’autant plus graves et durables sur la santé, la flore, la faune ». Ils se positionnent à l’inverse des mots du Président, qui affirmait en 2019[vii], lors d’une réunion à l’Elysée que ce produit chimique de synthèse n’était pas cancérigène. Ce non-lieu alimente le mépris des populations antillaises envers l’Etat français (ou l’inverse…) et les déshumanise, ne leur reconnaissant pas le droit fondamental à vivre dans un environnement sain et dépollué.

 

 

Faisons appel de la décision de justice en faveur de l’état

 

   Il n’est plus possible de continuer ainsi : il faut agir pour que les populations antillaises soient indemnisées, que les torts de l’État soient officiellement reconnus, que la dépollution des terres, des rivières et des océans se mette en place.

 

Générations Futures souhaite faire appel de la dernière décision de justice. Pour suivre leurs prochaines actions, voici le lien : https://www.generations-futures.fr/actualites/chlordecone-appel/

 

Nous pouvons agir !

Vous pouvez partager l’article à des ami.e.s : il ne faut pas que ce scandale sanitaire, environnemental, social et politique soit oublié. Il faut collectivement demander réparations à l’État.

Une pétition à portée internationale est en cours : https://www.change.org/p/non-%C3%A0-l-impunit%C3%A9-pour-les-empoisonneurs-des-peuples-de-guadeloupe-et-de-martinique?signed=true

Vous pouvez la signer et la relayer autour de vous. Vous pouvez aussi soutenir dans leurs luttes, les associations CRAN, VIVRE et Lyannaj Pou Dépolyé Matinik.

 

 

Tout cela se passe dans un contexte encore aggravé.

L’utilisation depuis 1997 aux Antilles du glyphosate, herbicide systémique créé par Monsanto, provoque un assèchement des sols. En résulte une érosion, qui libère du chlordécone enfouit dans les sols et amplifie les effets dévastateurs du chlordécone.

Pourquoi l’État ferme-t-il les yeux une nouvelle fois sur l’utilisation de ce produit, alors que se produisent les mêmes mécanismes de pollution ?

 

Nous demandons à l’État d’investir sérieusement dans la recherche pour des meilleures techniques de dépollution des sols et des milieux aquatiques, dans la recherche médicale et dans indemnisations de toutes les victimes de ce produits nocifs.

 

 

Pour aller plus loin :

Rapport sur les impacts de l’utilisation de la chlordécone et des pesticides aux Antilles, 2009, OPESCT

https://www.senat.fr/rap/r08-487/r08-487_mono.html

Rapport « La saga du chlordécone aux Antilles françaises Reconstruction chronologique 1968-2008 », INRA, 2010

https://www.anses.fr/fr/system/files/SHS2010etInracol01Ra.pdf

Vidéo de Médiapart sur le chlordécone, suite aux propos d’Emmanuel Macron, 2019

https://www.youtube.com/watch?v=HNMemxTqyj4

Pour comprendre les mécanismes des firmes agrochimiques pour imposer leurs pesticides 

Livre de Stéphane Foucart, Et le monde devint silencieux

 

Sources :

CONSULTES LE 18/12/2022

https://reporterre.net/Chlordecone-l-Etat-francais-reconnu-coupable-de-negligences-fautives

https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/le-plan-chlordecone-iv-2021-2027

https://www.irset.org/fr/etudes-destinees-identifier-les-dangers-et-risques-sanitaires-associes-lexposition-au-chlordecone

https://www.facebook.com/LyannajKontAmpwazonnman/

https://www.youtube.com/watch?v=SukBRYRkmF8

https://www.alternatives-economiques.fr/antilles-malades-chlordecone/00086331

https://www.leparisien.fr/martinique-972/sargasses-chlordecone-la-martinique-se-dote-dun-centre-pour-soigner-les-pathologies-liees-a-lenvironnement-professionnel-07-11-2022-R7BS73SEGJBHPN456YJ7ZPHSWQ.php

https://eu.boell.org/sites/default/files/2022-10/pesticideatlas2022_web_20221010.pdf (pages 40/41)

https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/martinique-une-substance-interdite-utilisee-pour-faire-jaunir-les-bananes-20220826_B6N2ND6MLZGLTIVLSLJZDUDUM4/

CONSULTES LE 02/01/2023

https://www.generations-futures.fr/actualites/chlordecone-glyphosate/

https://www.generations-futures.fr/?s=chlord%C3%A9cone

Muriel Bonin et Cécile Cathelin, « Conversion environnementale de la production bananière

guadeloupéenne : une stratégie politique et économique », Économie rurale [En ligne], 341 | mai-juin 2014

https://www.pourlascience.fr/sd/environnement/la-chlordecone-un-polluant-en-transformation-18857.php

CONSULTES LE 12/01/2023

https://www.mediapart.fr/journal/france/080123/scandale-du-chlordecone-mediapart-publie-l-integralite-de-la-decision-des-juges

https://www-mediapart-fr.proxy.bu.dauphine.fr/journal/ecologie/050123/antilles-la-justice-prononce-un-non-lieu-dans-l-enquete-sur-le-scandale-du-chlordecone

https://www-mediapart-fr.proxy.bu.dauphine.fr/journal/france/090123/chlordecone-aux-antilles-le-non-lieu-judiciaire-alimente-la-defiance-vis-vis-de-l-etat-francais

 

 

 


[ii] « En 2017, le président Emmanuel Macron annonce que l’état prendra sa responsabilité dans le désastre sanitaire à partir du moment où des études prouveront la corrélation entre les cancers de la prostate et le chlordécone. »

[vii] « Il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs. » https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/04/chlordecone-l-elysee-plaide-le-malentendu-apres-la-declaration-polemique-de-macron_5419206_823448.html

 

 

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